Chapitre 19 : La princesse au petit pois

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Clemente me lança un regard furieux. Il venait d'éviter de justesse un mug que je venais de lancer dans sa direction. La pauvre tasse avait fini sa course fracassée contre le mur de mon salon.

— Es-tu folle ! Et si je m'étais pris ce truc dans la figure ? s'exclama-t-il.

— C'était le but justement ! répliquai-je acerbe.

— Victoire ! Je te préviens, ne me cherche pas ! Tu ne sais pas ce que je pourrais te faire !

— Quoi ? Quelque chose de pire que me séquestrer et me violenter ? ricanai-je.

Clemente me fixa, bouche entrouverte et décontenancé, ne sachant pas quoi répondre. Une veine palpita au creux de son cou, et il me lança un regard assassin avant de s'asseoir dans mon canapé.

— Je ne t'ai pas permis de t'asseoir ici ! En fait, je ne t'ai même pas permis de rester ! Dégage !

— Je t'ai déjà dit que ce n'était pas possible, soupira-t-il en se frottant le nez.

À peine une heure plus tôt, après m'avoir emmenée chez l'ophtalmologue, il m'avait, comme promis, raccompagnée à mon domicile. Par "mesure de précaution", il avait voulu monter pour vérifier que je ne risquais rien. Clemente avait déjà fait intervenir un serrurier et changé la serrure pour me permettre d'accéder à mon appartement, car mon sac à main avec mes clés avait disparu.

J'avais à peine déverrouillé l'entrée qu'il s'était engouffré dans mon appartement. Au lieu de vérifier les lieux, il était resté planté dans mon salon. Dubitative quant à son comportement, je lui avais demandé s'il avait fini ses vérifications et s'il pouvait partir. Après tout ce qui m'était arrivé, j'avais hâte d'être seule pour pouvoir réfléchir et me retrouver. Malheureusement, mon programme avait été chamboulé lorsqu'il m'avait répondu sans aucun entrain qu'il allait devoir rester ici quelques nuits.

J'avais d'abord cru ne pas avoir bien compris, mais il m'avait ensuite expliqué que c'était en quoi consistait sa surveillance rapprochée. Il allait résider chez moi pour être sûr de ma sécurité. Sachant que j'allais refuser, il avait pris possession des lieux de force. Il savait qu'avec mon mètre soixante et mes cinquante kilos, je n'aurais jamais pu le contraindre à sortir.

— Bien sûr que c'est possible, tu ouvres la porte et tu fais passer ton derrière dans ce foutu couloir, puis tu t'en vas.

— Victoire, tu es tellement butée, soupira-t-il. Cette situation reste de ma faute et je ne veux pas avoir un accident te concernant sur la conscience. Donc tant qu'elle n'est pas calmée, tu seras surveillée 24 heures sur 24.

— Merci de reconnaître que c'est ta faute ! Mais fais cela depuis le trottoir. Je ne sais pas, poste des gros bras devant l'immeuble, une voiture, pas besoin de t'installer chez moi.

— Bonne idée tient ! Personne ne se rendra compte que des hommes montent la garde devant ton immeuble. Je dois aussi faire fouiller chaque livreur ou visiteur avant de les laisser accéder au hall d'entrée ? C'est discret.

— Alors trouve une autre solution, grognai-je.

— C'est temporaire. La situation nous est tombée dessus, j'ai fait de mon mieux avec ces délais aussi courts. L'idéal serait que tu viennes vivre dans mon appartement.

— Hors de question !

— Je savais que tu répondrais cela, sinon il y a aussi mon hôtel...

— Je ne quitterai pas mon appartement, le coupai-je. La situation est déjà assez dure à vivre, je n'ai pas besoin de ça en plus comme chamboulement.

Four Aces Of CardsWhere stories live. Discover now