Chapitre 28: Samuel

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Mardi 10 Septembre 2019:

Sam:

Je suis en train de rêver, il ne peut pas en être autrement. Dans cette vie, la réelle, il est impossible qu'Adriel m'ait regardé dans les yeux pour me dire « je t'aime ». J'ai beau me pincer, je suis toujours dans la rue, en train de marcher en pleine nuit, mon meilleur ami derrière moi.

« Je suis amoureux de toi », cette phrase tourne en boucle dans ma tête. Quand il a commencé à me dire qu'il n'arrêtait pas de penser à ma révélation, je croyais que je le dégoûtais. Ce n'est pas le cas, ça le met en colère car il a un sentiment d'injustice. J'ai tout qui se mélange dans mon esprit. Ses sentiments qu'il m'a avoués, le fait que mon passé le pèse. Moi aussi, je suis fâché contre lui, il n'a pas le droit de me dire qu'il m'aime en étant complètement bourré. Je ne suis même pas sûr que ce soit vrai.

Adriel marmonne des choses en anglais, ce qui est mauvais signe. Il parle rarement dans sa langue natale. Les seules fois, c'est quand il est contrarié ou qu'il a trop bu, comme maintenant. Il essaye d'attirer mon intention mais je suis incapable de lui faire face. Je n'étais pas préparé à ce qu'il puisse me faire ces confessions. J'ai besoin de réfléchir, ce que je ne pourrais pas faire si Adriel est avec moi.

Je ne pouvais le laisser là-bas, pas uniquement à cause de ma jalousie mais parce qu'il est trop éméché pour rentrer chez lui. Léna aurait piqué une crise, tout à fait justifiée, soit dit en passant. Je n'ai pas d'autre choix que de le ramener dans mon appartement.

- Merde Sam, regarde-moi, m'ordonne-t-il tandis que j'ouvre ma porte d'entrée.

- S'il te plaît, rentre et va te coucher.

Je ne peux pas lui faire face, sinon je risquerais de faire un truc que je pourrais regretter. J'accepterais de l'écouter lorsqu'il sera sobre, si il a toujours le courage de  maintenir son discours. Ce qui ne sera pas le cas, exactement comme la dernière fois.

Alors que je verrouille ma serrure, après avoir fermé la porte derrière nous, Adriel m'attrape le bras. Je sais qu'il ne me fera aucun mal, j'ai une confiance aveugle ne lui. La preuve en est, lorsque je retire mon membre avec force, il ne fait rien pour le récupérer. En relevant la tête, prêt à lui dire de me laisser tranquille et d'aller dormir, je croise ses yeux. Ils sont pleins de larmes contenues, son teint est pâle et il me regarde en chiens de faïence. Mon attitude le blesse. Comment j'aurais réagi moi si les rôles avaient été inversés ? J'aurais été dévasté.

- Ad, je veux juste en...

- Tu ne me crois pas, assène-t-il la mâchoire tremblante.

- Ce n'est pas ça. Tu as bu et...

- Et c'est sincère. Je t'aime.

Un soupir s'échappe de ma bouche. Il ne comprend pas que je ne veux pas entendre ses mots-là ce soir. L'expression déterminée qu'il prend, n'annonce rien de bon. Quand Adriel a quelque chose en tête, il ne l'a pas ailleurs. À petits pas, il s'approche de moi, je le laisse faire parce que je suis faible face à lui. Il pose ses mains sur mes joues et les cajolent.

- Je t'aime à en crever Samuel, répète-t-il.

Il me dit la vérité, je le sais. Mon coeur loupe un battement avant de repartir de plus belle. Je manque de défaillir devant cette sincérité. C'est aussi touchant que blessant, jamais il ne m'aurait dit ça sans alcool dans le sang.

- Alors pourquoi tu couches avec d'autres mecs ?, je lui demande malgré moi.

- Parce que je voulais t'oublier Samy mais c'est impossible, je t'aime trop pour ça.

Pour notre AvenirWhere stories live. Discover now