Chapitre 25: Samuel

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Jeudi 5 Septembre 2019:

Sam:

J'attends midi pour appeler ma soeur et lui confier que j'ai parlé avec Adriel mardi et avec Noé et Camille hier. Je me sens soulagé, un énorme poids a quitté mes épaules. Il y a un blanc, Jordan doit digérer ce que je viens de lui apprendre. Le silence me paraît durer des heures.

- Jo ?

- Je suis là, me dit-elle mais je perçois un noeud dans sa voix. C'est bien que tu l'aies fait.

Je n'ai pas besoin de la voir, pour savoir qu'elle pleure. Elle pense que ce qui m'est arrivé est de sa faute, parce qu'elle n'est pas restée avec moi pendant cette fameuse soirée. Je lui ai répété des millions de fois, qu'elle n'avait rien à se reprocher. Tout comme Angélique, qui a bien plus de mal à s'en remettre. Elle se sent coupable car c'était son ami et qu'elle nous a présenté. Elle n'est pas responsable de ce qui est arrivé.

Au départ, je pensais être le seul fautif parce que j'étais plus jeune et surtout plus naïf. À l'hôpital, pendant l'examen, ma mère n'a cessé de me dire que je n'avais rien fait de mal. Le seul et unique fautif c'est lui. Le premier jour, j'étais trop sous le choc pour ressentir la moindre émotion, j'étais dans un autre monde. Le lendemain, j'ai pleuré toute la journée en boule dans le lit de Jordan parce que je refusais de retourner dans le mien. Je me suis brûlé la peau à force de prendre des douches. La réalité m'est tombée dessus en relatant les faits devant des policiers.

- Comment ont-ils réagi ? me demande Jordan, après avoir reniflé discrètement.

- Bien, enfin ils ne m'ont pas reproché d'avoir gardé ce secret et de ne pas l'avoir avoué quand Noé nous a parlé de son passé.

- Je savais que tout irait bien. Et Adriel comment s'est-il comporté ?

J'ai cru que mon monde s'effondrait en voyant la pochette de mon dossier sur mon bureau. Je ne voulais pas que ça se déroule ainsi. Adriel ne m'aurait jamais forcé à quoi que ce soit mais j'ai été pris au dépourvu. Rien que d'y repenser, je veux me mettre en boule dans mon lit et épuiser toutes mes larmes. La honte que j'ai ressentie m'a donné envie de disparaître. Elle était si forte. C'était dix fois plus que le jour de mon dépôt de plainte. Parce qu'il s'agit d'Adriel et que le regard qu'il allait poser sur moi me terrifiait.

- Il a été génial, je finis par répondre en respirant son odeur sur son t-shirt que je porte.

- C'est-à-dire ?

- Il ne m'a pas lâché Jo, il m'a gardé dans ses bras tout le long de mon récit. Il est resté avec moi, ne m'a pas jugé et il ne s'est pas moqué quand je lui ai dit pour... enfin tu vois quoi, il n'a même pas souris.

J'aurais pu expliquer à Adriel mon agression sans lui parler de mon problème physique mais je voulais être honnête, ne plus mentir. C'était le plus gênant, pas uniquement parce que je l'aime et que j'espère une relation tous les deux. C'est beaucoup plus qu'un simple complexe, il est réel et tellement humiliant. Je ne sais pas si un jour j'arriverais à lui montrer mon corps. Surtout qu'il est habitué aux hommes beaux et bien foutus. 

- Sam ?, m'appelle Jordan. Ça va ?

- Oui, pardon.

- Je te disais que la situation ne lui a pas donné envie de rire et Adriel te respecte trop pour ça.

Ma soeur a raison. Je crois qu'il a compris ce que j'allais lui apprendre. Quand j'ai commencé mon récit, il s'est crispé. Je ne sais pas si il s'est rendu compte que ses poings se sont serrés lorsqu'il a su. Son visage s'est transformé, rempli de colère. Cette nuit, il était agité, tous ses muscles étaient contractés. Ce matin, au réveil, il a fait comme si tout allait bien. Il a préparé mon petit-déjeuner, me souriait, me câlinait. Il avait peur que je m'effondre à nouveau. Il voulait sécher encore les cours aujourd'hui, ce que j'ai refusé.

Pour notre AvenirWhere stories live. Discover now