Elle recracha immédiatement le sang qu'elle venait d'ingérer et se mit à tousser très fort.

Le sang était mélangé à la verveine. Très ingénieux de leur part.

- Salauds, jura-t-elle en dardant son regard incendiaire sur les deux hommes à l'avant, pliés de rire.

- L'Élue n'est-elle pas sensée être plus intelligente ?

Elle dévoila ses crocs et grogna.

- Callate, Connor, on n'est pas censés parler à ces bouffonnes, rétorqua le conducteur.

- Ça va, je sais. Comment le Chef peut-il bien savoir si on a échangé deux mots avec ces gamines ? Arrête d'être parano. Je parie que t'es aussi flippé qu'elles, Juan.

Ledit Juan lui décocha un regard menaçant et Connor se tut aussitôt.

- En plus, elles sont bonnes. La petite blonde, là, l'Élue. Elle a l'air d'avoir du caractère, tu trouves pas ? J'avoue qu'elle est pas très futée, mais si elle en a ailleurs, moi ça me dérange pas.

La façon dont Connor parlait de nous, en particulier de Sally me donnait la nausée. J'osai espérer que j'allais vomir. J'aurais fait tout mon possible pour leur gerber à la gueule.

- Hein, ma jolie ? T'en penses quoi ? Tu ferais bien un tour sur les genoux de papa ? Ça ne te ferait pas de mal, et à moi non plus.

Sally grogna de plus belle et força sur ses menottes. Pendant une seconde je crus qu'elle allait les briser, mais elle n'eut pas assez de force.

En revanche, mon estomac en puisa assez pour rejeter ce qui s'y trouvait, et éclabousser Connor et Juan.

Ce dernier pila net, lâchant une flopée d'injures en espagnol, tandis que Connor vomit à son tour sur le levier de vitesse.

Un élan de satisfaction s'empara de moi quand j'entendis le métal de mes menottes cliqueter. J'étais parvenue à briser ces fichus bracelets qui m'entravaient les poignets. Connor et Juan étaient occupés à jurer et tenter de nettoyer le contenu de nos estomacs qui décorait leurs sièges, alors j'en profitai pour détacher Sally.

D'un commun accord, nous nous ruâmes sur la porte de la camionnette qui explosa sous le choc, et atterrîmes sur le bitume.

Nous essayâmes de nous relever au plus vite, malgré nos multiples blessures, mais à peine fûmes-nous debout que l'adrénaline détala, et nous chancelâmes, affaiblies par toute cette verveine. Je tombai à genoux et remarquai un autre fourgon garé sur le bas-côté, semblable à celui dans lequel nous étions retenues prisonnières. Deux vampires assez costauds et robustes sortirent par les portes avant et se précipitèrent sur Sally et moi, armés.

A leur grand étonnement, je ne rebroussai pas chemin, et fonçai sur eux, l'électricité crépitant au bout de mes doigts.

J'esquivai de justesse une balle –en argent- qui manqua de m'exploser le crâne, et projetai mes bras en avant, prête à étrangler et électrocuter mon assaillant par la même occasion. J'eus tout juste le temps de sauter pour éviter un autre projectile, destiné à mon cœur cette fois.

Puis mes mains rencontrèrent la chair chaude et palpitante de mon agresseur, et le courant fusa dans mes membres, se faufila dans mon sang et jaillit de mes doigts pour le foudroyer instantanément.

L'homme s'écroula, secoué de spasmes. S'il n'avait pas été un vampire, il n'aurait pas pu survivre à une telle attaque.

Sally était toujours en train de se battre contre l'autre suceur de sang, et elle avait écopé de quelques blessures au visage. Son nez était cassé et du sang coulait sur son front, mais elle allait bientôt guérir. Sauf si elle se fait tuer avant...

La nature de Roxane - tome 1 : MauditsWhere stories live. Discover now