Ⅴ. Puppet

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"House of balloons- The weeknd"




Ivy Miller – Présent:

Une semaine que je suis enfermée dans cette prison. Une pièce vide où seul un matelas règne sur le sol froid et humide. Un plateau traine encore par terre, un verre d'eau vide et une assiette vide, que j'ai partagé à mes voisins de cellule. Ils sont tous amaigris, je trouvais ça injuste d'être la seule à pouvoir manger.

Je tourne en rond, si cet endroit est là pour me rendre folle, je crois que c'est gagné. L'ambiance sombre de cette pièce, mes voisins bloqués dans des silences terrifiant en attendant que leur heure approche. Je ne suis même pas sûr qu'ils aient un jour l'espoir de sortir d'ici, ils savent qu'ils sont condamnés pour toujours entre ces quatre petits murs humides.

Je suis debout entrain de compter les barreaux devant moi pour la quarantième fois.

Tu veux vérifier qu'il y en a toujours vingt-quatre ?

Il faut croire.

Mon acte au Meeting n'aura pas été sans conséquence, il fallait s'y attendre. Envoyée au cachot comme une mal propre. Coupée encore plus du monde extérieur, rongée davantage par l'anxiété, mes parents n'ont pas besoin de m'infliger des douleurs physiques, je le fais déjà seule, mes poignets et mes cuisses sont brulés. Mon esprit me punit déjà assez, et ça depuis toujours. Ils espèrent en me maintenant prisonnière ici que je change d'avis, que je sombre dans la folie mais je ne le ferai pas. Ils n'auront jamais se plaisir même si cela me permettrait de faire taire cette voix qui me remémore ses yeux émeraudes d'un mystère envoutant.

L'intérieur de mon cœur est mort le jour où je l'ai perdu mais son enveloppe lui me resserre encore la poitrine en y repensant.

Je tente de tout mon être de ne pas penser à eux. A cette famille que j'ai perdu en tombant dans le piège de ma génitrice. Eddy a perdu son meilleur ami, lui qui avait déjà si peur de le voir s'éloigner de lui. Xénia avait beau vouloir le tuer à chaque fois qu'ils se parlaient, il y avait entre eux un lien pur, une haine remplie d'amour et de protection. Elle me faisait parfois penser à une grande sœur qui tentait de résonner son petit frère têtu, pourtant elle était la plus jeune dans cette histoire.

Sa perte aura au moins donné de la joie à une personne. Liz. Voir qu'elle avait eu raison de se méfier de moi dès le début. Elle savait que je conduirais à leur perte, ça doit sacrément la rendre fière d'avoir eu raison.

Pour quel genre de monstre me prennent-ils maintenant ? J'ai pris dans mon chaos celui qui avait donné une raison à leurs vies ? Kol a été si gentil avec moi, il doit maintenant s'en vouloir de m'avoir accordé autant de bienveillance. J'avais prévenu ce garçon aux yeux verts que ma famille l'aurait détruite, c'était de ça que je voulais le protéger en gardant mes secrets. De la mort.

Je sors de ma poche un collier que j'ai fabriqué moi-même à mes heures perdues dans la grande villa. J'ai fait attention à le garder caché de tous, une chaine argentée où se trouve une petite fiole remplie de feuilles blanchâtres, des miettes d'une feuille sèche de Chrysanthème blanche.

Je ne regrette pas d'avoir fait ça à ce pétale. Si j'avais su que ça allait être la dernière chose qui me resterait de lui. Après les premiers bouquets, je n'ai pas été assez stupide pour comprendre que ces fleurs provenaient de lui. Je ne lui ai jamais demandé pourquoi, mais c'était lui qui venait les changer sur ma table de chevet dès qu'elles commençaient à faner. Un jour, j'ai décidé de garder cet acte en souvenir dans cette petite fiole. Personne ne m'avait jamais offert de fleurs avant lui, et il l'a fait à sa manière, en gardant son côté mystérieux qui ne me laisse jamais indemne.

Masked ManWhere stories live. Discover now