Chapitre 46: Camille

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Vendredi 25 Octobre:

Camille:

    Comment annoncer à son petit ami, que l'on aime, qu'on ne veut pas aller à une soirée où il nous invite ?

    Ses amis veulent fêter les vacances et sortir dans un bar de la ville. Seulement, je ne les connais pas mais dans un sens, je dois faire l'effort. Lui a déjà rencontré les miens. Je ne peux pas lui refuser une chose, que je lui ai demandé de faire demain. Et puis cela a l'air de lui tenir à coeur. Le problème c'est que j'ai vu ses gens sur Facebook, grâce à celui d'Adriel, et je vais faire tâche dans le décor. Ils sont tirés à quatre épingles et propres sur eux. C'est une école de bcbg, tout ce que je ne suis pas. La vérité c'est que je vais faire honte à Nolhan. Si je dis ça à Noé, il va me tuer.

- Tu peux y aller mais pas longtemps, me propose mon meilleur ami.

    Comme j'ai fini les cours plus tôt, je suis venu chez Noé. J'ai besoin de conseil pour l'invitation de Nolhan. Depuis qu'il m'a envoyé le message ce matin, je cogite. Je suis partagé entre faire plaisir à mon copain ou à faire mon égoïste. Le choix devrait être vite pris et pourtant j'hésite. Je suis nul pour les relations humaines. Je vois d'avance comment ça va se passer. Je vais être incapable de sortir une phrase, et encore moins savoir quoi dire.

- On va peut-être tomber sur des homophobes, je lance dépité par cette perspective.

- Ça c'est une excuse. Tu peux tomber sur des homophobes de partout et si Nolhan t'a invité, c'est que ses amis sont au courant pour vous deux.

    Je me rends compte que Noé et moi n'avons jamais eu ce genre de conversation. Notre amitié ne cesse d'évoluer. Le week-end dernier, il m'a questionné sur ma relation avec Nolhan, par rapport au suçon. Je ne pouvais pas lui mentir, mais sans raconter les détails non plus. J'ai l'impression que Noé a mûri d'un seul coup. C'est en voyant son air si serein que ma décision s'impose. Il dépasse ses peurs jours après jour, il est de mon devoir de faire la même chose.

- Je vais y aller, j'annonce en prenant mon portable pour envoyer la confirmation de ma venue à Nolhan.

- Sage décision. Ton copain sera enchanté.

- C'est exactement ce qu'il vient de me répondre.

- Je garderais mon téléphone vers moi, comme ça on pourra parler.

    Je culpabilise aussitôt que Nolhan me dit à quel point il est touché que j'accepte. Je soupire bruyamment. Je ne dois pas partir dans l'optique que cette soirée va mal se passer, sinon c'est là que je ferais tout capoter. C'est à mon tour de me démener pour mon petit ami.

- Tu devrais mettre ta chemise bleue, celle qui te va si bien au teint, ajoute Noé. Tu feras craquer tout le monde dedans.

- C'est surtout Nolhan que je veux faire craquer.

- Ce sera chose faite avec cette chemise.

    Pour camoufler ma gêne, je ricane bêtement. La dernière fois que Nolhan m'a vu en chemise, il me l'a retiré sur-le-champ. Les souvenirs de la suite me font rougir. Elle m'a valu le fameux suçon, qui commence tout juste à disparaître. C'était extrêmement embarrassant d'aller chez ses parents avec cette tâche dans le cou, que le col ne cachait pas. Son père l'a remarqué vu la réflexion qu'il nous a dit. Elle était gentille mais elle nous a mis mal à l'aise tous les deux. Notre vie intime n'a pas besoin d'être étalée devant nos familles. Personne n'a à savoir ce que nous faisons ou pas dans nos lits.

    Je crois que quelque part, tout au fond de moi, je redoute de ce que les gens vont penser de moi. Je les vois imaginer ce que les caricatures représentaient. Et c'est peut-être ce que vont dire ses amis ce soir. Si j'en fais part à Nolhan, je vais lui briser le coeur. Une boule d'angoisse commence à grossir dans ma gorge. Mon meilleur ami me signale, à juste titre, que je peux partir de la soirée à tout moment.

Pour notre AvenirWhere stories live. Discover now