39. Too Young

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« Everything whorkshout in the end - Kodaline»


Eiji Lynx – 14 ans :

Je traîne des pieds sur le goudron, l'envie de retourner à la maison à quitter mon corps depuis mon entrée au collège.
Pourtant la légèreté est greffée à mon visage, cette fille rend tout plus doux, plus précieux, mais surtout plus spéciale.
Je n'ai jamais été le garçon avec pleins d'amis, je suis celui que personne ne calcule, fringué dans des vêtements trop larges et troués.

Sauf elle. Elle est ma seule amie depuis toujours. Elle rend tous si merveilleux et je suis triste que les gens utilisent ce qui la rend unique pour la blesser. Elle et moi, gardons des secrets et nous le savons, pourtant on se complaît à rester silencieux. Pourquoi ? Je ne sais pas. Parfois, j'ai envie de tout lui dire ou envie de tout savoir sur elle. Seulement, il y a comme un fossé qui se creuse entre nous à chaque fois que j'essaye. La vérité nous est interdite, peut-être pour nous éviter de détruire ce qui fait vibrer mon cœur de façon fluide et sans souffrance à ses côtés.

Hélas, mon retour à la maison me resserre déjà l'estomac. J'ouvre la porte. Les pièces sont sombres, ça pue le renfermer. J'essaie de garder la maison propre toutefois nous n'avons pas les moyens pour payer ce qui la fera briller, ce qui enlèvera les taches du sol et cette ambiance qui me rend malade.

Papa n'est pas là, il ne revient presque plus de toute façon. Il dit qu'il travaille dur pour aider maman à guérir, son travail l'épuise, l'affaiblit. Lui qui avait le parfait charme est devenu tout l'opposé. Toujours la barbe mal taillée, ses cheveux de feu ont fini par déserter entièrement son crâne sûrement à cause de l'angoisse de ce fameux travail.

Je jette un coup d'œil au le salon. Elle est là, dans le canapé une cigarette entre ses mains se consumant alors qu'elle semble dormir paisiblement.
Je m'approche d'elle, Rita Lynx, ma mère ou du moins ce qu'il reste d'elle. Des années qu'elle ne travaille plus, des années que son état chute depuis qu'elle a commencé à fumer ces trucs qui ne sentent pas comme la cigarette que certains collégiens fument discrètement devant l'enseigne du bâtiment.
Elle dort souvent et quand elle ne dort pas la colère envahit son visage, la tristesse, l'ennuie de ce monde.
Je ne suis pas stupide pour savoir qu'elle souffre d'une addiction à ces cigarettes étranges.

Seulement papa et moi avons déjà tout essayé pour la guérir, papa dit qu'il faut de l'argent pour une désintoxication qu'il travaille pour ça car les mots ne suffiront pas à la faire lutter contre ses substances illicites.
Je l'ai souvent supplié de le faire pour nous. J'ai besoin d'une maman. Mais elle me répond toujours que c'est trop dur, qu'elle n'est pas faite pour ce monde qu'elle admirait autrefois.

Après son licenciement c'est là que tout a dégénéré, un travail pour qui elle se donnait corps et âme, qui la rendait vivante et présente pour nous, aimante et forte. Il faut croire que son boulot était plus sa raison de vivre que nous. Ma mâchoire se crispe à cette pensées.

Je récupère la cigarette dans sa main et l'écrase dans le cendrier pleins. Je la regarde, elle semble si apaisée avec ses cheveux blonds couvrant une partie de son visage. Des cheveux sales et emmêlés, elle ne prend plus soin d'elle. Sa peau est devenue ridées, ridées par la consommation excessive de cette fumée.

Je ne perds pas espoir qu'un jour on la sauve, papa travaille pour ça, lui aussi l'aime trop pour perdre espoir. Elle n'est pas une cause perdue, l'addiction ça se soigne, pas vrai ? Alors elle peut s'en sortir, elle peut m'aimer à nouveau, nous aimer à nouveau. On peut devenir son ancrage dans cette terre.
Mon cœur d'enfant sait que c'est possible.
Je ne peux pas laisser tomber ma maman.
C'est inconcevable.

Masked ManWhere stories live. Discover now