Bêtes

Chapitre 16 : Partir

357 : année du Conseil des Tribus, Montagne d'Ao

Près de cinq mois étaient passés depuis que Draco avait atterri dans la grotte de Harry et la nouvelle année avait pointé le bout de son nez. On sentait l'hiver petit à petit disparaître et laisser place aux gazouillis des oiseaux et aux fleurs.

Draco sortit de la grotte. Il allait mieux. Il avait eu beaucoup de chance de tomber sur le garçon, vraiment. Il était en plus bien traité. Il se surprenait parfois à quémander les caresses que Harry lui faisait entre les oreilles et sur le ventre. Et son sang... Quel délice. Il pouvait s'en passer maintenant, mais il voulait être sûr que toutes ses plaies soient guéries. Qui sait, l'une d'entre elles se cachait peut-être très bien sous sa fourrure et risquait de s'infecter s'il partait. Il ne pouvait tolérer cela.

Draco admettait qu'il dépassait un peu les bornes. Il devrait rentrer vers son clan, mais il se sentait si bien avec le garçon. S'il le pouvait, il resterait sur cette montagne, avec lui. Après tout, ses confrères l'avaient trahi et personne ne l'avait jamais aussi bien traité. Même pas son Maître...

Draco s'ébroua. Non. Il devait arrêter de penser comme cela. S'il se sentait si bien c'était à cause du pouvoir du sang du garçon. Pour rien au monde il n'allait oublier où était sa vraie place...

Draco trouvait que Harry râlait beaucoup et avait une fâcheuse tendance à se prendre pour la plus grande victime que ce monde n'ait jamais connue. Mais il pouvait comprendre. Vu ce que lui racontait Harry, le garçon évoluait dans une atmosphère étrange où tous l'adulaient ou l'enviaient. On l'avait gardé dans sa bulle et tout le monde le voyait comme un être indispensable à leur vie. Rien de plus normal qu'il ait fini par prendre la grosse tête. Il était étonnant de voir que malgré tout, Harry avait gardé son humilité et sa joie de vivre. Il s'esclaffait pour la moindre petite chose... Son doux rire résonnait encore à ses oreilles comme des petits éclats de bonheur...

Par Mordred, que m'arrive-t-il... Qu'est-ce que ce mage de sang m'a fait ?!

Draco ne comprenait plus ce qu'il ressentait. Parfois il avait l'envie impérieuse de dévorer Harry, d'autres fois, sa présence lui était tellement indispensable qu'il ne pouvait s'empêcher de se frotter contre lui.

Draco prit soudainement conscience d'une chose. Il s'attachait au petit humain... S'il ne partait pas dans les plus brefs délais, il ne voudrait plus jamais repartir.

Oui. Tout cela devait cesser.

Cette nuit était agréable, fraîche, à peine venteuse. Draco prit sa décision. Il devait partir. Maintenant.