ⅫⅠ. Caught

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" Why'd you only call me when you're high ? - Arctic Monkeys"





Ivy – Quelques heures plus tôt :

- Il était un petit navire...

Je sursaute dans ces draps aux odeurs de lessive et d'assouplissant trop agressifs. Mon cœur bat trop rapidement dans ma poitrine, un battement déchainé et plongé dans des cauchemars que j'ai déjà oubliés. Je passe une main sur mon front humide avant de prendre une bonne grande inspiration pour calmer mon cœur affolé. Il va finir par s'arrêter brusquement à force de taper aussi vite contre la paroi de ma cage thoracique.

Je jette un coup d'œil à mon téléphone, il est plus tard que ce que je pensais. Huit heures cinq. Je commence à m'ennuyer dans cet hôtel, difficile de combler mon temps libre depuis le départ de Sky. Elle a insisté pour garder mon numéro de téléphone, sans savoir qu'elle ne récolterait qu'un faux. Toujours et encore des mensonges, ils me collent à la peau comme ce fichu masque.

L'envie de retourner auprès de ma famille de cœur me trotte dans l'esprit, je me sens plus en accord avec moi-même. J'arrive à sourire aux gens, j'arrête de fixer mes pieds quand je marche dans la rue. Je n'ai plus peur d'être regardé, du moins, j'arrive à faire taire cette voix me hurlant que « ces yeux » me regardent et me jugent.

Je fais parfois quelques crises qui me poussent presque à abîmer ma peau, je sais que cette maladie ne s'enfuira pas du jour au lendemain, je crois même qu'elle ne disparaitra jamais mais il n'est pas impossible de vivre avec elle. Et chaque pas en avant contre cette anxiété est une victoire à ne jamais oublier.

Je vais souvent seule dans ce petit café à quelques rues d'ici, accompagnée d'un livre que j'ai acheté dans la librairie du coin. Une sorte de pas en avant de ma part. Je commande une boisson à base de café noir et je me pose dans un des sièges confortables de ce restaurant. Au début, j'étais terrifiée à l'idée d'être vue, surtout seule, dans cette enseigne souvent remplie. Toutefois, je me suis rendu compte que les gens ne portaient pas d'attention à ceux qui les entoure.

Il n'y a que toi qui crains le jugement des autres.

C'est cette angoisse qui me faisait croire que ces yeux m'épiaient d'un regard mauvais prêt à m'engloutir dans les abîmes de sa cruauté. Elle voulait que je me noie de ces chuchotements que je pensais mettre destinés. Tout ça n'était encore qu'un mensonge modulé par cet esprit labile.

Un long combat mais pas infranchissable.

Je décide de me lever pour aller prendre une douche, j'ai pas mal de temps à occuper aujourd'hui et surtout je n'aime pas rester dehors longtemps à cause de cette mauvaise sensation qui me poursuit, l'impression que quelqu'un est tout près de moi. Un nouveau tour de mes sens farceurs ?

Je n'ai averti personne, je n'aimerai pas avancer des accusations pareil sans preuve. Je téléphone de moins en moins à Eiji, même si l'envie d'entendre sa voix traverse chaque pensée de mon cœur. Néanmoins, nous sommes de plus en plus occupés, d'après 'Nia, il travaille sur une nouvelle mission très sérieuse qui lui demande beaucoup d'attention. Je n'aimerais pas être la source de son échec.

Je file sous la douche, plus besoin de me bruler la peau, la température ambiante suffit enfin à ce corps déjà bien abimé par l'insecte intérieur qui le ronge. Je n'ai plus besoin de le calciner, de l'asphyxier, car je ne le laisserai plus m'étouffer à nouveau. Cette guerre sans merci entre cette anxiété doit cesser, je veux en sortir vainqueur.

Masked ManWhere stories live. Discover now