Chapitre 2 Bandit Manchot

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Au coin de la pièce, partiellement dissimulé par les vélos entreposés, se trouvait une scène bien différente de ce à quoi je m'attendais. Ce n'était ni un sans-abri blessé ni un jeune homme sortant d'une bagarre. C'était un individu vêtu d'un costume noir si bien taillé qu'il n'était probablement pas à la portée de toutes les bourses. Il était assis par terre, ses cheveux noirs peignés en arrière se rebellaient et quelques mèches commençaient à retomber sur son front. Son visage crispé par la douleur gardait une beauté saisissante et captivante. Ses yeux étaient fermés et ses lèvres fines figées dans une expression de souffrance. Il avait l'air plutôt jeune, peut-être trente ans environ. D'une main, il pressait sa hanche et les traces de sang indiquaient qu'il exerçait une pression sur une blessure.

Je restais figée devant cette scène irréelle, et ce ne fut que lorsque ses paupières s'ouvrirent que je fus tirée de ma stupéfaction. Ses yeux verts se posèrent sur moi, provoquant un frisson qui parcourut mon corps. Son regard dégageait une puissance et une confiance qui, malgré sa blessure, éveillaient en moi un sentiment de crainte. J'observai l'étendue du liquide rouge sur le sol. La quantité était considérable, et il était évident qu'il avait perdu beaucoup de sang. Je sortis mon téléphone de ma poche dans l'intention d'appeler les secours, mais il m'interrompit d'une voix masculine, grave et modulée.

— Pas les secours.

Je m'arrêtai dans mon élan et levai le regard vers lui, le téléphone toujours en main.

— Vous êtes blessé et avez besoin de soins, rétorquai-je.

— Mon téléphone, donnez-le-moi, ordonna-t-il d'une voix entrecoupée, chaque mot semblant lui causer une douleur.

Comprenant qu'il demandait son téléphone, je récupérai l'appareil dans le couloir et le lui tendis. Il le prit avec peine, ses gestes limités par sa blessure. Il paraissait avoir du mal à l'utiliser d'une seule main, je pris le téléphone pour lui venir en aide.

— Quel numéro voulez-vous appeler ?

— Il est dans les raccourcis, le numéro deux.

J'appuyai sur la touche appropriée, m'accroupissant à ses côtés pour mettre le téléphone près de son oreille. Il attrapa l'appareil de sa main faible. À cette distance, je pouvais percevoir son parfum, légèrement masqué par l'odeur métallique du sang, mais toujours présent, envoûtant et musqué. J'en profitai pour observer son visage. Son nez droit et sa mâchoire carrée étaient élégamment dessinés. Il avait de longs cils et une peau légèrement hâlée. Mon esprit semblait se fixer sur les détails en situation d'urgence.

L'inconnu parla, mais ce n'était pas de l'anglais. Quelques mots paraissaient familiers du français et je reconnus leur origine, de l'Italien. Son discours semblait rapide, empreint de frustration, et la conversation s'acheva presque aussi brusquement qu'elle avait commencé.

Four Aces Of CardsWhere stories live. Discover now