Chapitre 44 : Psychose

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La première chose que je discernais lorsque mes yeux se furent réhabitués à la lumière fut Danièle qui me surplombait. Son visage était fermé et son regard noir. C'était lui, semblait-il, qui venait d'allumer, et je ne voulais pas comprendre les raisons de sa présence ici tant je craignais la réponse à cette interrogation.

Puis un rire derrière moi me fit frémir.

Toujours à genoux sur le sol, je détournai mon regard de Danièle pour le diriger vers le lit. Sur celui-ci, jouant avec ce qui paraissait être les clés de la chambre, se trouvait Nicola. Il était avachi, se retenant d'une main sur le lit et m'observait avec un sourire satisfait et un air victorieux. Dans ses yeux se reflétait une lueur sadique et sauvage qui ne présageait rien de bon.

Je me levai précipitamment et tentai d'atteindre la porte, dans un geste vain de fuite. En quelques secondes, je me retrouvai de nouveau au sol, ventre à terre, un genou appuyant fortement dans mon dos et m'immobilisant. Danièle me maintenait au sol de tout son poids. Dans un geste de désespoir, je voulus crier, mais je fus immédiatement bâillonné par la main de mon agresseur. De l'autre, il agrippa mon crâne pour m'empêcher de remuer. Je ne pouvais ni me dégager, ni me relever, et les semblants de coups que je tentais avec mes mains ne le faisaient même pas tressaillir. C'était perdu d'avance.

— Victoire, ma petite Victoire, susurrait Nicola d'un ton moralisateur. Cela fait plus de trente minutes que je t'attends dans cette chambre et c'est ainsi que tu m'accueilles à ton retour ? Je suis déçu.

Le poids dans mon dos s'allégea et la main de Danièle se retira de mon visage. Je tentai d'ouvrir la bouche et de me dégager, mais il plaqua brutalement mon visage contre le sol. Un goût métallique emplit ma bouche et je gémis de douleur. Il venait de me briser la lèvre et probablement aussi le nez.

— Ne bouge pas, grogna Danièle en agrippant mes poignets pour les ramener dans mon dos.

Il les rassembla et enroula autour d'eux un fin, mais résistant, brin en plastique. Je sus qu'il venait d'utiliser un lien de serrage pour m'immobiliser. Puis, il approcha son visage du mien et souffla des mots furieux et sans détours.

— Si tu tentes de crier, je t'arrache la langue.

Je savais qu'il en était capable et que ce n'étaient pas de simples menaces.

J'étais en partie immobilisée, le visage plaqué au sol. Du sang coulait de ma bouche et de mon nez, tapissant mon visage de marques rouges. Ma respiration était saccadée, mes dents claquaient et mes membres étaient engourdis. Une sueur froide coulait au creux de mon dos.

Tout mon corps et mon cerveau me hurlaient à quel point j'étais en danger.

Je perçus le bruit du tissu puis des pas avant de discerner une paire de chaussures haut-de-gamme brillantes. Nicola s'accroupit à hauteur de mon visage, puis agrippa ma mâchoire pour me faire relever la tête.

Il m'observait avec attention. Son visage n'affichait plus de sourire, mais un air agacé.

— J'ai dû faire des pieds et des mains pour pouvoir me retrouver seul à seul avec toi. Ton cher fiancé en a fourni des efforts. Tous ces hommes autour de toi pour te protéger, l'idée était bonne, mais il m'a clairement sous-estimé. Croire que je n'oserais pas utiliser la force pour arriver à mes fins était mal me connaître. Devoir tuer un ou deux hommes pour atteindre mon but ne m'arrêtera pas.

Mon cœur se serra en pensant au visage agonisant d'Andrea avant qu'il ne s'écroule. J'eus aussi une pensée désespérée pour Raffaele. Je l'avais peu fréquenté, mais c'était un jeune homme bien, pour qui j'avais eu de l'affection, et sa perte me peinait terriblement.

Four Aces Of CardsWhere stories live. Discover now