Chapitre 58

Depuis le début
                                    

C'est moi qui l'étais.

Moi, et tous mes doutes. J'avais laissé traîner une sous-entendue possibilité d'affinité avec Chad pendant trop longtemps, avant que nous prîmes connaissance de nos liens fraternels. Je n'avais pas eu le temps de me réjouir que déjà, il m'avait été enlevé.

Et je l'avais certainement perdu pour toujours.

Finalement, mon masque si impénétrable se fissura, et les fêlures craquèrent totalement, laissant les larmes sillonner mes joues par vagues, me noyant dans un chagrin infini, résultat de tout ce que je retenais depuis trop longtemps.

Soudain, des bras m'enveloppèrent dans une chaleur réconfortante, et ma tête engourdie se posa contre un torse musclé.

- Je suis désolée...murmurai-je comme pour moi-même.

Je m'en voulais tellement de pleurer aussi facilement. Je devais vraiment faire pitié dans cet état.

- Chut, ça va, répondit Chad au bout d'un long moment de silence.

Il me releva la tête, sortit un mouchoir de sa poche et épongea mes larmes, puis il dégagea les mèches qui s'étaient collées sur mon visage et finit par sourire.

- C'est à moi de m'excuser, soeurette. J'ai été con avec toi, jusqu'à maintenant. Je regrette tellement, insista-t-il. Excuse-moi je t'en prie. Je n'aurais jamais dû te pousser à m'embrasser toutes ces fois alors que tu fréquentais Aaron. Je... Je t'aime à en crever, mais il m'est impossible d'envisager quoi que ce soit avec toi, à présent. Je me contenterai de ta présence... en tant que sœur.

Je caressai son visage et esquissai à mon tour un sourire.

- Tu n'as pas à t'excuser. Tu n'es pas le seul à blâmer pour les baisers, j'en suis tout autant responsable que toi, et bien que nous deux, c'est impossible, sache que je serai toujours là pour toi. Je sais pertinemment que c'est comme si je proposai du pain sec et rassis à quelqu'un qui meurt de soif, mais c'est tout ce que je peux t'offrir.

- Je sais. Il faut...

Il s'interrompit et regarda au loin. Je tournai la tête vers ce qu'il fixait, et aperçus la silhouette d'Aaron. Une seconde plus tard, il disparut.

- Il faut quoi ? m'enquis-je.

- Il faut que tu te prépares. La cérémonie commence dans moins d'une heure.

Il était vingt-deux heures, et j'étais fin prête. Parée de l'élégante robe rouge que j'avais rechigné à porter, je sortis de la salle de bains et rejoignis Aaron qui m'attendait probablement dans le couloir, vu la proximité de son aura.

Je ne m'étais pas trompée. Ses pas s'approchèrent quand je tirai la porte derrière moi et mon magnifique petit ami me coupa le souffle. Vêtu d'un costume noir surmonté d'une cravate grise, il me dévorait du regard, si bien que ses yeux étaient sur le point de s'enflammer.

- Tu es... balbutiai-je sans pouvoir finir ma phrase tant les mots me manquaient.

- Toi aussi, répondit-il simplement avant de m'embrasser longuement.

Une petite voix se gratta la gorge.

- Il serait peut-être temps, vous ne trouvez pas ? railla gentiment Lucy.

Elle aussi était magnifique. Elle portait une robe longue robe noire à dos nu, incrustée de pierres argentées qui ornaient son décolleté et ceinturaient parfaitement sa taille lui allait à ravir.

Chad passa arriva derrière nous et s'arrêta à notre hauteur.

- Bonne chance pour ce soir, les gars. J'espère vraiment que vous parviendrez à anéantir cette fichue malédiction malgré le fait qu'Aiden n'est pas mort.

La nature de Roxane - tome 1 : MauditsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant