Chapitre 35 : Cameron

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La douleur était insupportable. Elle me rongeait de l'intérieur, me brûlait vif, carbonisant organes et sang sur son passage. Ma peau était à vif et le moindre contact avec le tissu semblait me brûler la peau. Je ne savais pas comment je me retenais de hurler mais j'y arrivais. Peut-être était-ce parce que je ne voulais pas que mes loups se sentent plus mal qu'ils ne l'étaient déjà. Je sentais à travers le lien qui nous unissait à quel point ils étaient mal. Particulièrement Lucas. Lui qui était mon meilleur ami, mon conseillé, prenait encore plus mal la situation. Il était au bord du gouffre et pourtant, il gardait la tête haute, la tête sur les épaules et écoutait sans ne montrer aucun signe de lassitude les plaintes des autres loups. Sans aucun doute, Lucas ferait un Alpha génial. Et Allia. Elle qui se montrait si forte. Elle m'était indispensable. Ne pensez pas que j'ai des sentiments pour elle. Bien sûr que non. Quelle drôle d'idée. Mais son touché, aussi fou que cela puisse paraître, permettait de balayer la douleur d'un seul coup. En un clin d'œil, je me souvins avoir perdu la douleur quand ses paumes s'étaient posées sur mon torse brûlant. Et quelle libération. Mais je ne pouvais pas la garder auprès de moi. Je n'en avais pas le droit. Bien trop de chose m'en empêchait et c'était mon choix que de subir cette douleur. Je devais en accepter les conséquences. Mais si ce n'était que ça. C'était bien plus. La douleur qui part par un simple touché. Un pouvoir bien trop exceptionnel pour que n'importe qui en hérite. Un pouvoir très puissant pour réussir à évacuer cette douleur. Comment a-t-elle eu ce pouvoir ? Seul un Alpha a ce pouvoir ou leur enfant. Il faut qu'elle descende d'une lignée d'Alpha très puissante pour pouvoir ne serait-ce que m'empêcher de souffrir. Elle était humaine. Comment pouvait-elle réussir un tel exploit ? 

Je fermai les yeux, épuisé et à bout de cette douleur constante qui me déchirait les tripes. Je voulais l'oublier et l'épuisement me prit d'assaut. Mais alors que je sombrais dans l'inconscience bienvenue de la fatigue, un haut le cœur me prit et je me précipitais dans la salle de bain, malgré les protestations de mes muscles. M'agrippant à casser la cuvette, je vomis tripes et boyaux. J'étais au plus mal et ce que contenait les toilettes me le prouvait bien. Une énorme flaque de sang rougissait les toilettes et répugné, je me reculais. Mais à peine ai-je fait un geste que je dus me pencher de nouveau et vomir une flaque bien trop impressionnante de mon sang. La deuxième phase était arrivée. Quand je fus sûr d'être en meilleur forme et de ne pas vomir encore plus de sang, je me redressai faiblement et m'écroulai dans mon lit. Et encore une fois, alors que je croyais que je finirais par m'endormir, une voix tonitruante résonna derrière ma porte.

- J'en ai plus qu'assez ! criait cette voix féminine. 

Je fus surpris de reconnaître la voix fluette d'Allia. Mais je secouai la tête. Ça ne pouvait pas être elle. Elle était bien trop timide pour élever autant la voix devant toute ma meute. Qu'est-ce que voulait ce loup ? Le silence flottait dans toute la maison. Le bourdonnement que j'entendais habituellement s'était éteint et je n'entendais que de légers chuchotements. Et encore, j'avais du mal à les discerner. Doucement, la porte de ma chambre s'entrouvrit et la tête blonde de Lucas se distingua à travers l'embrasure. D'un pas léger, il se dirigea vers moi et m'aida à me redresser. 

- Je crois que tu devrais voir ça, mon pote. 

J'étais tellement mal, au point de me courber pour éviter de me rendre plus malade. Courber en deux, à la limite d'avoir ma tête collée à mes pieds, Lucas m'aida à sortir de la pièce en portant presque tout mon poids. Heureusement qu'il avait la force d'un loup-garou parce qu'il n'aurait pas pu supporter mon poids. Autant de muscle, c'est dur à porter. Trop épuisé, je m'effondrai à l'entrée de ma chambre. Personne ne me portait d'attention. Toute l'attention était portée sur Allia, debout devant toute cette foule. Elle semblait mal à l'aise mais au moment où Lucie déboula dans le hall et croisa son regard, la détermination que j'avais entendu dans sa voix précédemment revint au pas de charge et elle continua son monologue. Tout du long de son discours, je fus subjugué par la puissance qui émanait d'elle. Elle qui était pourtant très timide, elle semblait devenir à l'aise devant cette foule de loups-garous. Elle dégageait tellement de puissance que s'en était alarmant mais incroyable. Elle dégageait presque une puissance... surnaturelle. Elle imposait le respect et j'étais impressionné de voir mes loups l'écouter avec attention malgré qu'ils soient dubitatifs. Tout au long de son discours, malgré les interventions de certains loups, on l'écoutait tous avec attention, ne voulant rater aucune miette, même moi. 

Amour Sauvage...Where stories live. Discover now