51- L'orphelinat

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Je n'ai jamais connu mes parents. Ils m'ont abandonné à la naissance, sans aucune raison. Pourtant, je ne leur en ai jamais voulu, car cela m'a permis de grandir dans cet orphelinat, où les bonnes sœurs ont su nous éduquer avec tout l'amour nécessaire à ce que je devienne un adulte accompli. Je vais avoir 18 ans cette semaine, et comme tous ceux qui auront le même âge cette année, je vais quitter l'orphelinat pour rejoindre la vie active.

Cet orphelinat est spécial, car c'est lui qui assure notre éducation. Pas besoin d'aller au collège, ou au lycée. Il y a tout ce qu'il faut aussi, ainsi, j'ai pu apprendre les mathématiques, l'histoire, la littérature, etc., sans jamais avoir à quitter l'enceinte de l'établissement. Nous n'étions pas prisonniers, nous pouvions sortir quand bon nous semblait. J'avais beaucoup d'amis à l'extérieur, et j'avais même une petite amie, qui voulait à tout prix que je quitte l'orphelinat en avance pour aller vivre en ville. Mais comment vouloir quitter cette place qui nous a tant donné ? Qui nous a appris à lire, à compter, à respecter autrui, qu'il soit humain, animal, ou végétal ?

Car oui, une des particularités de cet orphelinat est que tout le monde était végan. Dès notre plus jeune âge, nous avons tous appris à respecter les animaux comme nos semblables. Je n'ai donc jamais mangé de viande, ou de tout autre produit issu d'un animal. Et cela ne me manque pas. Plusieurs fois, on m'a vanté les mérites d'un bon steak, qui était « la meilleure chose à laquelle je pourrais goûter ». Peut-être, mais avant d'être un steak, c'était une vache, qui profitait de la vie, et qui souhaitait sans doute pouvoir continuer à en profiter.« Mais alors, tu manges quoi, des graines ? » était la question qui revenait le plus souvent. Il y a tellement de façons de se nourrir sans avoir à manger des produits issus d'animaux. Et, malgré ce que les omnivores disent, nous n'avons aucunes carences. Les nutriments contenus dans la viande animale, on peut les retrouver facilement ailleurs. Bref, de toute façon, chacun fait de ce qu'il veut de sa vie.

Une fête avait lieu chaque année, ou chaque orphelin qui allait avoir 18 ans cette année, et donc quitter l'établissement, était convié. C'était, à ce que m'avaient dit les bonnes sœurs, un dernier dîner entre nous. Il fallait faire nos adieux à nos amis, car après ce dîner, nous étions envoyés dans la vie active, avec des recommandations. Nous étions dispatchés aux quatre coins de la France, là où un travail nous attendait. Un bus devait nous récupérer après le dîner pour nous emmener vers notre prochaine demeure.

Le jour venu, j'ai préparé mes valises, et j'ai pris congé de mes amis, promettant de les revoir une fois dehors, dans quelques années, quand je serais devenu quelqu'un. Quelqu'un de bien. De riche. Je pourrais alors tendre la main aux plus démunis, comme on l'a fait pour moi.

On nous a placés dans une salle, au fond de la cour de l'établissement. Arrivés là-bas, nous avons pu découvrir une grande table, avec de belles assiettes et verres en porcelaine, des couverts en argent, et, de grands saladiers disposés çà et là sur la table, qui ressemblaient à ceux qu'on utilisait habituellement lors des déjeuners et des dîners. Comme tout le monde était vegan, il fallait une grande quantité de salades et autres légumes, d'où la nécessité de grands saladiers comme ceux-ci.

Nos verres étaient remplis de vin blanc. Normalement, nous ne buvions pas d'alcool, mais comme nous allions bientôt être adultes, il fallait marquer le coup. Nous nous sommes tous installés, et sous le regard bienveillant des bonnes sœurs qui nous avaient éduqués, nous avons porté un toast.

; Tous ensemble, pour une nouvelle vie !

Je n'avais jamais bu d'alcool pour ma part, on m'avait prévenu de ses effets anesthésiants, mais j'ignorais qu'un simple verre pouvait me mettre dans un tel état. Mes yeux se fermaient, et j'avais de plus en plus envie de dormir.

De plus, j'entendais des bruits autour de moi. Des bruits sourds, suivis de sons gutturaux. Enfin, un bruit de liquide. Comme si un robinet était ouvert et que l'eau coulait dans un lavabo. Et puis, il y avait comme une odeur de sang. Ce qui n'était pas banal lors d'un dîner végan.

J'ai tourné la tête, pour voir d'où venaient ces bruits étranges. C'est alors que j'ai assisté à ce spectacle horrible. Les bonnes sœurs, qui nous avaient éduqué avec amour, qui nous avaient donné tout ce dont nous avions besoin, qui nous avaient inculqué ce respect si profond pour toutes choses, se livraient au massacre de mes camarades.

Armées d'une batte de Baseball, elles tapaient dans la tête de mes camarades, puis leur ouvraient la gorge à l'aide d'un couteau affûté, avant de laisser leur sang se vider dans un des saladiers qui étaient disposés sur la table. Je ne comprenais pas ce qui se passait, et pourquoi elles faisaient ça. J'avais de plus en plus de mal à rester les yeux ouverts, je sombrais dans l'inconscience. J'ignore ce qu'elles avaient mis dans nos verres, mais ce n'était pas que de l'alcool.

Avant de fermer les yeux définitivement, j'ai assisté au massacre de mon voisin de table. Une fois le travail fait, un bracelet a été attaché à son poignet, sur lequel je pouvais lire :

« Humain Bio. Nourri avec 100 % de produits végétaux certifiés sans OGM. »

Lien : http://necronomorial.blogspot.com/2018/11/lorphelinat.html

Recueil histoires d'horreur (Terminé)Kde žijí příběhy. Začni objevovat