Just you, Only you

Tome 3 - Chapitre 20

L'infirmière porte son regard sur le jean de ma femme. Je l'imite et vois que son jean a un peu de sang au niveau de l'entrejambe. Je déglutis. Je sais que ce n'est vraiment pas une bonne nouvelle. 

- Je bipe le gynécologue tout de suite. Posez votre femme sur ce brancard.

Elle me désigne un brancard a quelques mètres de moi. J'y dépose ma femme. Elle s'est endormie. Comment a-t-elle fait pour s'endormir en moins de trente secondes? Ça m'inquiète. Et si elle avait perdu connaissance?

L'infirmière revient vers moi avec un bloc-note.

- Il faut que vous répondiez à quelques questions. Nom de la patiente?

- Hayley Miller.

- Age?

- Vingt-six ans.

- Enceinte de combien de semaines?

- Treize.

- Maladie ou allergie particulière?

- Elle a qu'un ovaire et n'a pas d'allergie.

Soudain, un médecin d'une trentaine d'années apparaît suivi de deux autres jeunes hommes, probablement des internes. Il se tourne vers l'infirmière.

- Je prends le relais.

L'infirmière lui donne le dossier et s'en va. Le médecin le parcourt rapidement des yeux.

- Je suis le docteur Niels. Votre femme a commencé à se plaindre de douleur et à saigner depuis longtemps? 

- Du peu que je sais, c'est la première fois qu'elle se plaint de douleur. Dés qu'elle a eu mal et qu'elle a commencé à saigner, je l'ai emmené. Ça doit faire dix, quinze minutes. 

Il prend le pouls de ma femme. 

- Vous avez réagi vite, c'est bien.

- Oui mais peut-être pas assez. 

- Vous n'aurez rien pu faire de plus. Elle a perdu connaissance à ce que je vois. Je vais l'osculter tout de suite. Allez régler les papiers de prise en charge avec l'infirmière.

Il disparaît aussitôt avec ses internes et le brancard.

J'ai l'impression d'être dans un cauchemar. Je sais qu'il faut que je garde la tête froide et que je sois fort. "Tout va bien se passer", "tout va bien se passer"... Voilà ce que je me répète. J'ai peur mais je dois être fort pour ma femme, pour mon enfant. S'il faut que j'annonce à Hayley qu'elle a perdu le bébé, je vais être anéanti et elle aussi. Mais il faut que je sois son pilier. Au plus profond de moi, je sais que mon bébé est là, encore vivant mais toute cette situation me fait réellement flippée.

- Monsieur?

Je redescends sur Terre et porte mon attention sur l'infirmière.

- Oui?

- Les papiers.

Il faut que j'aille me taper de la paperasse, je sais. Ce pays est vraiment mal foutu. Vous avez beau être en train de vivre quelque chose d'horrible, l'une des premières choses que l'on vous demande c'est vos coordonnées bancaires pour savoir si vous pouvez payer l'hôpital. Votre vie ne tient qu'à ça: à l'argent. Ça me dégoûte.

- J'arrive.

Une heure plus tard, je suis dans la salle d'attente du service gynécologique. 

Je deviens fou. Le médecin ne me dit rien. Vous allez quand même pas me dire qu'il lui faut une heure pour osculter une patiente. J'ai l'impression qu'il ne se rend pas compte d'à quel point ça paraît long pour ceux qui attendent des nouvelles.