Chapitre 27: Adriel

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Mardi 10 Septembre 2019:

Adriel:

À peine les portes franchies que je regrette déjà d'avoir menti à Sam. Rien que de l'imaginer seul chez lui, en train de gamberger alors que je lui avais promis de rester à ses côtés, me mets en colère. C'est hypocrite de ma part parce que je ne fais pas demi-tour pour autant. Non, à la place, je m'assois sur un tabouret du bar et commande une bière.

Le barman commence à bien me connaître. Il se permet de me demander ce que je fous là un mardi soir, la veille de cours. Qu'est-ce qu'on vient faire généralement dans un bar ? Se vider la tête et essayer de penser à autre chose, en picolant comme si il n'y aura pas de conséquences. Ce que je fais à l'heure actuelle, alors que selon mon mensonge, je devrais être chez moi avec ma famille. J'avais juste besoin d'être seul pendant une soirée.

La vérité, c'est que j'ai du mal à oublier ce que Sam m'a dit, ça m'obsède. C'est dans mon esprit toute la journée. Savoir ce connard en taule pour cinq ans ne me satisfait pas. De toute façon avec les remises de peines, il va en sortir beaucoup plus tôt. Justice française de merde ! Un monstre de son type devrait croupir en prison pour le restant de ses jours.

Quand Noé nous a dit avoir été violé, ça m'a mis dans une colère noire mais là c'est d'un autre niveau. Visualiser mon Samy allongé dans un lit, sans défense avec un mec qui l'agresse me met dans une rage folle et me donne envie de tout taper. C'est différent parce que j'aime Samuel. Plus je l'imagine et plus ça me rend dingue mais je ne peux pas m'en empêcher. Je pensais être plus fort mais faut croire que quand ça touche Sam, je suis plus sensible.

Léna m'a posé des questions en me voyant constamment sur les nerfs. Je n'ai pas réussi à lui parler, ni à lui avouer ce qui me tracassait. Ça ne plairait pas à l'homme que j'aime, de savoir ma mère au courant de son passé. Il en serait mal à l'aise. Et puis, j'étais incapable de le redire à voix haute.

- Qu'est-ce que tu fais là à broyer du noir ?, intervient un mec que je commence à bien connaître.

- Comme tu l'as dit, je broie du noir.

Arnaud s'installe sur le tabouret à ma gauche, il me sourit compatissant. Je n'ai pas envie de m'amuser. Il a au moins la courtoisie de ne pas me demander comment je vais. Il se contente de commander une boisson alcoolisée. En revanche, je ne me gêne pas pour le questionner sur sa présence ici.

- J'en avais marre d'être seul chez-moi. Et toi, tu n'es pas avec ton asiatique ?

- Non.

- Oh, y'a de l'eau dans le gaz ?

- Non.

Mes réponses sèches ne semblent pas arrêter sa curiosité. Il a le culot de m'annoncer, en rigolant, que j'ai bon goût car Sam est sexy. Je serre les poings et me retiens de toutes mes forces de ne pas lui coller dans la gueule. Je tolère déjà qu'il tape l'incruste donc qu'il ne pousse pas trop sa chance. À mon regard sombre, il comprend tout seul qu'il ne doit pas s'aventurer sur ce terrain. Ma réaction le fait ricaner. Et moi qui commençais à l'apprécier.

- Qu'est-ce qu'il y a ?, enchaîne-t-il avant de boire.

- J'ai appris un truc et je n'arrive pas à le gérer. 

Je peux essayer de me confier à Arnaud, il ne connaît pas Sam, il l'a juste vu une fois et il n'y a aucun risque qu'ils se croisent à nouveau. Jamais je m'emmènerais mon meilleur ami dans ce bar. Je n'ai pas envie qu'un pervers le drague.

Mon compagnon de picole devine que ce « truc » concerne Sam mais ne souhaite pas que je lui raconte, car ça ne le regarde pas. Comment lui parler de ce qui me dévore sans lui dire la vérité ? Ce n'est pas quelque chose que j'ai envie de dire, rien que le mot me donne envie de vomir. Si je lui dis qu'il est arrivé un événement grave à mon ami, il va vite faire le lien, même sans rentrer dans les détails.

Pour notre AvenirWhere stories live. Discover now