Amour Sauvage...

63 : Ah chaud ! C'est trop bouillant de rage pour moi !

Allia

J'ouvris difficilement les yeux et découvris le visage souriant de Lucie au-dessus de moi. Je me redressai tant bien que mal, avec son aide. Elle s'assit ensuite à mes côtés, la mine inquiète et me demanda comment je me sentais.

– Je... je ne sais pas vraiment. C'est étrange.

– Qu'est-ce qu'il s'est passé, Allia ? Tu aurais pu tuer Cameron. Et comme si ça ne suffisait pas, tu t'es mise à hurler à la mort... On s'est beaucoup inquiétés.

Son regard me scrutait, comme à la recherche du moindre signe que je pourrais montrer de fatigue ou de folie. Je soupirai et tentai de me remémorer les événements de ce jour-là. Ça avait été horrible ! Je n'avais plus été moi-même, j'ai été soumise à une force qui me dépassait complètement. Désespérée, je soupirai de dépit en prenant ma tête entre mes mains, cherchant à remettre du mieux que je pouvais mes idées en place.

– J'avais l'impression qu'on me contrôlait de l'intérieur, que quelqu'un avait pris possession de mon corps et de mes pensées. Je voulais... je voulais tellement le voir mort, faible, à ma merci...

Je frissonnai en repensant aux pensées obscures qui m'avaient traversée. Tellement sombres, tellement cruelles. Je ne me reconnaissais pas. La façon dont j'avais parlé à Lucie, dont je m'étais comportée avec Cameron... J'aurais pu le tuer, bon sang ! Sans la moindre pitié, sans la moindre once de remords.

– Lucie... je m'en veux tellement ! Je suis désolée...

– Ne le sois pas, Allia. Ce n'était pas toi.

– Et tout à l'heure...

Je réprimai un sanglot et pris une profonde inspiration avant de continuer.

– Tout à l'heure, je voulais soulager cette pression qui pesait sur moi... j'aurais pu tout détruire en lâchant toute la puissance de mes pouvoirs... Cameron m'a arrêtée. Il m'a appelée et j'ai... répondu ? J'ai répondu, Lucie ! Je n'en pouvais tellement plus que je me suis soumise, Lucie ! Je... je me sens tellement faible.

– Tu ne l'es pas, trancha-t-elle, puis elle me prit dans ses bras et me serra fort entre eux.

- Tu n'es pas faible, Allia. Tu es courageuse, bien plus forte que la plupart des loups ici. Oui tu t'es soumise mais se soumettre ne veut pas dire être faible. C'est reporter sa confiance à son Alpha. Et tu le peux, tu peux avoir confiance en Cameron, tu n'as pas à t'en faire.

Un long silence plana entre nous deux, pesant et léger à la fois. Pesant par les pensées dépitées qui me traversaient et léger par le soutient que nous nous échangions dans ce long silence empli de partage.

– Repose-toi. Ensuite... reprit-elle.

– Non, attend !, m'exclamai-je, alors qu'un souvenir me revint en mémoire.

Je vis des yeux d'un vert profond. Appartenaient-ils à celui qui m'avait contrôlée ? C'était fort possible et ça n'avait pas été la première fois que je les apercevais. Serrant les poings avec force, je me contrôlais pour ne pas exploser en petit morceaux tout ce qui se trouvait à porter de main. La rage qui m'animait semblait tellement violente et cruelle que je finis par en prendre peur. Qui étais-je devenue ? Qui étais-je pour avoir ce genre de pensées si cruelles et sombres de ravage ? Oui j'étais furieuse, haineuse envers ce monstre qui m'avait contrôlée corps et âme. Il paierait, je m'en chargerai personnellement mais jamais, au grand jamais je ne succomberais à la partie noire de la vengeance. Je n'étais pas comme ça, je ne le serais jamais.

– Je voyais des yeux verts quand j'ai... j'ai eu ma crise. Et pendant que je dormais aussi. C'était forcément ceux de celui qui me contrôlait, tu ne crois pas ?