Chapitre 9 : Allia

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Mes dents aiguisées transpercèrent facilement la peau fripée de Mme Clilmann. Mes succions se faisaient lentes et répétées mais je profitais de ce breuvage délicieux qui se déversait dans ma bouche. Son sang tellement sucré envahit mes papilles gustatives et me donna des frissons de plaisirs. Mais d'un seul coup, on me tira en arrière, me privant de ma nourriture. Je me retournai vers Cameron, furieuse qu'il ne me laisse pas tranquille. Je le fusillais du regard et rétorquais :

- Cameron, lâche moi. Tout de suite. 

Mon ton était furieux et donnait froid dans le dos mais il ne détourna pas le regard et ne cilla pas une seule seconde. 

- Allia, ce n'est pas toi. Souviens toi.

- Avec plaisir. Laisse moi juste en reprendre un peu pour me remémorer...

Je me léchais les lèvres en me détournant de Cameron. Mais avant que je ne puisse voir quoi que ce soit, Cameron me tourna de nouveau vers lui, me bouchant la vue sur mon délicieux repas. Un grognement animal m'échappa et durant une demie seconde, je pris peur. Comment cela se faisait-il que je réagissais comme ça ? Pourquoi est-ce que je buvais du sang ? Mais mes questions furent vite remplacées par la faim et la colère et je jaugeais Cameron d'un regard sévère. J'essayais de dégager mon bras mais il resserra sa prise autour de mon poignet jusqu'à me faire mal. J'essayais par tous les moyens de m'écarter mais rien à faire, il avait une poigne de fer. 

- Lâche-moi Cameron, je ne te ferai pas de mal. 

Il s'esclaffa d'un rire jaune et me regarda droit dans les yeux, sans une once d'humour dans les yeux. 

- Tant que je ne ferai pas face à la vrai Allia, je ne te lâcherais pas. 

Je retroussais ma lèvre, lui dévoilant mes canines acérées, espérant lui faire peur mais il ne cilla même pas. Frustrée de ne pas pouvoir prendre mon repas qui ne se tenait qu'à quelques pas de moi, je gigotais dans tous les sens. Mais il me prit par le deuxième poignet et me bloqua contre le mur. Un cri de rage m'échappa et je le repoussais de toutes mes forces. Je ne pensais pas avoir autant de forces car il recula de plusieurs pas, loin de moi. Je ne pris pas la peine d'y penser et me précipitais vers ma proie qui se tenait immobile dans le couloir. D'une vitesse fulgurante, je rejoignais notre directrice et m'abreuvais de son sang. Une vague de puissance, de renouveau m'envahit et je me laissais emporter par tant de force. Mais on me prit violemment le bras et me repoussa d'une telle force que je m'envolais dans les airs. Je retombais sur mes pieds dans le hall et, même si j'avais décollé de plusieurs mètre au dessus du sol, je retombais sur mes pieds sans me faire mal et je m'enfuyais en courant au dehors de cet espace clos. J'entendis des pas me suivre et j'accélérais la cadence. Mes bras battaient l'air rapidement, mes jambes frappaient le bitume à un rythme régulier et rapide. Beaucoup trop rapide. En une dizaine de seconde, je me retrouvais dans un bois à l'autre bout de notre petite ville. Je m'étais arrêtée, guettant le moindre mouvement et bruit suspects. Je ne pensais plus à ma proie restée au lycée, ne voulant qu'exterminer cette vermine qui se mettait au travers de mon chemin. Tout ce que je voulais c'était pouvoir tuer cet intrus qui m'empêchait de manger à ma faim. Un grognement animal se fit entendre à ma gauche suivit d'un deuxième sur ma droite. Je ne voyais rien ne me permettant pas de savoir à qui j'avais à faire. Ils devaient être plusieurs mais tant pis. Une rage folle brûlait en moi et je pourrais enfin m'en débarrasser face à mes adversaires qui en payeraient le prix fort. Puis une personne se laissa tomber d'une branche. Je ne savais pas qui c'était et je n'en avais rien à faire. Ses oreilles étaient pointues, presque comme celle d'un lutins, ses yeux jaunes me scrutaient à la façon d'un prédateur face à sa proie. Je voyais ses ongles de mains plantés dans le sol, les jambes repliées sous lui, comme des ressorts, prêt à attaquer au moindre mouvement. Des canines aiguisées ressortaient de sa bouche mais pas aussi longues et aiguisées que les miennes. Mais une odeur boisée et sucrée, plus appétissante encore que celle que dégageait Mme Clilmann, émanait de lui. Je reniflais l'air et remarquais la même odeur au dessus de ma tête. Je la relevais et en effet, un deuxième homme se tenait au dessus de moi, attendant le signal pour me sauter dessus. J'eus l'eau à la bouche en sentant l'odeur puissante et boisée qui émanait d'eux. Je me précipitais vers l'homme en face de moi d'une vitesse impressionnante mais malgré ma vitesse plus qu'importante, il réussit à me repousser d'un mouvement agile et simple du bras. Il me repoussa comme s'il avait voulu passer sa main sur une table pour enlever le reste de miettes. Mais à cause de ce simple geste, je m'envolais et frappais violemment un arbre à proximité. Je retombais à plat ventre sur la terre humide mais me relevais faiblement. Je m'enfuyais au travers du bois. Je courais le plus vite que je pouvais et revins dans la même vitesse sur mes pas et commençais à tourner en rond autour d'eux. Le garçon qui se trouvaient au dessus de ma tête s'était laissé tomber et regardait autour de lui, essayant surement de savoir où je me trouvais. Mais j'étais silencieuse et rapide, ils ne savaient donc pas où j'étais. Dans ma vitesse, je me précipitais vers le plus grand, un brun aux yeux bleus, et dans la foulée, le mordais au cou. Il poussa un cri rauque de douleur en s'écroulant à terre et son ami se précipita vers lui et je profitais de cette ouverture pour le mordre au cou, pareil à son ami. Il plaqua sa paume contre sa plaie et remarqua qu'il saignait. Quand il l'enleva pour regarder, je me précipitais de nouveau vers lui, et m'arrêtais un quart de seconde pour m'abreuver de son sang plus que délicieux. Il essaya de m'attraper mais ma morsure le rendait faible et donc moins rapide, je pus l'esquiver facilement. 

Je courrais de plus en plus vite, de plus en plus agilement. Je courais en cercle autour d'eux, ne m'arrêtant pas. Ma vision était clair, je voyais mieux malgré ma vitesse très importante. Ils étaient tous les deux agenouillés, appuyant avec leurs mains sur leurs blessures pour arrêter l'écoulement de sang dut à ma morsure. Je ne sais pas ce que ça leur fait comme effet mais à cause de ça, leurs yeux, leurs oreilles sont redevenus normaux. Puisque leur apparence est redevenue normale, peut être leur force s'est-elle amenuisée ? Je me précipitais vers le garçon brun et écartais brusquement sa main. Il tenta de résister mais je pris brusquement son poignet et le bloquais. Je plantai violemment mes canines acérées dans son cou et commençais à boire abondamment. Il se débattait mais sa force s'amenuisait et le quittait de plus en plus. Puis, sans prévenir, mes pieds décolèrent du sol et je fus projetée en l'air. Je réussis à me rattraper à une branche d'un arbre et m'y accrochais. Le garçon blond qui était à ses côtés respirait difficilement et semblait essoufflé. Il ne me quittait pas du regard et attendait le moindre faux mouvement de ma part. Sans regarder en bas, je lâchais la branche et me laissais tomber au bas de l'arbre. Le garçon m'épiait toujours, n'attendant que mon erreur pour me sauter dessus. L'autre garçon était à quatre pattes derrière lui. Je me léchais les lèvres en me remémoration le goût enivrant de son sang, chaud et épais dans ma bouche. Quelques gouttes qui étaient restées sur mes lèvres furent amenées par ma langue dans ma bouche et je laissais échapper un grognement de satisfaction. Le garçon blond en face de moi prit cela pour un signal car il me sauta dessus et tenta de me maîtriser mais je le repoussais violemment et il roula au sol quelques mètres plus loin. Je ne le laissais pas se relever et me précipitais à ses côtés et plongeais sur son cou. Le goût sucré et appétissant de son sang envahit ma bouche et malgré les gigotements du garçon, je m'abreuvais abondamment de son sang qui était devenue vitale à ma survie. Mais, le garçon brun de tout à l'heure se releva et j'entendis le bruissement des feuilles mortes sous ses pieds et je me retournais face à lui. J'allais me jeter sur lui mais je n'étais plus capable d'aucun mouvement. Des souvenirs me revinrent en mémoire. Un homme d'une quarantaine d'année, les yeux bleus, pareils à ceux du jeune homme face à moi. Son regard pénétrant, comme s'il me clouait sur place. Je ne pouvais plus faire aucun mouvement. Et maintenant, le même schéma se reproduit. J'étais incapable ne serait-ce que grogner. Il avait les bras croisés contre sa poitrine et l'écoulement de son sang me mit l'eau à la bouche. Le brun s'approcha de moi et se mit juste en face de moi si bien que l'odeur omniprésente de son sang visqueux qui coulait encore envahit mes narines et me remplit de frustration. Il se pencha jusqu'à se que son visage soit en face de moi et après m'avoir longuement étudié, il murmura : 

- La partie est terminée, princesse. 

Amour Sauvage...Tahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon