Lorsqu'un soir Victoire soigne un bel Italo-américain blessé, elle est loin de se douter de l'impact que cet homme aura sur sa petite vie tranquille. À première vue, Clemente, directeur d'un casino, semble être un homme sans histoire et un véritable...
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Le lendemain, je n'étais plus sûre de ma décision. Moi qui m'étais juré de m'éloigner totalement de l'univers de Clemente, je me trouvais à deux doigts de partager un déjeuner avec son frère jumeau fantasque, Valente. Il m'apparaissait sympathique malgré une certaine excentricité. Cependant, après ce repas, je m'étais décidée à être claire : je n'avais pas l'intention de le revoir.
À midi pile, Valente se posta devant chez moi, klaxonnant sans relâche jusqu'à ce que je lui fasse signe de la fenêtre de mon appartement, lui indiquant que j'arrivais. Ma voisine, Mme Grewson, m'adressa un regard désapprobateur lorsque nous nous croisâmes dans l'escalier.
Avec une attitude courtoise, Valente m'ouvrit la portière côté passager. Une fois installée, il démarra rapidement, me laissant à peine le temps de boucler ma ceinture.
— Où allons-nous ?
— Je t'emmène dans un charmant petit restaurant en bord de mer, un endroit que j'affectionne.
Pendant le trajet vers la plage, nous discutâmes de sujets variés. En toile de fond, une chanson italienne se diffusait. Valente la chantonnait à pleins poumons. Une fois arrivés près du port, nous nous garâmes et sortîmes de la voiture. Un vent glacé soufflait, nous poussant à nous diriger rapidement vers un modeste restaurant dont la façade évoquait une cabane de plage.
Le restaurant, spécialisé dans les plats de poisson, arborait une décoration sur le thème de la pêche. L'ambiance y était conviviale et détendue, ce que j'appréciais. Nous nous installâmes à une table et passâmes nos commandes : le plat du jour pour moi et une assiette de crustacés pour Valente. Nos échanges étaient légers et empreints d'humour, et nous plaisantions autour de la décoration marine du lieu, qui rappelait un navire de pêche. Valente partagea que malgré son apparence rustique, le restaurant était connu pour ses délicieux fruits de mer, et il adorait y manger.
— Tu viens ici souvent ?
— Assez régulièrement. En fait, nous avons un entrepôt dans les parages. Quand je travaille là-bas, je viens fréquemment déjeuner ici. Parfois, j'emmène même mes employés avec moi, ils sont toujours présents lorsqu'il s'agit de manger gratuitement, plaisanta-t-il.
J'étais surprise par les différences entre Valente et son frère. Valente était jovial, enclin aux plaisanteries et ne semblait pas prendre la vie trop au sérieux. Les différences de caractère entre les jumeaux étaient si flagrantes que j'en étais perplexe. Cependant, un souvenir me revint en mémoire, quelque chose qui les reliait. J'avais rencontré Valente et Clemente dans des circonstances similaires, tous deux blessés. L'un avait été poignardé, l'autre avait reçu une balle, à quelques jours d'intervalle seulement. Cherchaient-ils les ennuis, ou étaient-ils simplement affreusement malchanceux ?
— Il y a quelque chose qui m'intrigue, osai-je, encouragée par la nature avenante de Valente et notre facilité à discuter.
Valente maintint son regard dans le mien, à l'écoute.
