Chapitre 43 : Funérailles

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Après le départ de Clemente, je restai dans la chambre, allongée sur le lit, mes pensées angoissées s'agitant dans ma tête. Je ne savais pas combien de temps s'était écoulé, mais je fus tirée de ma réflexion par des coups à la porte. J'allai ouvrir, restant sur mes gardes, et entrebâillai la porte. J'aperçus par l'ouverture le visage rassurant d'Annabella et l'invitai à entrer. Elle m'embrassa avec affection ; j'étais heureuse de la revoir malgré les circonstances.

Elle tenait entre ses mains un plateau repas où reposaient deux sandwichs bien garnis.

— Je viens de raccrocher avec Clemente. Il m'a informée que tu te trouvais toute seule dans la chambre. Alors, je me suis dit que l'on pourrait déjeuner ensemble avant de nous rendre toutes les deux à l'église.

— Clemente ne sera pas rentré avant ?, m'étonnai-je.

— Malheureusement non. Nicola lui a encore donné une autre tâche idiote à faire. Il nous rejoindra directement à l'église.

Je soupirai profondément. Annabella m'observa avec un air compatissant.

— Mes cousines et moi, on n'est pas au fait de tout ce qui se trame depuis la mort de mon oncle, mais Clemente m'a raconté dans les grandes lignes ses craintes et ses doutes, alors je comprends pourquoi il est si protecteur avec toi. Avec Nicola, on peut s'attendre à tout et puis ces deux-là ont une rancune ancienne et tenace. Nicola a toujours été jaloux de la réussite de Clemente et a constamment tenté de lui mettre des bâtons dans les roues.

Elle déposa le plateau sur la petite table qui se trouvait dans la chambre et m'invita à la rejoindre.

— Auparavant, on aurait pu dire qu'ils avaient été proches ; ils traînaient constamment ensemble. En réalité, cela relevait de l'adage, « sois proche de tes amis, mais encore plus de tes ennemis ». Ils se surveillaient mutuellement, se jaugeaient, apprenaient à connaître leurs points faibles. Lorsque Clemente s'est détaché de lui, cela ne lui a pas plu. Sa réussite fulgurante non plus. Il a été nommé lieutenant, un an avant lui, alors qu'en tant que fils du parrain, cette place semblait lui revenir de droit.

Je comprenais que la rancune et le conflit entre Clemente et Nicola dataient de bien plus loin que cette histoire de succession et étaient profonds.

Nous mangions ensuite, tout en tentant de discuter de sujets banals pour ne pas trop penser à l'enterrement et à Nicola. Je demandai aussi des nouvelles des deux filles du parrain. Confinée dans ma chambre, je n'avais pas pu les voir, ni leur partager mes condoléances.

— Elles sont au plus mal et subissent une double peine. Elles doivent faire face au décès de leur père, mais aussi à la prise de pouvoir de leur demi-frère avec qui leur relation est tendue. Elles ne se sentent plus à l'aise dans cette maison. Chiara n'a pas soufflé un mot depuis plusieurs jours et reste enfermée dans sa chambre.

J'imaginais très bien à quel point la situation leur était difficile, surtout pour Chiara qui avait subi les abus de son frère.

Lorsqu'il fut l'heure pour nous de partir à l'église, nous quittâmes la chambre. Nero et Lucio nous attendaient devant celle-ci. Lorsque mon regard croisa celui du colosse, je ne pus m'empêcher de lui sourire avec sympathie. L'histoire que m'avait racontée Clemente avait considérablement amélioré l'image de cet homme que je craignais, à tort ou à raison, depuis le premier jour où je l'avais rencontré.

Lui, qui avait l'habitude de me voir assez distante envers lui, fut surpris de mon sourire ; ses yeux s'ouvrirent un peu plus qu'à leur habitude avant qu'il ne reprenne son expression sérieuse habituelle. Néanmoins, je crus discerner que la commissure de ses lèvres tressauta légèrement.

Four Aces Of CardsWhere stories live. Discover now