Chapitre 6: Camille

548 76 21
                                    

Samedi 17 Août 2019:

Camille:

Convaincre Nolhan que mes amis, enfin surtout Adriel, n'étaient pas des brutes m'a pris toute la soirée. J'avais dressé un tableau d'eux tout autre que ce qu'il a pu voir hier après-midi. Pas si différé que cela, quand on y pense. Je lui avais pourtant annoncé qu'ils étaient protecteurs et que son retour dans ma vie ne serait pas forcement bien perçu. La réaction d'Adriel a été plus excessive que prévu.

Cela me peine de voir qu'ils ne sont pas d'accord avec mon choix. Enfin Sam semblait l'être et je sais d'avance qu'il arrivera à convaincre Adriel. Noé lui n'a omis aucune réticence, pour le moment. Un pincement me serre la poitrine en pensant à lui. Je dois me rattraper de mon absence. Même si Noé a certifié ne pas m'en vouloir et qu'il comprenait que trop bien mon retrait, ça ne fait pas diminuer ma culpabilité. C'est pourquoi avant d'aller chez Sam tout à l'heure, je lui ai proposé de passer le chercher pour que l'on fasse la route ensemble.

Hier, après le départ de nos amis, nous n'avons pas pu parler comme nous l'espérions. Sa mère l'a appelé et il a souhaité rentrer. Noé n'aime pas rester en dehors de chez lui trop longtemps, alors même si j'aurais aimé faire le contraire, je l'ai laissé partir.

Je sonne à la porte de son appartement et quelques secondes après c'est Karen - sa mère - qui m'ouvre.

- Camille, me lance-t-elle avant de me prendre dans ses bras avec force.

Je lui rends son étreinte avec plaisir. J'admire cette femme et son côté maternel à toute épreuve. Elle a fait de gros sacrifices pour son fils, pris des décisions qui demandent un courage énorme.

- Comment vas-tu ?, me demande-t-elle après m'avoir relâché. Je ne t'ai pas vu depuis un moment.

Sa phrase n'est pas dite sur un ton de reproche mais je le prends comme tel. Elle devrait elle aussi m'en vouloir. Elle avait placé tant de confiance en nous, parce qu'on prenait soin de son fils et qu'on l'aidait. Quand elle nous a rencontré la première fois, elle nous a remercié d'avoir rendu son sourire à Noé. Elle le voyait s'ouvrir de plus en plus, reprendre goût à la vie. J'ai tellement dû la décevoir.

Je la regarde sans savoir quoi répondre. En cherchant mes mots, je l'observe. Elle semble fatiguée et ses yeux sont rouges, je devine qu'elle a beaucoup pleuré entre hier et ce matin. Le retour imprévu de Noé a dû la chambouler. Le fait que son fils unique demande lui-même à se faire interner pendant un mois dans un hôpital psychiatrique, a dû la chambouler. Comment a-t-elle vécu cette situation ? Cette pauvre femme qui élève son fils seule puis des années. Elle doit avoir une grande force morale pour supporter tout ça sans jamais se plaindre.

Je me racle la gorge mal à l'aise. Karen m'attrape les mains. Elle est douce et gentille, bien plus que ce que je mérite.

- Ne pleure pas Camille, me murmure-t-elle en voyant mes yeux devenir larmoyant.

Je déglutis avec difficulté. Elle a raison, je ne dois pas me laisser aller. Noé pourrait arriver à tout moment et je ne veux pas qu'il me voie dans cet état, cela le paniquerait. Karen plaque une main dans mon dos pour me faire avancer.

- L'essentiel c'est que tu sois là, dit-elle en souriant. Tu veux boire quelque chose ? Noé doit finir de se préparer. 

- Merci Karen. Je veux bien un thé s'il-te-plaît.

Elle me laisse m'installer à la table de leur cuisine, pendant qu'elle me fait chauffer une tasse d'eau. J'entends une porte claquer plus loin dans l'appartement et je devine que Noé est sorti de la salle de bain pour se rendre dans sa chambre. En connaissant mon ami depuis un an, je sais que je ne dois pas le rejoindre pour le saluer et attendre qu'il arrive.

Pour notre AvenirWhere stories live. Discover now