Chapitre 11: Camille

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Jeudi 22 août 2019:

Camille:

    Je finis de boutonner ma chemise, fraîchement repassée. Il faut que je me reprenne avant que le stress m'envahisse pour de bon. Le rendez-vous de ce soir, avec Nolhan, me rend nerveux. C'est notre premier rencard officiel, rien que tous les deux. Nous avons prévu d'aller au restaurant puis au cinéma. Je ne vais jamais tenir la soirée, mon haut commence déjà à me coller.

    J'ai changé cinq fois de tenue. Sous l'avis de ma mère -je pense qu'elle commençait à perdre patience de me voir faire-, j'ai opté pour celle que je porte actuellement. C'est peut-être trop simple, juste un jeans noir et une chemise à carreau rouge et bleu. Dans une panique totale, j'ai envoyé une photo de ma tenue à mes amis, ils ont tous les trois validés. Ça me rassure, un peu.

    Le reflet que me renvoie le miroir me fait grimacer. J'ai un physique banal. Mes cheveux blonds sont termes et ce ne sont pas mes yeux marron avec des nuances de vert et gris, cachés sous mes lunettes, qui vont arranger ça. La forme de mon visage n'a rien d'exceptionnel. Mon nez est trop petit, mes joues un peu trop rondes et je trouve mon menton trop pointu. Rajouter à tout cela, une peau imberbe. Je ne suis pas charismatique comme Adriel, ou beau comme Sam et Noé. Je me demande même ce que Nolhan me trouve.

    J'essaye de me coiffer, en appliquant un peu de gel pour tenir mes cheveux sur le côté. De toute façon, je ne peux rien faire de plus. Je soupire et détourne les yeux. Une boule se forme dans ma gorge. Mes paupières s'humidifient. Non, je ne dois pas pleurer. Mes parents vont s'en rendre compte et ils vont s'inquiéter. Ce que je ne veux pas. À cause de moi, ils ont assez eu leurs lots de soucis. Je ravale mes larmes.

    Lorsque je rejoins mes parents, ma mère complimente mon apparence. Honteux de mes sombres pensées, je baisse la tête. Mon père soutient ma mère et je suis encore plus mal à l'aise. Bien sûr qu'eux certifient le contraire et me disent que je suis beau mais ce sont mes parents, alors ils ne sont pas objectifs sur ma supposée « beauté ». Je n'ose pas leur demander d'arrêter, ils vont tout de suite deviner que je suis toujours complexé par mon physique. Ma mère serait dévastée et je me suis promis de ne plus les voir tristes par ma faute.

- Nolhan doit venir à quelle heure ?, me questionne papa.

- Dans trente minutes, je lui réponds après avoir regardé ma montre.

    Je ne peux pas mentir à mes parents. Alors ils ont été les premiers à savoir pour le retour de Nolhan dans ma vie. Au départ ils ont réagi comme mes amis. Ils refusaient que je le voie. Ma mère était dans tous ses états. Canaliser mon père a été très compliqué, il était prêt à se jeter sur Nolhan. Les convaincre a pris des jours, suivis d'une discussion des plus malaisante tous les quatre.

    Finalement mes parents ont accepté de lui laisser une seconde chance. Ils suivent notre relation avec minutie mais je les comprends. Nous n'en parlons plus, seulement je sais qu'ils ne se sont pas remis de mon harcèlement. C'est toujours là, dans un coin de leur tête. Ça reste dans la mienne aussi, bien sûr. La preuve, je suis sur aucun réseaux sociaux.

    Quand c'est arrivé, que mes parents ont découvert le cyber-harcèlement que je subissais, ils ont été anéantis. Mon père a tapé un véritable scandale au lycée, traitant le directeur de tous les noms. Celui-ci voulait étouffer l'affaire, protéger les élèves. Ça ne l'a pas dérangé de savoir que mes camarades m'avaient pris pour cible. Il a même essayé de se décharger de toutes responsabilités, car d'après lui rien n'avait eu lieu dans l'enceinte de l'établissement, ce qui est faux. Mon père l'a accusé d'homophobie, de favoritisme et de négligence.

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