CHAPITRE 2 : Bienvenue chez nous.

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Lukas enfonça délicatement le fermoir du collier et l'attacha d'une main experte. Il remit en place les cheveux roux de sa sœur, alors que la fine chaîne en or reposait avec grâce sur sa peau pâle. Hayden se retourna, le remerciant d'un sourire tendre, et redressa son nœud papillon. Ils étaient fins prêts. Aksel les rejoignit finalement et pesta contre sa cravate noire, qui s'entêtait à rester de travers. La rouquine vola aussitôt à son secours. Chaque détail comptait. La jeune femme était stressée à l'idée de commettre une maladresse. Cette année, c'était elle qui avait choisi la cause qu'elle souhaitait défendre à travers les galas de charité. Elle avait opté pour la recherche de la maladie orpheline de Charcot. Sous prétexte que ces pathologies étaient rares et donc, trop peu rentables pour le développement et la commercialisation de médicaments, les industries pharmaceutiques les délaissaient. Or, cette grave maladie neuromusculaire n'avait d'issue que le décès du patient. C'était donc par le biais de dons que les recherches pouvaient timidement se poursuivre.

— Il faut partir si on ne veut pas être en retard, rappela Hayden.

Dans la limousine, Lukas eut des difficultés à masquer son angoisse. Il était revenu depuis une semaine, mais il s'était contenté de rester chez lui. Il avait demandé à ce que son retour reste discret, afin d'éviter les questions et le harcèlement déplacé. Cependant, il ne pouvait se terrer plus longtemps, se cacher n'était pas dans sa nature. Cette soirée était donc celle de son grand retour et ses craintes augmentaient à mesure que la distance se réduisait. Des dizaines de questions se bousculaient dans sa tête. Il se doutait que bon nombre de ses amis seraient présents, mais comment allaient-ils réagir ? Après tout, il n'avait plus aucun contact avec eux depuis deux ans.

Comme si elle avait deviné ses pensées, Hayden lui offrit un sourire encourageant. La limousine ralentit progressivement, jusqu'à s'immobiliser. Aksel lissa sa veste de costume et accrocha à ses lèvres un sourire enjôleur. Des trois, il était celui qui s'amusait le plus lors de ces soirées. Il flattait, charmait, jonglait d'un discours à l'autre. Il aimait être au centre de l'attention et plaire pour s'attirer les faveurs des femmes.

Le châtain sortit le premier, sous les flashs aveuglants des paparazzis, venus dans l'espoir de photographier quelques célébrités. Ils avaient eu la chance d'immortaliser certains chanteurs, ainsi que des acteurs venus pour l'occasion. Cependant, à Los Angeles, certaines vieilles fortunes intéressaient tout autant les lecteurs de ragots et la famille Winchester en faisait partie. Aussitôt, son prénom fusa dans toutes les directions. Ses yeux bleus espiègles inspectèrent rapidement la foule et il tendit une main galante à l'intérieur de la limousine. Hayden sortit de la voiture avec son aide et arrangea sa robe d'un vert émeraude, qui semblait être de la couleur exacte de ses yeux. Elle prit le bras de son frère et offrit un sourire réservé. Son chignon lâche laissait échapper quelques boucles rousses, qu'une légère brise fit voleter. Les plus chanceux eurent un aperçu des effluves de son parfum : un mélange de pêche et de fleurs sauvages.

Lukas inspira dans l'espoir de se donner du courage et quitta enfin son refuge. Dehors, la surprise céda rapidement face à l'excitation et les objectifs se braquèrent sur lui. Le brun eut alors l'impression d'avancer à travers un épais brouillard. Il était aveuglé par les flashs et, les voix inconnues qui criaient son prénom, lui donnaient le vertige. Il se mit alors en pilotage automatique. Il savait ce qu'il avait à faire, ce qu'on attendait de lui. Il compléta le tableau en passant un bras protecteur dans le creux du dos de sa sœur. Flash. Il déposa un baiser sur la tempe de Hayden, léger et fébrile, juste le temps d'un battement de cils. Flash.

Les trois Winchester se désintéressèrent des photographes et pénétrèrent dans l'immeuble. Le grand hall était à la fois moderne et raffiné. Les couleurs claires se mariaient avec les nombreuses touches de verdure. Une fontaine murale offrait aux lieux un côté apaisant. En s'approchant, Lukas remarqua quelques carpes koï dans le bassin où s'écoulait l'eau. Cependant, bien qu'il aurait aimé gagner quelques précieuses secondes, il n'eut pas le loisir de les admirer.

Toucher le ciel [EN RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant