Sexfriends 2

CHAPITRE 81

{PDV de Justin}

Lana me regarde droit dans les yeux en respirant rapidement. Elle ne lâche pas mon regard et j'ai l'impression qu'elle fait une overdose de quelque chose tant elle respire vite. Ses yeux sont grands ouverts, les larmes bordant ceux-ci, et elle reste bloquée à me regarder pendant plusieurs longues secondes. 

Sa respiration est tellement saccadée que je passe ma main sur son cœur pour essayer de comprendre ce qu'il se passe. Mais en même temps, elle est tellement calme que je ne sais absolument pas quoi faire. Je ne sais pas quoi faire. Il se passe quelque chose dans son corps et dans sa tête de si intense que je ne sais pas quoi faire pour gérer ça. 

Elle ouvre sa bouche pour dire quelque chose mais aucun son ne sort. Elle tourne la tête autour d'elle-même comme si elle découvrait juste maintenant qu'elle se trouve en haut d'une grue et elle cligne plusieurs fois des yeux en bégayant à moitié des mots incompréhensibles. Des larmes continuent de couler le long de ses joues. Je la rapproche de mon corps pour la tenir plus fort contre moi puisqu'elle est presque complètement dans le vide. Elle a l'air tellement perdue, putain je ne l'ai jamais vu comme ça. Et de ma vie entière, je crois ne jamais avoir vu une personne autant en détresse que Lana maintenant. 

-Hey, je passe doucement une de mes mains dans ses cheveux et sur sa joue droite pour lui faire tourner lentement le visage vers moi. 

Elle me regarde alors en tremblant, elle retient sa respiration comme pour essayer de se gérer mais c'est un échec, elle tremble plus fort et elle écrase sa main contre son cœur. 

Elle est complètement instable. 

-On va descendre... est-ce que tu m'entends ? Je murmure doucement en gardant ma main sur sa joue. 

Son regard n'est pas vide. D'habitude, quand Lana est mal, son regard est juste vide et triste. Là, il y a pleins d'ombres qui passent dans ses yeux, c'est comme si elle perdait pied, elle est complètement perdue et c'est le bordel dans sa tête. 

-Qu'est-ce que je suis... Elle dit en tremblant et étrangement, sa main gauche s'agrippe à ma veste, comme si elle ne voulait plus tomber. 

-Tu es Lana, je lui assure en soutenant son regard et je la sert contre moi. 

Ses pieds font de petits allers et retours entre le vide et moi et ça m'effraie un peu. Je ne la laisserais pas tomber certes, mais la voir dans cet état de doute intense me pétrifie. 

Elle baisse alors la tête dans le vide et ses yeux s'ouvrent un peu plus grands, ses larmes tombant dans le vide de la nuit. 

-Il y a trop de monde... qu'est-ce que je fais, pourquoi ils restent tous là ? Elle éclate en sanglot en voyant la masse de monde tout en bas qui ont les yeux rivés sur nous. 

J'inspire profondément et je lui relève la tête pour qu'elle me regarde. Il ne faut pas qu'elle regarde en bas. 

-On va descendre, d'accord ? Et tout va bien se passer, je te promets que tout ira bien, je lui dis doucement et ses mains tremblantes agrippent ma veste alors que sa respiration se fait de plus en plus irrégulière. 

-Comment tu peux le savoir ? 

-Je te le jure, ok ? Laisse-moi juste faire.

Je lui explique le plus doucement possible et elle regarde encore dans le vide.

-Ils me regardent tous.

-Tu ne les verras pas, d'accord ? Lana, fais-moi confiance et laisse-moi faire. 

Elle attrape alors la fermeture éclair de ma veste alors que je la tiens pour ne pas qu'elle tombe et elle l'ouvre. Elle passe ses bras autour de ma taille sous ma veste et je sens à quel point elle est gelée. Putain mais ça fait combien de temps qu'elle est là? Elle se colle alors à moi en posant sa tête contre mon cœur et elle se serre contre moi en respirant vite. Et c'est là que je comprends qu'elle essaye de se calmer en passant par moi. Je garde un bras autour d'elle pour m'assurer qu'elle ne bascule pas en arrière, et de l'autre je passe ma main dans ses cheveux. Elle reste comme ça au moins dix minutes. Sa respiration se calme très lentement, mais, elle se calme. Malgré tout, je sens tout de même ses larmes mouiller mon torse à travers mon t-shirt.

-Qu'est-ce qui va se passer quand je serai redescendue, elle s'essouffle presque en me demandant lentement et j'en profite pour la refaire passer par-dessus le rebord de la grue. 

-Tu vas aller mieux. 

-Et si je vais pas mieux ? A quoi ça servira ?

Je lui relève la tête encore une fois pour qu'elle m'entende bien, et je répète:

-Tu vas aller mieux. 

Lana renifle et je lui prends les mains. Doucement, je la tire vers moi pour qu'elle me suive le long de la grue. On s'éloigne du bord et la pression redescend lentement en moi. Je l'aide à aller sur l'échelle et elle commence à descendre avec moi sans rien dire de plus. Bien-sûr, je ne suis pas encore totalement serein. A ses gestes, je comprends tout seul qu'elle est totalement exténuée. Et on est encore à vingts mètres du sol. Je l'aide à descendre et plus on atteint le sol, plus son regard se vide. J'entends les gens parler et même crier quelque fois. D'autres applaudissent carrément. Lana tremble toujours et ses mains sont rouges. 

Lorsqu'on arrive tout en bas, Lana se braque en voyant tout le monde. Elle se retourne d'un coup et elle attrape l'échelle. Elle n'essaye pas de remonter, elle pose juste sa tête contre le fer de la grue et elle essaye de respirer convenablement. Je lui prends alors la main mais ça n'aide pas du tout. En fait, en entendant tous les gens, la police, la camion de pompiers, les applaudissements et les hurlements, elle est juste pétrifiée et sa main lâche la mienne pour se tenir à la grue.

Il est impossible pour moi de faire partir tout ce monde, même si j'essaye. Alors, je m'approche d'elle et je lui demande doucement de se cacher les yeux avec ses mains. Tout simplement. Elle me regarde sans comprendre mais comme je suis sérieux, elle le fait quand même. Elle dépose ses mains sur ses yeux et elle baisse la tête, ses cheveux cachant un peu sa figure. Je la tourne vers la sortie et je mets simplement mes mains sur ses oreilles en couvrant le bruit du mieux que je peux. 

Lana décide visiblement de me faire confiance, au bout de quelques secondes elle se met à avancer avec moi juste derrière elle et je cherche Dylan et Maylis du regard. Un pompier arrive rapidement vers nous en poussant plusieurs personnes et je lui dis que c'est mort pour moi. Je ne lui laisserais pas ma copine dans cet état. Et surtout pas ici. Je continue alors d'avancer et Dylan arrive près de nous. Il regarde Lana rapidement pour voir si elle va bien et quand il comprend qu'il faut faire vite, il me tire vers la voiture. Maylis est totalement en pleurs à côté mais elle monte directement et attrape le volant. Dylan monte devant avec elle tandis que je monte derrière avec Lana. 

Maylis ne cherche pas à comprendre et elle démarre directement. Pendant le trajet, Lana n'a pas retiré ses mains de ses yeux une seule fois. Elle est juste en boule auprès de moi et j'entends toujours sa respiration rapide. 

Dylan se retourne plusieurs fois comme si il voulait parler à Lana mais il n'en fait rien. Il a l'air en panique total et je le rassure comme je peux. Je mets ma veste sur les épaules de Lana et c'est à ce moment-là que je n'entends plus sa respiration irrégulière. 

Et puis, je la vois juste tomber sur moi. Sa respiration est brève et rapide. On l'entend peu mais c'est très rapide. Je passe ma main sur sa joue pour m'assurer que tout va bien et elle n'ouvre pas les yeux. Je prononce son prénom et Dylan se retourne quand je me rends compte qu'elle n'ouvre toujours pas les yeux. Je me mets à lui mettre plusieurs petites claques mais elle n'ouvre pas les yeux. Je la secoue, de plus en plus fort, et elle n'ouvre pas les yeux. 

Elle n'ouvre plus les yeux.

Sa peau est gelée, elle respire à moitié et elle ne se réveille plus. 

C'est à ce moment-là qu'on a tous commencé à paniquer.