Amour Sauvage...

Chapitre 23 : Allia

Ce matin, comme tous les autres matins, je me levais au son de mon réveil. Grognant, je frappais mon réveil qui s'éteignit comme s'il avait peur de moi. A contrecœur, je me levais de la chaleur bienveillante de mon lit et me dirigeais dans ma cuisine. En chemin, je croisais ma sœur, Juliette. Toute pimpante, elle semblait rayonnée alors que j'avais la tête dans le cul. Voilà que je me mettais à dire des grossièretés. Le matin et moi n'étions pas copains, cela était certain. Quand elle me croisa, elle s'arrêta et m'empoigna le bras pour m'arrêter. 

- Ça fait longtemps qu'on a pas eu de petite discussion toi et moi. 

Un sourire engageant éclaira son visage alors que je grimaçais en baillant. Et même si je n'avais pas tellement envie de lui parler, si tôt le matin, elle avait raison. Depuis qu'elle m'avait aidée à faire venir Cameron dans ma chambre, nous ne nous étions pas croisées et nous n'avons pas pu échanger les moindres paroles. Entre elle qui, en fac d'anglais, vivait dans une ville à une heure d'ici et donc en internat et moi, qui me surmenait avec mes cours et mes problèmes au lycée, nous n'avions pas beaucoup de temps pour nous. 

- Ouais, gémis-je. 

Je grimaçais en entendant ma voix. Elle était rauque et je n'étais pas non plus à mon avantage avec ce tee-shirt large m'arrivant à mi-cuisse, ce mini short en dessous et mes cheveux en pagaille. On aurait dit une vielle mégère et malgré que je voulais rester un peu seule pour me réveiller tranquillement et me préparer à cette longue et dure journée qui m'attendait, je la dépassais en lui faisant signe de me suivre. Toute joyeuse de pouvoir me parler, elle descendit les escaliers et commença à sortir mon petit déjeuner dans un tourbillon de bonne humeur et de couleur. 

- Alors, vas-tu m'expliquer qui était ce jeune homme que j'ai dû ramener à la maison ? 

- Il m'avait prévenu qu'il pourrait faire un malaise parce qu'il n'avait pas mangé de la journée et il était venu au café où on voulait travailler en courant. Tu sais que ça ne fait pas bon ménage alors il a eu un petit malaise. Rien de bien grave. 

Elle ne sembla pas me croire mais je préférais continuer sereinement mon petit déjeuner en la questionnant pour changer de sujet. 

- Et toi ? Tu fais quoi ici ? 

- J'ai pas cours aujourd'hui et demain. Les profs font grèves ou alors y avait des sorties. Et puisque après-demain on est en week-end, j'ai préféré venir rendre visite à la petite famille. Mais je vois que papa et maman ne sont toujours pas là. 

Je hochais gravement de la tête. Depuis toutes petites, nous ne voyions que très rarement nos parents. Trop occupés pour leurs boulots, nous avons vu plus de nounous que nous n'avons vu nos propres parents. Mais nous avons fait avec et avec tous les problèmes qui me tombent dessus, ça tombait plutôt à pique. On continua à bavarder toutes les deux, ne voyant pas le temps passer. Mais quand enfin je finis par relever la tête vers l'horloge après avoir terminé mon petit déjeuner, je m'écriais : 

- Merde ! Putain, Juliette, t'fais chier !!!

Je ne fis pas attention à l'expression surprise et ébahie de ma grande sœur et montai en courant les escaliers. Pourquoi m'avait-elle retenue autant ?! Elle aurait pu me prévenir ou au moins venir pendant le week-end, pas pendant les cours ! J'étais en colère qu'elle ait pu me retenir ainsi pour aller au lycée et je lui en voulais de m'avoir retenue. Je secouai la tête pour chasser ses pensées négatives. Ça ne me servait à rien de m'en prendre mentalement à Juliette. Je devais me grouiller.

– Je peux t'emmener en cours, si tu veux !, entendis-je Juliette me crier depuis le bas des escaliers.

Je grommelais un petit remerciement et courais me préparer dans la salle de bain. J'en ressortais seulement dix minutes plus tard. Je m'étais coiffée à la va-vite en faisant un chignon bordel, comme les appelait Juliette. Un jean slim et un pull avec une paire de basket, j'étais fin prête. Je descendais les escaliers en courant avec mon sac sur le dos.