29- La porte bleue

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J'ai toujours été très impressionable. Aussi loin que je me rappelle, il en a toujours fallu très peu pour m'effrayer. Et ce que j'ai vu ce jour-là m'a à jamais maissé une marque. Je vis bien aujourd'hui, mais à chaque réunion de famille, les souvenirs de cette nuit remontent.

J'avais 17 ans. Mes parents venaient de divorcer et mon père avait déménagé à l'autre bout de la ville. Ah, et ne m'en voulez pas si je ne donne ni endroit exact, ni noms. Si j'écris tout ça, c'est avant tout pour... Exorciser ce souvenir. Et ce qui a suivi.

Etant mineur à l'époque, j'étais donc la plupart du temps chez ma mère et j'allais chez mon pere pendant les vacances scolaires et certains week-end. Quand j'allais chez lui, on passait notre temps à jouer à la console et il me faisait conduire son Range Rover. C'était d'ailleurs marrant de voir l'insigne "Conduite Accompagné" sur un Range Rover.

Ce soir là, un vendredi, en sortant du lycée, j'ai appelé ma mère pour lui dire que je sortais avec des amis et que je ne rentrerai que tard dans la nuit. Je lui ai dit qu'on allait faire un bowling, mais en vérité, on était allé fumer derrière l'église. Il était déjà tard, deux ou trois heure du matin peut être, quand on a décidé qu'on était assez déchiré pour la soirée. J'ai laisse mes amis derrière l'église et je suis parti.

Je ne sais pas ce qui m'a pris mais je me suis dit que j'allais prendre un raccourci. Il y avait un petit chemin qui coupait à travers la forêt et qui débouchait sur le centre ville. C'était ça où marcher trois kilomètres au bord de la nationale. Le choix était vite fait.

J'avais l'impression de marcher depuis des heures quand j'ai senti que j'allais vomir. Ça m'est venu d'un coup, j'ai sauté sur le bas côté du chemin, derrière un buisson, et j'ai tout lâché. J'avais encore la tête qui tournait et du vomi dans la bouche lorsque j'aperçus des lumières. Des phares. J'ai pensé que c'était des flics et que j'étais foutu. Mais je me suis quand même caché dans le buisson plein de vomi. L'instinct de survie sûrement.

La voitire est passée devant moi lentement. J'avais la tête qui tournait et j'étais totalement défoncé. Mais j'avais bien vu que ça n'était pas la police. C'était une Skoda blanche, avec une porte bleue côté passager. Elle s'est arrêtée à une dizaine de mètre et un homme en est sorti. J'ai pas vu à quoi il ressemblait. J'ai pas osé sortir mon visage du buisson. Il a lentement marché jusqu'au coffre et l'a ouvert. Et c'est là que tout a changé pour moi et ma famille.

L'homme a sorti une fille ligotée du coffre de la Skoda.

Elle était inconsciente. Ou morte. Elle était petite, peut-être même qu'elle avait mon âge. Il l'a lâché par terre comme un sac de viande. Il s'est assis dessus et l'a frappée, encore et encore et encore... Des coups de poing dans le nez, la bouche, la gorge. L'homme s'est acharné sur elle, et moi je tremblais les yeux grands ouverts, cachés à quelques mètres de là.

Quand il s'est calmé, il a chargé la fille sur ses épaule et s'est enfoncé dans la forêt. Je ne sais pas combien de temps j'ai attendu, mais l'homme ne revenait toujours pas. Et là, je me suis dit qu'il m'observait peut être, qu'il était à quelques mètres de moi et qu'il attendait peut être que je bouge. J'ai sentis une décharge d'adrénaline et j'ai couru vers l'opposé de la direction que cette bête humaine avait prise. Je ne savais pas où j'allais atterrir mais ça m'était égale tant que j'étais loin d'ici.

Quand je suis arrivé sur le parking du Leclerc et que j'ai enfin vu les lumières du centre ville, j'ai éclaté en sanglot. Et j'ai vomi. Mais pas a cause de l'herbe cette fois.

Je ne sais pas pourquoi je n'en ai pas parlé à ma mère le lendemain. Elle a pourtant vu que je n'étais pas bien. J'avais envie de lui dire mais je l'ai gardé pour moi. Je n'ai même rien dit à mes amis.

Je devais partir chez mon père samedi midi mais je n'étais vraiment pas motivé. Je savais que je devais passer près du chemin où j'avais vu... Le monstre. La national longeait le chemin que j'avais pris la veille.

Quand ma mère et moi sommes passés devant en voiture, mes jambes tremblaient et j'ai bien cru que j'allais me pisser dessus. Quand je suis arrivé chez mon père, je n'avais qu'une hâte, m'enfermer chez lui.

Je ne lui ai pas non plus parlé de ce que j'avais vu. On a passé le samedi devant la console mais je n'étais pas vraiment là. J'ai demandé à mon père si on pouvait aller à la plage. J'avais envie de conduire, de me changer les idées et surtout d'aller loin. J'ai demandé les clés du Range Rover à mon père pendant qu'il préparait des sandwichs. Et je me rappelerais toujours de ses mots :

- J'ai tapé un sanglier avec le Range Rover y'a trois nuits. Il est foutu. J'ai une voiture de prêt. Les clés sont devant l'entrée. Tu peux aller à la voiture pendant que je finis si tu veux. C'est la Skoda blanche avec une porte bleue.

Recueil histoires d'horreur (Terminé)Where stories live. Discover now