46.3 : L'éprou-preuve. Ça se dit, non ?

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Allia

Le décor tangua, tournoya et se fit indistinct même pour ma vue améliorée de loup-garou. Très vite, la nausée me monta à la gorge mais je tentai de me retenir du mieux que je pus. La honte que j'aurais si jamais je vomissais à mes pieds toutes mes tripes. Mais au moment où je crus que j'allais finalement me taper la honte de ma vie, le décor s'arrêta brusquement. C'était sombre, il n'y avait que peu de lumière mais cela ne me gênait pas. Une fois encore, mes dons de loups-garous m'aidaient grandement. Sans préambule, une énorme masse me propulsa au sol. Mon dos en pâtit et j'eus toutes les peines du monde à me redresser sur mes coudes. 

– Mais qu'est-ce que vous faîtes ?! J'ai dit que...

Je n'eus pas le temps de terminer ma phrase que dans un sifflement d'air, je me sentis voler dans les airs et envoyée dans le plâtre solide de la salle. Une fois encore, l'air me manqua et je repris avec difficulté mon souffle. Je m'effondrai au sol, épuisée et à bout de souffle. Quand cela s'arrêtera-t-il ? Dans un bruit métallique, mon attaquant se dirigea vers moi à pas mesuré. Je relevais la tête pour apercevoir une sorte de robot à la lumière bleutée. Sans réel visage, il était constitué de fil d'où s'échappait une étrange lumière bleuté. Recouvert d'un film plastique à l'aspect plutôt solide, il laissait apercevoir de quoi il était constitué. Et c'était d'une étrange beauté. La vision floue et le corps faible, je tentai désespérément de me relever. D'une vitesse qui dépassait l'entendement, il m'agrippa la cheville fermement et me projeta de l'autre côté de la salle. Dans un bruit de plâtre cassé, je m'effondrai une nouvelle fois contre le sol en pierre. Au loin, je vis le robot se diriger d'un pas décider vers moi. 

– Alors, p'tite sainte, on est trop faible pour combattre un jouet ? 

L'amusement qui perça dans la voix grave de Cameron me mit les nerfs en pelote. Comment osait-il se montrer si moqueur alors que j'étais à deux doigts de m'évanouir de fatigue ? 

– Va te faire foutre, Cameron, articulais-je avec difficulté. 

Si j'avais été dans mon état normal, j'aurais sûrement rougis. Mais à cet instant, le dépit et la colère qui me submergeait m'empêchait de résonner correctement. 

– Ouh... c'est qu'elle est en colère la petite sainte... Pourquoi tu vas pas te cacher sous les jupes de ta mère ? Elle pourra peut-être se débarrasser de ce jouet, elle. 

Je grimaçais de colère. Comment osait-il m'insulter de la sorte ?!

– Je t'interdis de dire ça, fillette. 

– T'es pas trop en état de m'interdire quoique ce soit, là. 

De dépit, je grognais en guise de protestation. En face de moi, le robot avançait d'un pas rapide, son visage câblé braqué dans ma direction. Je pouvais le faire... J'en étais capable.

Grognant et gesticulant, je réussis à me relever sur mes genoux. Il n'était plus qu'à quelques mètres. Puisant dans mes dernières forces, je me relevais, la tête basse, le corps mou. Je ne serais pas capable de le vaincre dans cet état. Ainsi emprisonnée dans cette boîte de plâtre, je me sentais à l'étroit et presque claustrophobe. Je ne me sentais pas bien et mon état de fatigue n'arrangeait rien. Mes genoux se dérobant sous mon poids, je m'affalais. Avec une prise sûre, le robot enfin arriva à ma hauteur, il me propulsa une nouvelle fois contre le mur. Cédant sous la force du choc, le plâtre s'effondra et j'atterris sans grâce dans l'herbe verte d'une prairie. Le soleil brillait, plus aussi fort qu'avant mais assez pour sentir la chaleur m'effleurer la peau. Aucun nuage n'était apparent dans ce ciel azur et je le regardais avec ravissement, un sourire niais collé au visage. Détachée du monde qui m'entourait, je me sentais presque bien dans cette prairie calme où les oiseaux chantaient, où la brise caressait doucement mon visage, où le soleil réchauffait doucement ma peau meurtrit. Inspirant une grande goulée d'air, je me requinquais de l'odeur des fleurs sauvages et de l'herbe qui me chatouillait l'épiderme. 

Amour Sauvage...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant