Chapitre 42: Camille

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Lundi 30 Septembre 2019:

Camille:

    Le message d'Adriel me laisse perplexe. Je veille toujours sur Noé et je ne crois pas que ce soit nécessaire aujourd'hui. Mon meilleur ami rayonne. Pour cela je peux remercier Malo, avec qui il parle par texto depuis ce matin. L'inquiétude de l'anglais est due au fait que Malo est au courant, mais Noé ne va pas sombrer. Il ne simule pas sa bonne-humeur, je le sens.

- Est-ce qu'on pourra bosser la littérature comparée pendant la pause tout à l'heure ?, me demande mon meilleur ami en chuchotant.

- Oui bien sûr. Tu veux qu'on rentre chez toi ?

- Non pas ce n'est pas la peine, on ira à la bibliothèque. Je ne veux pas te faire faire des aller-retour.

    C'est une première, Noé a toujours refusé de s'y rendre. Trop de monde, trop de bruit, il ne se sentait pas à l'aise à l'intérieur. J'espère qu'il ne cherche pas à se prouver quelque chose. Ça ne m'embête pas de faire les trajets. Noé insiste même pour que nous mangions tous les quatre à midi au réfectoire. C'est exactement ce que je pensais, il veut tester ses limites, dans ce qu'il n'a pas été capable de réaliser jusqu'à maintenant. Mon rôle est de rester en retrait, en tant que support. Il n'y a plus de place pour le pessimiste, pas après toutes ces avancées.

    Notre cours de littérature française se termine un instant plus tard. Dans les couloirs, pour rejoindre notre prochaine salle, j'envoie un message à Adriel et Sam afin de les prévenir que nous mangerons avec eux. Nous nous installons pour notre cours d'histoire de la langue. Nous gardons les mêmes places à chaque fois, Noé contre le mur et à ma gauche.

    L'heure de notre pause est arrivée. Noé marche à mes côtés, la posture droite. Il n'y aucune crainte dans sa démarche. Je ne l'ai jamais vu aussi assuré, j'en ressens une grande fierté. Comme si il devine mes pensées, il tourne sa tête vers moi et me sourit, que je lui rends automatiquement.

    Sans nous concerter, nous choisissons une table un peu à l'écart, entre deux étagères. Je sors les affaires dont j'ai besoin, tandis que Noé s'assoit et croise les bras sur le bois. Je fronce les sourcils, ça va être dur de l'aider si il ne me montre pas ses cours.

- J'aimerais bien te parler d'un truc important, n'annonce-t-il et je comprends que sa demande n'était qu'une excuse.

- Bien sûr !, je m'empresse de répondre.

    Il se mord la lèvre, hésitant. Je l'encourage à poursuivre grâce à un sourire. Après un léger soupire, il ouvre la bouche.

- Les études de lettres ne me plaisant pas, me lâche-t-il avec un soulagement évident.

- Ça fait longtemps que je l'ai deviné.

- J'en étais sûr, réplique-t-il en ricanant. Le problème c'est que je ne sais pas quoi faire d'autre.

    J'attends d'avoir cette discussion avec lui depuis des mois. Noé s'est enfin décidé à m'avouer son ressenti, alors je dois me montrer à la hauteur. Ensemble nous dressons une liste de ce qu'il aime, l'histoire de notre pays arrive en premier, comme je m'y attendais. Le hic c'est que notre université ne propose pas de licence en histoire, il sera obligé de changer d'établissement et ça, c'est hors de question dans l'immédiat. Nous sommes dans une impasse.

- Il faudra faire des concessions, je le préviens gentiment, car c'est inévitable.

- Je sais mais pour le moment je n'ai aucune idée de celle que je vais choisir.

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