55 : Abracadabra... Pouf !

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Allia

Mon corps animal s'élança dans les airs tandis que le rugissement de rage de Cameron résonnait derrière moi. Je l'entendis courir après moi, puis sauter. Dans un bruit mat, j'atterris souplement sur mes pattes, l'herbe douce chatouillant mes coussinets de louve. Derrière moi, je sentis mon Alpha fendre l'air lui aussi, se rapprochant dangereusement de moi. Je le savais, plus lourd que moi, son poids lui était un atout. Il atterrirait  plus rapidement que moi, ayant aussi plus de muscles que moi pour s'élancer. Je n'aurais pas le temps de m'échapper sans qu'il ne referme sa puissante mâchoire sur mes pattes. Je n'avais plus le choix. Si je ne voulais pas finir sous ses crocs aiguisés, je me devais de les utiliser. Il m'avait dit de les utiliser en dernier recours. Je n'avais plus le choix. 

Poussée par l'adrénaline, par l'urgence de la situation, je sentis la puissance extraordinaire de mes pouvoirs m'envahir, me submerger. M'envahir comme une seconde partie de moi et m'emplissant. Puis je sentis cette partie de moi s'étendre tout autour de moi, m'envelopper. 

Devant moi, les arbres se penchaient sous la force du vent, se cambraient sous les bourrasques. Effets secondaires de ma nature d'immortelle. Puis, la seconde suivante, je me retrouvais devant le corps puissant et imposant de mon Alpha. Je le vis atterrir lourdement mais souplement sur ses pattes tandis qu'un puissant grognement mécontent s'échappait de sa gorge animale. 

J'avais réussi. 

En une seconde, je m'étais déplacée. Ou plutôt, téléportée. Mes pouvoirs étant encore instable, je les avais utilisés sans savoir réellement si cela allait être avantageux pour moi ou pour ce loup enragé. Mais finalement, j'avais réussi. Puis, comme si je le faisais depuis toujours, je sentis la même puissance m'envahir, se dissoudre et se répandre dans tout mon corps. Sans réfléchir, mon autre pouvoir s'étendit hors de moi et courut dans la direction de Cameron. 

Inconscient de la concentration que j'accumulais, il se tourna vers moi, alerté par ma respiration lourde et saccadée. Et il s'élança droit sur moi. 

Je ne me déconcentrais pas. Il ne le fallait pas. Je m'imaginais un immense mur de pierre et de terre immergé de terre, dressé de toute sa hauteur entre moi et ce loup enragé. Et alors que je rouvris les yeux, l'immense mur que j'avais imaginé se dressa d'un seul coup entre nous. Long et épais, il s'étendait très loin sur les côtés, entourant une bonne partie de la villa. Alors que je sentais la fureur de Cameron atteindre son paroxysme, grisée par les sensations que m'apportait cette magie incroyable, je l'utilisais cette fois pour immobiliser mon Alpha. Je sentis comme mon pouvoir me quitter, glisser hors de moi pour se répandre dans la terre jusqu'à ramper vers ma cible. Atteinte, j'entendis le couinement de surprise de ma proie. 

J'étais comme hors de mon corps animal. J'étais inconsciente de ce que je faisais hormis le lierre qui courait sous terre pour emprisonner solidement Cameron. Comme si ces tiges étaient moi. J'étais les tiges et je ressentais chaque coups de pattes, chaque rugissement de rage. Comme s'ils étaient miens. Comme s'ils étaient poussés juste à côté de mon oreille. 

Je me sentis changer. Je me sentais devenir femme après la louve. Mon corps d'humaine reprenait sa place tandis que ma concentration restait fixée sur ces tiges de feuilles. Et plus Cameron résistait, plus je me sentais faiblir. Il tentait de se soustraire de mon feuillage solide et je savais que je ne tiendrais pas longtemps. Je n'y arriverais pas. 

– Allia !

Au loin, j'entendis une voix alarmée m'appeler. Peu importe. 

Mon mur de pierre s'était effondré, bien trop concentrée que j'étais à tenter de maintenir mon pouvoir autour de Cameron. Il se démenait, se battait, mordait, déchirait, griffait tout branchage à sa portée. Et chaque coups de crocs ou de griffes, je les ressentais comme s'il me les faisait sur mon corps. Chaque coup qu'assenait Cameron, c'était un coup porté sur mon corps. J'eus envie de gémir quand il élimina tout branchage autour de lui. Il se remit sur ses pattes, me fustigeant de son regard d'Alpha. Dur et froid, il me faisait regretter de l'avoir provoqué ainsi. Mais je n'allais pas reculer devant un simple regard, alors je le défiais du regard aussi, m'attendant à tout moment à une attaque de sa part. Et, alors que je croyais qu'il allait laisser tomber parce que ça n'en valait pas la peine, il me sauta dessus. Il profita de son effet de surprise pour prendre le dessus sur moi.

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