40 - Excuses contre secret

42 6 6
                                    

Chapitre 40 : Excuses contre secret

- Explique-moi exactement ce qu'elle t'a dit.

- C'est suffisamment humiliant pour que je ne te le répète pas, lui souffla Conrad, qui commençait à s'impatienter de la véracité de sa partenaire.

Il avait soufflé toute la journée, que ce soit aux entraînements et même en mangeant, et n'avait pratiquement pas décroché un mot à Félix, qui ne s'en n'était guère soucié. Mais elle lui était éternellement redevable pour la prise de risque qu'il avait encouru et les efforts conséquents qu'il avait fait depuis le début, elle ne pouvait pas le laisser partir sans tenter de comprendre. Et à force de ténacité, le garçon avait fini par céder et lâcher quelques informations, dont une qui la mettait particulièrement en colère. Il avait été approché par Livia suite à la compétition, et cette dernière s'était amusée à, visiblement, l'humilié sans aucun remord. Maladroitement, il avait ruiné sa vie, mais apparemment, ils étaient voués à l'échec, alors ce n'était pas non plus dramatique. Ils auraient vite cherchés de nouveaux partenaires pour combler le manque de technique. Simplement, elle se doutait que les circonstances de cette recherche ne plaisait pas à Livia, qui était habituée à la stabilité de leur couple, mais parfois, il fallait savoir mettre ses exigences de côté pour trouver. Son avis n'était pas objectif, puisqu'elle ne s'était jamais entendue avec Livia, mais elle n'arrivait pas à lui trouver de véritables qualités qui pourraient lui plaire.

Ou plutôt si, elle en distinguait tellement que c'était dur de commencer par une seule. Livia avait l'émotion, la charme et la beauté, ce qui la caractérisait davantage comme une femme, selon les journalistes, tandis qu'elle se contentait de la technique et de la grâce. Elles avaient le même âge, à quelques mois près, mais tout le monde la voyait encore telle une adolescente, son visage n'était pas encore marqué par les traits fins et élégants qu'on attendait d'elle. Livia symbolisait une femme très jeune, sensuelle et qui avait connaissance du poids qui pesait sur ses épaules. Malgré sa disparition, la jeune fille n'avait jamais complètement quitté les journaux, chaque mois, un article la concernait, elle et son physique qui pouvait concurrencer les seniors. A la compétition du week-end dernier, Céleste devait l'avouer, elle l'avait trouvé resplendissante dans son costume et elle illuminait la patinoire sombre. C'était cette perfection physique et sa morale qui l'agaçait. Elle apparaissait comme quelqu'un de profondément gentil et généreux, qui n'hésitait pas à donner de sa personne pour les autres, douce et calme. En d'autre terme, l'exact contraire de ce que Céleste laissait apercevoir. Son patinage n'était pas aussi technique que le sien, mais les journalistes s'en contentaient.

Céleste n'était pas jalouse dans la vie quotidienne, mais Livia constituait son unique exception. Comment ne pas se comparer face à ce mannequin ? Elle était fine, svelte et relativement petite, avec de longues jambes qui l'aidaient dans ses déplacements. L'idéal de beauté dans tous les sports artistiques personnifié. Céleste était différente, fine mais des muscles qui ressortaient et qui détruisaient l'harmonie et l'élégance de son sport, grande au point de dépasser de plus d'une tête certaines filles et ses jambes n'avaient pas la forme souhaitée. Livia était absolument parfaite physiquement, et en plus de la mésentente déjà présente et tenace, cette perfection contribuait à la haine que lui vouait la jeune fille. Elle ne se l'avouait jamais entièrement, mais elle savait que si son physique n'était pas tel qu'il était, la patineuse l'aurait davantage supporté qu'actuellement.

- Lâche l'affaire, je ne t'en dirais pas plus. Et dépêche-toi, ils doivent nous attendre.

En l'honneur de leur victoire, leurs amis avaient prévu d'organiser une soirée, qui se terminerait de toute évidence vers vingt heure trente, dans les locaux de la patinoire. La température extérieure avoisinait le négatif, et malgré la bonne volonté de tout le monde, ils n'étaient pas prêts pour affronter cette épreuve. Ils avaient demandé toutes les permissions possibles et imaginables pour être certains de ne pas enfreindre des règles, et ainsi ne pas recevoir d'avertissement qui les exclurait temporairement de ce centre. Céleste avait insisté auprès de ses parents pendant près d'une semaine, usant d'arguments valables et ils avaient finalement cédé, en exigeant qu'elle révise et fasse ses devoirs avant d'y aller. Cela ne l'arrangeait pas puisqu'elle allait devoir y passer des soirées entières, le rythme s'intensifiait, mais elle n'avait pas râlé et avait accepté le marché de ses parents. Elle avait réussi à glisser des boissons dans cet accord, et s'était ainsi promenée toute la journée avec de lourdes bouteilles dans son dos. En franchissant le seuil de la porte, la première personne qui la frappa fût Marius, qui attendait près de la porte. Elle eut un sourire narquois ; il était déjà proche de la sortie.

Le Revers de la MédailleWo Geschichten leben. Entdecke jetzt