CHAPITRE QUATORZE
« Je suis sortie avec un tas de garçons — ça n'a jamais rien donné. »
* * *
Deux jours plus tard, pendant mes heures de travail à la laverie, je lève les yeux de mon InStyle Magazine et je regarde dehors par hasard. L'équipe d'entretien est en train d'intervenir sur le gazon. Parmi eux, j'aperçois Stewart en bleu de travail. Ses cheveux blonds dépassent de sous sa casquette de baseball.
Je m'approche de la fenêtre pour observer le groupe. Ils discutent en piochant la terre avec leurs pelles. Le travail n'avance pas vite. Stewart reste à l'écart — c'est un bébé par rapport aux autres.
Je m'assois sur le rebord de la fenêtre et je l'épie. Il s'adosse à la camionnette, boit son café, sort une pelle, s'appuie dessus et la range presque aussitôt.
Quelques minutes plus tard, l'équipe remonte dans l'utilitaire et s'éloigne. Je retourne à mon fauteuil et reprends mon magazine. J'essaie de lire mais je ne parviens pas à me concentrer. Plus maintenant. Je me dirige à nouveau vers la vitre et je fixe la pelouse déserte.
Je me remémore la soirée que j'ai passée au Carlton avec Stewart. Dans ses moindres détails.
Je songe à ce qu'il a dit. À ce que j'ai répondu. À son allure, là, planté sur le trottoir, avec ses épaules carrées et son visage silencieux... Puis, je descends de mon nuage et je me rassois. Je ne sais pas pourquoi je rêvasse. Je suis sortie avec un tas de garçons — ça n'a jamais rien donné.
J'attrape mon InStyle Magazine d'un geste sec. C'est ridicule, rien que d'y penser.