Chapitre 4: Samuel

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Vendredi 16 Août 2019:

Samuel:

    Dans le restaurant thaïlandais de ma grand-mère, nous avons notre table attitrée. C'est donc là que nous sommes assis, Adriel, Noé et moi. En cette période d'août, il y a surtout des touristes dans l'établissement. Encore plus en début d'après-midi. Durant l'été, grand-mère ne ferme pas le resto entre le service du midi et celui du soir. Elle propose une sorte de salon de thé, façon Thai.

- Ce sont des cousins à toi Samy ?, me demande l'anglais en me désignant un groupe d'Asiatique.

    Je roule des yeux à sa remarque mais me retiens de tout commentaire en voyant Noé retenir un rire. Je pince les lèvres, ce qui le fait hausser les sourcils. Ad et son talent inné pour me faire sortir de mes gongs.

    Adriel est le plus grand d'entre nous, en taille. Il dépasse le mètre quatre-vingts, alors que moi j'atteins difficilement le mètre soixante-dix. Ses cheveux bruns très clair, ainsi que ses yeux bleus/vert, lui attirent tous les compliments. Rajouter à cela une belle gueule et un accent britannique, il fait tourner plus d'une tête. Et il sait comment jouer de ses charmes pour attirer des hommes dans son lit.

- C'est légèrement raciste ce que tu viens de dire, je lui fais tout de même savoir.

- Tu as perdu ton sens de l'humour avec la canicule Samy...

- Arrête avec ce surnom stupide !, je le coupe, me retenant de donner un coup de poing sur la table.

- Je sais que tu adores quand je t'appelle comme ça, Samyy, réplique-t-il en exagérant sur mon diminutif.

- N'importe quoi ! Tu...

- Papa, maman, intervient Noé. Si vous pouviez arrêter de vous disputer s'il vous plaît.

    Un soupir s'échappe de mes lèvres et je croise les bras sur ma poitrine. Je connais les deux hommes qui m'entourent. Ils font diversion pour ne pas laisser l'angoisse de la rencontre à venir les dominer. Je ne peux que les laisser faire et les encourager. C'est pour cela que je laisse Ad et Noé se moquer gentiment de mon manque de dérision, d'après eux.

    En passant à côté de nous, ma grand-mère me fait un petit signe de la main. Je la suis du regard, aller apporter un cocktail à deux garçons attablés plus loin. Ils étaient déjà là lorsque nous sommes arrivés. Il y a plus d'une heure de ça et ils venaient de finir leurs desserts. Qu'est-ce qu'ils attendent ? Car en règle générale, deux jeunes ne passent pas leur après-midi dans ce genre d'endroit.

- Tu mates qui Samy ?, me ramène Adriel et sa phrase me fait lever les yeux au ciel.

- Personne.

- Lequel des deux ?, insiste-t-il.

    Noé qui est assis à mes cotés, se retourne pour voir de qui nous parlons. Je l'entends échapper un soupir. Il n'aime pas ce genre de conversation. Les hommes restent un sujet assez tabou pour lui.

    Il y a quatre semaines en arrière, je serais rentré dans le jeu d'Adriel, rien que pour observer sa réaction, en lui disant lequel des deux hommes je préfère. Mais aujourd'hui, après l'été que je viens de passer, je n'ai pas le coeur à ça.

    D'ailleurs, il a remarqué quelque chose. Dès notre retour de l'aéroport, je l'ai senti suspicieux. Ses regards en coin, ses questions qui se voulaient innocentes. Je ne pourrais pas lui dire la vérité aujourd'hui, cela serait trop pour une seule journée. La vérité sur quoi d'abord, sur ce que je leur cache depuis notre rencontre ? Si ils savaient que je leur mens, je les perdrai. C'est juste impensable pour moi. Je ne peux pas vivre sans eux.

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