Chapitre 42 : Allia

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La douleur était connue de tous. Dès notre enfance, nous la connaissions. Elle nous rebutait, nous faisait peur. La douleur n'était pas quelque chose que nous recherchions, nous misérables humains que nous étions. Si nous n'étions pas fou, toutefois. Et les loup-garous ne la recherchaient pas non-plus à vrai dire.

La douleur du feu du diable me rongeait jusqu'à la moelle, me possédait corps et âme, empêchait le moindre mouvement. Je n'étais qu'un tas de chair lancinante, calciné et mou, incapable de tenir debout. Le moindre mouvement me faisait souffrir plus que de raison. J'étais incapable d'articuler le moindre son, ma gorge plus sèche que le Sahara lui-même. Aussi sèche et douloureuse qu'une brûlure au troisième degré. Et encore, peut-être aurais-je moins mal ? J'étais inconsciente de ce qui se passait autour de moi, tout était feu, tout était cendre, tout était invisible. Je ne trouvais aucun moyen de m'échapper de cet enfer de flamme. Si seulement je trouvais le moyen de me sortir de là... Mais je ne voyais rien, ne sentais rien à part ces flammes qui me rongeaient la chair. Je restais des heures, voire des jours – je n'avais plus aucune notion du temps – en souffrance, brûlant de l'intérieur, ou de l'extérieur. Je ne me rendais plus compte de rien. J'essayais de refréner la douleur, en vain. C'était comme si tout ce que je faisais ne servait strictement à rien. Je sentais que je faiblissais un peu plus à chaque fois que j'essayais de me défendre contre ces flammes invisibles. Il fallait que je trouve quelque chose qui puisse me détendre, m'obliger à penser à autre chose. Mais quoi ? Y'avait-t-il vraiment quelque chose qui puisse me faire penser à autre chose que ces flammes de l'enfer ?

Allia...

Un simple murmure. Mais d'où venait-il ? Et de qui était-il ? Je voulais crier, appeler à l'aide, espérant que cette voix mystérieuse se fasse entendre une nouvelle fois mais je n'entendis rien de plus. Seul le silence infernal de ces flammes qui crépitaient sans pour autant faire le moindre son. Cela me rendait folle peu à peu et je me mis à penser que j'étais réellement morte, que j'étais arrivée dans un endroit inconnu de tous où seule la douleur pouvait être ressentie.

Je vidai alors mon esprit et essayai de ne plus penser à rien. Peut-être que si je ne pensais plus à rien, je pourrais alors m'endormir et ne plus jamais me réveiller ? Alors je ne sentirai plus cette affreuse douleur qui me rongeait le corps de part en part. Ou alors je me réveillerai peut-être dans un autre endroit que celui-ci. Encore faudrait-il que j'arrête de penser...

***

J'avais chaud mais j'étais confortablement installée. J'avais l'impression de me retrouver sur un nuage moelleux. Peut-être que ne plus penser à rien avait servi à quelque chose ? Je ne sentais plus rien. Plus aucune flamme ne me rongeait, ne crépitait, ne me brûlait. Seul un calme inouïe emplissait l'endroit où je me trouvais. Je n'osais pas ouvrir les yeux. Ou alors les avais-je déjà ouvert ?

Un claquement résonna dans ma tête et vrilla mon cerveau. Je crus que ma tête allait exploser. Je voulus me recroqueviller sur moi même mais je ne sus si je pouvais bouger ou non. Je ne sentais absolument rien. Je me sentais seulement bien dans cet endroit. Mais aucun moyen de savoir où est-ce que je me trouvais.

– Allia.

Encore cette voix. Mais cette fois-ci, ce n'était pas un murmure. Mais un cri qui me vrilla une nouvelle fois le crâne. Pourquoi chaque bruit me rendait folle ?

PAM. PAM. PAM. Des bruits de pas infernaux se dirigeaient vers moi mais encore une fois, ces simples bruits de pas me vrillèrent la tête et je ne voulais que le calme. Un calme plat et bien trop ennuyant pour qu'on puisse y avoir envie. Mais là, à cet instant précis où tous les bruits se mélangeaient les uns les autres, ce silence mortellement ennuyant me paraissait bien plus agréable que ce martèlement qui me vrillait la tête. Je ne savais d'où venait ces pas mais, ce qui était sûr, c'est qu'ils se dirigeaient dangereusement vers moi et que le bruit s'intensifiait un peu plus chaque fois. Puis, soudainement, le martèlement infernal s'arrêta mais un froissement semblable à un froissement de papier amplifié frappa mon crâne de plein fouet. Je ne sus dire qu'est-ce qui était pire entre les pas infernaux ou ce froissement insupportable. L'endroit où je me trouvais s'affaissa un peu. Puis, plus de bruit. Un silence réconfortant se dispersa partout autour de moi et je pus enfin de me détendre. C'était parler trop vite.

Amour Sauvage...Unde poveștirile trăiesc. Descoperă acum