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Allia

La rage qui m'étouffait semblait bien plus jubilante que n'importe quel combat, bien plus jubilante que l'adrénaline. C'était ma haine qui me servait à avancer. C'était ma haine qui me déroutait autant qu'elle me faisait jubiler du plaisir à venir. C'était cette même haine qui me faisait oublier et mettre de côté une petite voix chantante et emplie de désespoir qui tentait encore et encore de m'arrêter.

Pourquoi m'arrêter ? J'étais tellement puissante, tellement plus que cet Alpha de pacotille. Tellement mieux, tellement... plus de chose que lui.

Allia ! Reprends-toi !, hurla-t-il dans ma tête.

Vainement, Cameron tentait, paroles après paroles, de me ramener à la raison. Mais quelle raison ? J'étais si bien à le voir baisser l'échine, faible et impuissant face à mes pouvoirs dominants. J'étais une dominante, bien plus que lui, et je méritais ma place. Pas lui.

– Allia, ce n'est pas toi ! Reprends-toi, bon sang !, grogna-t-il encore une fois, usant de notre lien télépathique.

Me reprendre ? Jamais je ne m'étais sentie aussi bien, euphorique. Je voulais le voir s'étendre à mes pieds, se soumettre à mon aura. Je voulais le voir disparaître. Je voulais tellement de choses. Sans lui.

Disparaître, partir, soulagée, hurlement, euphorie.

Un hurlement, strident, résonna dans mon crâne, se répercutant dedans. Le mien ? Le sien ? Le leur ? Je n'en savais rien. Et je m'en fichais. Je voulais le voir disparaître.

Disparaître, partir, soulagée, hurlement, euphorie.

Tendant le cou, j'abattis férocement ma tête sur la gueule de Cameron. Bien plus rapide qu'à l'accoutumée, celle-ci sembla disparaître pendant un court instant jusqu'à la rencontre brutale entre elle et celle de Cameron. La douleur fut instantanée, cuisante. Mais peu importait. Je pouvais supporter cette douleur pour le plaisir de le voir tituber en arrière sous la force du choc.

Dans mon dos, des exclamations outrées s'élevèrent. Le grognement de Cameron semblait bien plus féroce qu'il ne paraissait lui-même et le regard jaune lubrique qu'il me lança me le prouva bien assez tôt.

– Tue-le, massacre-le, me chuchotait cette voix, rauque et un peu vieillie par le temps.

Je ne tentais pas d'y résister. A quoi bon ? Je le voulais aussi.

– Comment oses-tu ?!, grogna Cameron.

– Tu mérites tellement plus, aboyais-je à travers notre lien.

Je me courbais, prête à me battre. Mon sang battait furieusement dans mes veines, mon cœur battait la chamade et mon esprit jubilait du prochain combat à venir.

Disparaître, partir, soulagée, hurlement, euphorie.

Seul comptait la litanie chantante qui se jouait dans mon crâne : "Tue-le, massacre-le." Seule elle comptait et les paroles de plus en plus présentes de cette voix rauque.

Fermant les yeux, il inspira profondément, semblant reprendre la maîtrise de lui-même.

– Bats-toi !, lui hurlais-je, ajoutant un grognement sortant des tréfonds de ma gorge.

Mais il ne m'écoutait pas. Je voulais me battre, je voulais le voir s'allonger de tout son long à mes pieds, se prosterner. Et pourtant, malgré mes tentatives de le mettre hors de lui, il rouvrit les yeux, affrontant mon regard. Ils reprenaient leur couleur humaine. Vert sur bleu. Bleu glacier contre vert forêt. Tempête contre orage. Alpha contre Alpha.

Amour Sauvage...Where stories live. Discover now