Chapitre 17: Adriel

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Jeudi 29 août 2019:

Adriel:

Impuissant, je regarde mes trois amis enlacés sur le canapé. Noé est entre Camille et Sam. Ses pleurs ont diminué mais pas disparu. Il ne cesse de s'excuser mais il n'est en rien responsable. C'est ce que Sam lui répète en boucle depuis qu'ils sont arrivés. Assis sur la table basse, je ne peux rien faire d'autre que de serrer les dents et de secouer ma jambe, sous la colère.

Je ne supporte pas de les voir aussi malheureux. Ils sont bouffés par leurs passés. En croisant le regard larmoyant de Sam, je me promets d'éclater la gueule de tous ceux qui leur ont fait du mal. Dans ses yeux, je vois le désespoir que cette situation lui afflige. Complètement démuni, je me contente de poser une main sur le mollet de Sam et de caresser sa peau.

- Je ne m'en sortirai jamais, murmure Noé, la tête contre l'épaule de Camille.

Mon coeur se pince. La première chose que j'ai envie de lui répondre c'est un énorme « bien sûr que si ! », mais ce n'est pas ce que veux entendre Noé. Du moins, ce n'est pas ce qu'il a besoin d'entendre. Le problème c'est que nous ne sommes pas psychologues et que parfois nous pouvons être maladroit dans nos paroles. Pourtant, ce n'est pas inédit pour lui, de nous dire ça.

- Si Noé, tu vas remonter la pente, affirme Sam d'une voix dure. Aujourd'hui, tu as eu une rechute mais ça ne veut pas dire que tous tes efforts viennent de s'écrouler.

- C'est l'impression que j'ai, avoue-t-il en reniflant. J'ai tout foutu en l'air.

- Non, proteste Camille outré.

La seconde d'après, Noé se retrouve étouffé par les bras du blond. Il y a eu trop d'émotion pour aujourd'hui. Une conversation sérieuse sur le sujet qui l'a emmené à faire une crise d'angoisse, ne servirait à rien. Il y aurait trop de pleurs. Noé doit juste comprendre qu'il ne doit pas abandonner. Sam a raison, ce qu'il s'est passé tout à l'heure n'est pas une fatalité. Il doit prendre en compte les trois années qui viennent de s'écouler.

Je ne sais pas combien de temps nous restons à consoler Noé, mais l'heure du dîner est dépassée et la nuit commence à tomber. Nous n'avons pas bougé d'un millimètre. Demain, nous aurons les mots justes, toute pression sera redescendue. Et puis, de toute façon Noé s'est endormi sur les jambes de Camille. Trop épuisé par ses larmes.

Sam se lève, le plus doucement possible et va chercher des draps pour installer le canapé/lit, ainsi que des vêtements pour Noé et Camille. Ça fait longtemps que nous n'avons pas passé la nuit chez Sam, tous les quatre ensemble.

J'envoie mon meilleur ami prendre une douche et se changer, pendant que je m'occupe de faire leur lit. Camille vient juste de libérer la salle de bain. Délicatement, il réveille Noé et lui tend un pyjama. Au ralentit, celui-ci se dirige vers la chambre et s'enferme. Le blond et moi, ouvrons le canapé et mettons les draps.

Camille reste silencieux, ce qui m'inquiète. La crise de Noé l'a remué et il ne va pas oser nous en parler devant le concerné. J'essaye de lui sourire mais je vois bien que ma démarche tombe à l'eau. Le retour de Noé m'empêche de tenter autre chose. Il va directement s'allonger dans le canapé. Je me penche à sa hauteur et lui embrasse le front. Il est exténué.

Peu de temps après, Sam nous rejoint. À son tour, il va saluer Noé d'un baiser sur la joue. Ensuite, il va étreindre Camille. Je le vois, lui chuchoter quelque chose à l'oreille, ce à quoi le blond lui répond en hochant la tête. Lorsque Sam se recule, ses yeux plongent dans les miens, d'un geste de la main il me signale qu'il va dans sa chambre.

- Tu veux manger un peu Cam ?, je propose finalement, après un long silence.

Même si il refuse, je l'entraîne dans le coin cuisine. Nous n'avons rien avalé depuis des heures, il doit se nourrir avant de dormir. Je ne veux pas qu'il aille se coucher le ventre vide. Je remercie intérieurement Sam de toujours prévoir un truc pour nous dans son frigo. Ce que préfère Camille, ce sont les compotes à boire pomme/poire. Je m'empresse de lui en donner deux.

Pour notre AvenirWhere stories live. Discover now