Chapitre 39 : I Found you

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Cachée dans le cabinet de toilette, j'avais entendu la brusque altercation entre Clemente et cet homme, comprenant immédiatement son intention. Ce Russe avait pour mission de nous éliminer. Apprendre cela m'avait profondément choqué et avait ravivé les souvenirs de mon propre enlèvement. Le sentiment d'insécurité qui m'envahissait m'oppressait, me donnant l'impression d'étouffer. Sans vraiment m'en rendre compte, je sortis des toilettes et me retrouvai face à une scène qui me glaça le sang, me projetant brutalement dans la sombre réalité de l'univers de Clemente.

Ce dernier était accroupi au-dessus du Russe, couvert d'éclaboussures de sang de sa victime étendue sous lui. Celui-ci était presque inconscient, gémissant, son visage ne ressemblant plus qu'à une masse sanguinolente et difforme. Si j'avais brièvement oublié à quel point son monde était nocif, je venais d'en avoir une cruelle piqûre de rappel.

L'homme qui partageait mes nuits me fixait, le souffle court, les yeux écarquillés, avec un air exalté. J'avais déjà vu Clemente en colère lors d'une altercation, mais c'était la première fois que je le voyais avec une telle expression, comme s'il y prenait du plaisir. Cette facette de lui m'était totalement inconnue et cela m'effrayait. Je ne pus pas retenir un geste de recul lorsqu'il tendit la main vers moi et murmura mon nom. Son regard s'assombrit instantanément. Il mordit sa lèvre avec une expression peinée en abaissant son bras vers le sol.

À ce moment précis, Nero fit son entrée dans la pièce et balaya la scène d'un regard sérieux, ne laissant transparaître aucune émotion ni surprise.

— Donato et Alvise sont dehors en train de monter la garde, déclara-t-il sans bouger de l'entrée.

Clemente acquiesça en se relevant du sol.

— Demande-leur de me rejoindre, j'aurai besoin d'eux. Prends Victoire avec toi et ramène-la à mon appartement.

Nero hocha la tête, contournant l'homme inconscient sans lui accorder un regard, puis s'approcha de moi. Il comprit à mes pupilles paniquées que j'étais en état de sidération et n'essaya ni de me toucher ni de me brusquer. D'un geste de la main, il m'indiqua la porte pour m'inciter à sortir et attendit que je me décide. Je jetai un coup d'œil à l'homme étendu au sol, puis à Clemente qui paraissait éviter de croiser mon regard, avant de le suivre sans me retourner. L'odeur de sang saturait la pièce, et je ressentais un besoin pressant de m'éloigner de cette scène lugubre.

Il me fit quitter le parc et me conduisit à son véhicule. Le trajet jusqu'à l'appartement se déroula dans un silence pesant. Nero n'était pas naturellement bavard, et quant à moi, j'étais bien trop perturbé pour avoir envie de parler. Mon cerveau semblait déconnecté, et j'observais le paysage urbain défiler, l'esprit embrumé.

En arrivant dans le sous-sol de l'immeuble, j'aperçus Valente qui m'y attendait. Je sortis du véhicule, pâle et tremblante, et il m'enlaça dans ses bras. Sa chaleureuse étreinte me réconforta, me permettant de retrouver un peu de stabilité et de clarté mentale. Il me guida ensuite à l'étage et m'installa sur le canapé du salon. Puis, il se rendit dans la cuisine pour préparer une tasse de thé avant de me rejoindre et de s'asseoir à mes côtés. Je pris une longue gorgée de la boisson chaude, inspirai profondément, puis pris la parole.

— Où est Clemente ?

— Il s'occupe du problème et rentre.

— "Il s'occupe du problème", soufflai-je, comprenant clairement ce que cela pouvait signifier.

Valente pinça les lèvres, l'air désolé.

— Nous avons baissé notre garde, en oubliant que les Russes ont la rancune tenace. Tant que des négociations de cessez-le-feu n'auront pas été conclues, nous sommes en danger, toi y compris.

Four Aces Of CardsWhere stories live. Discover now