Chapitre 15 : Allia

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Cameron continuait à me fixer sans jamais détourner le regard. Comme s'il puisait sa force de mon regard vert. La peur et la douleur se bataillaient dans son regard de glace et même si la peur enflait de plus en plus dans mon organisme, je voulais l'aider. Mais je savais que rien que je puisse faire ne pourra l'aider alors je continuais à le regarder dans ses yeux bleus incroyables. Mes mains tremblaient de peur, mon cœur battait à tout rompre et j'étais figée, assise sur le sol humide de ce crépuscule d'automne. Cameron ferma les yeux, rompant notre échange silencieux et ce fut comme un électro-choc. Je me relevais d'un seul coup et me mis devant Cameron.

- Cameron ?

Il releva ses yeux vers les miens et j'aperçus la tristesse ainsi que la douleur dans son regard envoûtant. Je crus le voir contracter sa mâchoire carrée avant de répliquer :

- Va-t-en.

Sa voix était en total contraste avec ses yeux. Elle était froide et distante alors que ses yeux m'implorait. Et bien que je voulais prendre mes jambes à mon cou, butée comme un âne, je répondis d'une voix d'où on sentait la résignation.

- Non, Cameron.

Et même si j'avais peur plus que tout, je savais qu'il ne me ferait aucun mal. Il grogna et laissa retomber ses mains au sol.

- Va-t-en.

Sa voix n'était plus qu'un murmure que l'on entendait très peu.

- Non.

Je savais que c'était irresponsable de ma part, que je devrais appeler quelqu'un et m'enfuir le plus loin de lui mais j'en étais incapable. Et quoiqu'il puisse me dire, je sais au plus profond de mon âme qu'il ne me fera pas de mal. Avant que je ne puisse faire quoi que ce soit, il se releva d'un seul coup, ses yeux d'une étrange teinte jaunâtre. Son corps miroitait tel un mirage dans un désert et son imposante carrure me donnait des frissons tout le long de mon corps.

- Je t'ai dit : Va-t-en !

Sa voix, en plus de ses yeux, s'était transformée. Plus grave et plus caverneuse, elle me donnait des frissons tout le long de mon échine. La peur me paralysait et j'étais incapable de bouger.

- Va-t-en !!!

Sa voix était comme trafiquée, comme celle que l'on pourrait entendre dans ces feuilletons où le méchant trafique sa voix pour qu'on ne puisse pas le reconnaître. Je frissonnais de peur mais cependant, je me relevais et plongeais mon regard dans celui de Cameron, d'un jaune improbable. Pleine d'une détermination farouche, je soutenais son regard dangereux et calculateur à faire peur. Et même si la peur contrôlait ma raison, la détermination et la soif de savoir m'empêchaient de fuir.

- Non, Cameron.

Il poussa un cri de rage tellement puissant et violent que je fus tentée de reculer. Mais je me repris à temps et restai devant lui, le regard rivé au sien où la douleur et la tristesse reprenait peu à peu sa place. Incapable de prononcer une autre menace, il se mit à quatre pattes et un grognement primaire, animal, résonna dans sa poitrine. Je reculais jusqu'à ce qu'un arbre me bloque le passage. Même si je voulais me montrer forte et lui montrer que je n'avais pas peur, tous les éléments qui se réunissent dans mon esprit me donne la chair de poule et j'ai l'impression que tout est vrai comme si, jusque là, je n'y croyais pas. Comme si je n'osais pas voir la vérité en face. Et pourtant, même si je me voilais la face, je ne pouvais plus reculer. J'étais devenue porteuse d'un secret incompris et qui ne devrait pas exister. Cameron est plus qu'il ne laisse paraître et il est plus dangereux que je ne le croyais. L'horreur me frappa de plein fouet et pourtant j'étais incapable de bouger. J'étais pétrifiée et je ne pouvais plus que regarder Cameron se transformer sous mon regard horrifié. Je voyais ses mains se planter dans la terre molle et ses ongles s'agrandirent, tel des griffes acérés en se plantant profondément dans la terre. Son dos s'arrondit alors qu'il poussa un grognement plaintif, proche d'un pignement de chien. Ses bras se crispèrent, se tendirent et ses poils s'allongèrent. Je voyais bien qu'il souffrait mais qu'est ce que je pourrais lui dire ou même lui faire pour l'aider ? Et même si l'envie de l'aider me prenait, la peur et l'horreur me prenait par les tripes et je savais que quoi que je dise ce ne sera pas cohérent. J'étais incapable de bouger, trop horrifiée par ce que je voyais. Je voyais ses membres rétrécirent un peu plus et ma voix se fraya un passage dans ma gorge nouée. Un cri d'horreur déchira l'air de la forêt humide. Je ne pouvais m'empêcher de crier en voyant Cameron se transformer sous mes yeux stupéfiés. Mais quand son regard bleu lagon percuta le mien, mon cri s'éteignit dans ma gorge. D'un seul coup, le calme revint et plus rien mis à part le vent et le bruissement des feuilles ne dérangèrent le silence pétrifiant qui régnait dans cette forêt à l'orée de ma maison. Puis un voile noir recouvrit le corps de Cameron. Alors que ses contours étaient flous et irréguliers, une sorte d'ombre semblait l'englober tout entier jusqu'à ce qu'il ne devienne plus qu'une tâche noir au milieu de ces arbres. Une grosse tâche noir détonnant dans cette halo de couleur doré que laissait apparaître le couché du soleil. Les rayons du soleil frappait cette bulle sombre et se reflétait dans un scintillement dorée. Comme si des milliers de paillettes s'étaient fait coller par le soleil sur cette ombre autour de Cameron dont on ne voyait plus le corps. Curieuse et entreprenante, mais surtout bien naïve, je m'approchais, main en avant, fascinée par cette bulle à paillettes dorée. Cette bulle se mouvait légèrement, semblait flotter à quelques centimètres du sol. Et alors que j'effleurais la surface douce et soyeuse comme du satin, une décharge me parcouru tout le corps avant que mon corps ne soit violemment projeté en l'air. L'espace d'un instant, tout sembla s'arrêté et j'eus l'impression de m'envoler, telle un oiseau prenant son envol sur le chemin de la liberté. Mais mon corps frappa violemment un tronc d'arbre et le choc me coupa le souffle. Je m'écrasais face contre terre et c'est avec une décharge violente qui me parcourait le corps que je m'évanouie, le regard braqué sur cet halo doré et noir.

Amour Sauvage...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant