Chapitre 15: Camille

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Mercredi 29 aout 2019:

Camille:

    Convaincre Noé de m'accompagner demain à la librairie n'est pas une mince à faire. En temps normal, il serait venu avec moi, surtout qu'il y a une boutique proche de chez lui. Seulement, cette fois, j'ai prévu d'y aller avec Nolhan. Comme il reprend les cours la semaine prochaine, il veut que nous profitions au maximum des jours qui nous reste pour les passer ensemble. J'aimerais que Noé vienne avec nous, il est autant passionné par les livres que moi et puis je veux le voir. Je ne me suis toujours pas pardonné de l'avoir laissé tomber.

    Noé pense qu'il va nous déranger Nolhan et moi. Ce qui ne sera absolument pas le cas. Je lui propose même d'inviter Malo, pour qu'il ne tienne pas la chandelle, comme il me l'a dit. Les yeux qu'il me lance freine mon enthousiasme. Pourtant, je suis sûr que ça lui ferait du bien de sortir. Mais je ne peux pas le forcer. J'aimerais que l'initiative vienne de lui. Partager une activité qui nous plaît tous les deux, comme avant.

- Laisse-moi y réfléchir encore un peu, me dit-il alors que nous arrivons devant l'immeuble de Sam.

    Je hoche la tête. Pour le moment j'accède à sa demande, mais je ne lâcherais pas. Noé appuie sur l'interphone, Sam nous ouvre la porte. Il a envoyé un message très tôt ce matin, sur notre groupe WhatsApp, pour nous inviter à prendre le petit-déjeuner chez lui. J'ai été un peu surpris, car d'habitude nous faisons ça le dimanche. Je n'ai rien dit, à part le prévenir qu'avec Noé, nous prenions les croissants sur le trajet. Adriel n'a pas répondu, je suppose donc qu'il est déjà là. Il a sûrement dû dormir chez Sam.

    Lorsque nous arrivons devant sa porte d'entrée, notre ami nous attend sur le seuil. Visiblement il avait hâte de nous voir. Jamais il ne nous a accueillis comme ça.

- Hey, nous lance-t-il.

    Noé et moi, avons chacun le droit à une étreinte. L'amour de Sam est toujours un regain d'énergie. Nous entrons dans son appartement. Adriel n'est pas présent. Étrange. Quand Noé pose la question à Sam, celui-ci nous apprend qu'Ad dort encore. Voilà qui est déjà plus courant. Un peu moins que le canapé soit vide; cela signifie qu'il est dans le lit de Sam. La journée commence bizarrement.

    Nous installons notre table pour manger, il est presque dix heures et la faim se fait sentir. Trois tasses sont déjà mises, une de chocolat pour Noé, une de café pour Sam et une de thé pour moi. Le beurre, la confiture et les céréales sont déjà prêts. Nous nous connaissons par coeur. Après tant d'années à souffrir, c'est agréable; ce sentiment de réellement compter pour des gens.

- Donc heu... pourquoi ce petit-déjeuner improvisé ?, demande Noé, une fois que nous sommes tous les trois assis.

    Sam baisse la tête et joue avec sa cuillère. Ses yeux se posent pendant une fraction de seconde sur sa chambre. Il soupire. Ce n'est que maintenant que je fais attention à son visage, il est fatigué.

- Je ne voulais pas être seul avec Adriel, nous avoue-t-il en chuchotant.

    Choqué par cette vérité, je jette un coup d'oeil à Noé, il est aussi surpris que moi. D'un regard il me fait comprendre qu'il ne sait pas quoi répondre. Nous avons l'habitude des chicanes entre Sam et Adriel, cela fait partie de notre quotidien. En revanche, l'un deux n'avait encore jamais dit une telle chose.

- Pourquoi ?, ose questionner Noé.

    Sam redresse la tête. Ses pupilles brillent d'une façon peu commune. Je réalise enfin. Il s'est passé quelque chose entre eux hier. D'où les cernes qu'aborde l'Asiatique ce matin. Reste à savoir quoi. Noé et moi, nous ne sommes pas aveugles. Nous avons compris depuis longtemps les sentiments qu'éprouvent nos deux amis l'un pour l'autre.

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