32- Numéro privé

281 25 4
                                    

Stéphanie ferma la porte d'entrée et remit ses clefs dans sa poche. Elle se retourna et observa quelques instants le couloir vide devant elle : Ils n'étaient pas rentrés. Ses parents avaient voulu passer le samedi soir « entre eux » à l'extérieur, et l'avaient prévenu qu'ils rentreraient tard. Elle en déduit qu'ils ne devraient pas revenir de si tôt : il n'était que vingt-deux heures trente.

Stéphanie regardait avec regret cette maison vide, elle s'était imaginé que sa soirée durerait un peu longtemps : Le cinéma avec Cédric c'était bien... mais elle aurait voulu passer plus de temps avec lui. Elle l'avait rencontré deux semaines auparavant lors de la fête qu'elle avait organisée pour ses dix-sept ans : il lui avait bien tapé dans l'œil, et visiblement cela était réciproque... même si ce soir il n'avait pas insisté pour rester un peu plus avec elle.

Ne sachant trop quoi faire, elle monta clopin-clopant l'escalier. "De toute façon j'en passerai d'autres soirées avec lui... la prochaine fois je lui demanderai d'aller boire un verre... rrahhh ! C'est dommage, pour une fois que je n'avais pas les parents sur le dos !"

Arrivée dans sa chambre, elle repoussa la porte de la main, pendant qu'elle se refermait, elle envoya sa veste sur le dossier de sa chaise, et se laissa tomber sur son lit, allongée sur le dos. Le claquement de porte fit alors place au silence. Elle regardait le plafond, occupée à se remémorer la soirée, à se demander ce qu'elle ferait demain, à penser à ses prochains rendez-vous avec Cédric ou ses copines... Sûrement qu'on l'appellerait demain pour passer le dimanche après midi à quelque chose de mieux que de rester enfermé à la maison... Au fait, on l'avait appelée ce soir ? Elle s'assit sur son lit, saisit le bas de son blouson, fouilla dans une des poches et en sortit son téléphone portable.

"Ah oui ! Il est éteint. Je l'avais coupé au début de la séance de cinéma... J'ai oublié de le rallumer tout à l'heure. Bah ! C'est pas important, de toute façon personne n'a dû m'appeler ce soir... Elles doivent être toutes à s'amuser... elles... et moi qui suis là toute seule... pfff... Ah, si ! J'ai eu des messages sur mon répondeur... hein ? huit ? Ben ça fait beaucoup quand même ! On cherche sûrement à m'appeler depuis tout à l'heure... hé, peut-être que je ne vais pas croupir ici ce soir finalement !"

Fébrile à l'idée d'aller retrouver ce soir ses amies, elle appela sans attendre sa boîte vocale.

- Veuillez composer votre code secret puis tapez dièse.

...

- Vous avez... HUIT... nouveaux messages.

Elle avait donc bien eu huit messages, au moins là elle en était sûre, mais qui donc aurait bien pu l'appeler huit fois ce soir ?

- Aujourd'hui à VINGT DEUX... HEURES... VINGT CINQ... MINUTES...

- Quoi ! s'étonna Stéphanie, stupéfaite.

Elle regarda sans attendre sa montre pour s'assurer qu'elle ne se trompait pas sur l'heure : Il était vingt-deux heures trente-quatre.

"Bon dieu, huit appels en neuf minutes ! C'est insensé, pourquoi on chercherait autant à me joindre... à moins que... j'espère qu'il n'est rien arrivé de grave... Ce serait terrible si..."

Elle fut interrompue dans sa réflexion par le message qui commençait.

Au début elle se demanda si son téléphone fonctionnait correctement, mais il marchait puisqu'elle venait d'entendre distinctement la voix de la boîte vocale. Le son était étrange, comme un froissement de linge au vent suivit d'un bruit sourd, le son se répétait, régulier... comme le bruit d'une machine à laver, comme un tourne disque arrivé à la fin du quarante cinq tour. Le son paraissait si froid, si répétitif :

Recueil histoires d'horreur (Terminé)Where stories live. Discover now