Masked Man

11. Meeting

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« Afraid – The neighbourhood»

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Ivy Miller – Présent :

Ces gens me regardent. Ces inconnus me dévisagent.
Leurs yeux...
Cela faisait une éternité que je n'étais pas sortie sans couverture lors d'un Meeting. Une couverture signifiant des heures de maquillage pour couvrir mon teint froid, mes sourcils et cils blancs, recouvrir mes cheveux d'une perruque pour passer davantage inaperçue. Devenir quelqu'un d'autre.

Là, je suis incapable de détacher mon regard de ces yeux.

Ils me regardent.

Tous.
Je ne vois que ça.
Des yeux.
Des bouches.
Des gens qui chuchotent.

Il y en a partout, ils sont braqués sur moi.
Je ne vois plus que des pupilles et des bouches chuchotant à cause de moi.

Des yeux. Partout.

Des chuchotements. Partout.

Mon cœur bat de plus en plus vite dans ma poitrine, ma respiration devient plus difficile à calmer. Je ne peux pas. Mon corps entier se crispe.

C'est impossible.
J'étouffe, ma respiration... Une lame se plante dans mon cœur, mais elle n'est pas réelle, pourtant ça fait un mal de chien. Je suffoque incapable de prendre une nouvelle inspiration sans que cette lame ne s'enfonce davantage dans ma cage thoracique.

Mes mains resserrent leur prise sur ma robe. Ma gorge s'étrangle et déglutir devient de plus en plus difficile.

Ça t'avait manqué Ivy ? De revenir à la réalité des choses ? Tu es terrifiée ? L'être humain te terrifie ?

Je n'arrive plus à penser, mes poumons sont comprimés, mon cœur me poignarde à chaque battement et chaque fois un peu plus fort que le coup précédent. Mes yeux sont clos mais je vois encore la lueur de leur iris partout sur de moi. Mon corps se met à trembler.
Il faut absolument que je sorte d'ici. Absolument.
Je n'arrive plus à respirer. Je crois que je suis en train de faire une crise d'angoisse mais je refuse de m'effondrer devant eux. Il faut que je sorte d'ici.

Alors, je tourne les talons et opère un demi-tour, les jambes chancelantes, la tête baissée, les yeux fermés. C'est facile, il n'y a qu'à faire un tout droit vers la sortie. Une ligne droite, rien de plus simple. À peine élancée, je me placarde contre quelque chose de solide. Je plaque mes mains sur cette surface dure par réflexe. J'ouvre mes paupières, bloquées sur un sweat noir. Mes yeux sont perdus dans le vide de ce tissu. Ma respiration est toujours saccadée, j'hyperventile et ma bouche commence à laisser échapper des légers bruits du combat que je mène. Une main passe dans le creux de mon dos, mes tremblements se calment pour venir quasiment figer mon corps à son contact. L'odeur ambre qu'il dégage s'immerge dans mes narines, son parfum rempli mes poumons d'un baume apaisant.

Silas.

Son geste est doux, légèrement protecteur lorsqu'il resserre notre étreinte. Ses doigts passent sur la peau nue que laisse entre voir ma robe et font naître des sensations étranges en moi. Des sensations qui étrangement détendent mon corps. Mes muscles se décontractent et ma cage thoracique se débouche laissant sortir de nouvelles respirations plus agréables, le nœud dans ma gorge se défait comme un simple ruban. Pourquoi me fait-il tant de bien ? Pourquoi lui ?

- Concentre-toi sur moi. Souffle-t-il à mon oreille.

Je l'écoute et me concentre uniquement sur le geste doux qu'il entreprend dans mon dos. Ma crispation finit par s'évaporer. Mes tremblements disparaissent totalement et je respire enfin à nouveau, sans douleur. Ma main toujours contre son torse, je peux sentir les battements calment de son cœur, le mien s'imprègne du sien pour me faire moins mal.