194- Dent noires

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Je voudrais commencer par dire que cette histoire débute comme la plupart des histoires. Mon ami et moi avions décidé de passer nos vacances d'été dans un chalet que son père possédait, aux alentours d'une grande forêt. On s'était dit que ce serait amusant. Il y avait un lac tout près auquel on pouvait accéder en marchant un peu et c'était un environnement totalement différent de celui de la ville. Nous pensions qu'une pause était bien méritée après avoir fini nos examens scolaires. Passer quelque temps à pêcher et nager dans le lac, avec un peu d'air frais, nous ferait le plus grand bien.

Frankie et moi sommes amis depuis que nous sommes très jeunes, et même si en grandissant nous avons développé des personnalités très différentes, nous sommes toujours restés en contact. Frankie est ce genre de mec sympathique et extraverti qu'on connait tous. Il a des tonnes d'amis et tout le monde l'aime. Il est sûr de lui, charismatique, séducteur... Tout ce que je ne suis pas. En fait, nous avons des personnalités complètement opposées. Je suis timide et je n'ai pas beaucoup d'amis. Je suis même prêt à admettre que je suis un peu bizarre. Je ne suis pas intéressé par le sport comme presque tous les autres gars. Moi, j'aime l'art. En soi, ce n'est pas ça qui me fait me sentir bizarre, mais plutôt le thème de mes œuvres, qui met mal à l'aise les gens autour de moi.

Et non, non, je ne dessine pas de la pornographie. Je dessine et invente des monstres, toutes sortes de monstres, des zombies aux aliens. Maintenant beaucoup de gens apprécient mon art, mais c'est parce qu'ils ne me connaissent pas personnellement. La plupart de mes amis et des membres de ma famille n'aiment pas l'objet de mes créations . Ils pensent que ça a une influence négative sur moi, qu'il est anormal de penser à ce genre de choses si souvent. Mais ne vous méprenez pas. Je ne suis pas une sorte de bête sanguinaire, de créature hostile, ou un membre d'une secte. J'aime juste les monstres. J'aime ce sentiment de "fausse peur", comme beaucoup d'autres gens. Évidemment que c'est amusant de sentir des frissons dans le dos... Quand c'est faux.

Une fois, j'ai demandé à Frankie pourquoi il continuait de vouloir être mon ami, et il m'a simplement dit :

- Tu es quelqu'un d'intéressant, plus que les autres.

C'est ce que j'ai toujours admiré chez lui. Il accepte tout le monde, même moi. Il n'est pas comme tous ces gens qui essayent de me changer. Je suis son ami, avec mes défauts et tout le reste.

Lorsque nous sommes arrivés au chalet, c'était comme si ça sortait d'un rêve. C'était immense, avec plein de fenêtres et des meubles en bois ; c'était le pied. Nous n'avons pas perdu plus de temps. On a posé nos affaires en vitesse et pris le chemin du lac. Le soleil était encore assez haut dans le ciel, on aurait bien le temps d'en profiter avant la nuit. Bien sûr, j'avais apporté mon carnet de croquis, dans l'espoir d'avoir un peu d'inspiration quand je serais là-bas, tandis que Frankie avait juste emporté sa canne à pêche et un petit sac d'appâts.

Ça n'a pas été très difficile de trouver comment s'y rendre, et il ne nous a fallu qu'une trentaine de minutes pour aller du chalet au lac. Nous sommes restés assis là pendant un bon moment, parlant de tout et de rien, de musique et de filles (Frankie a fait presque toute la discussion, pas de surprise de ce côté-là). Au bout de quelques heures, nous étions tous les deux silencieux, profitant juste des bruits du lac et des oiseaux, et aussi du vent. Je m'étais installé dans un coin pour dessiner le monstre de "L'étrange créature du lac noir" pendant que mon ami pêchait. Après quelques heures de plus, le soleil a commencé à se coucher. Nous avons alors remballé nos affaires et commencé à marcher vers le chalet.

Environ cinq minutes après avoir entamé notre marche, j'ai réalisé que j'avais oublié un paquet de crayons de dessin sur la rive, alors j'ai dit à Frankie de continuer, et que je le rattraperais plus tard. Il semblait quelque peu réticent, car il commençait à faire sombre, et que c'était ma première fois hors du chalet. Il m'a charrié en disant que je n'aurais qu'à appeler les gardes forestiers si je me perdais. Nous avons tous les deux rigolé, puis nos chemins se sont séparés. Ça ne m'a pas pris longtemps pour retourner au lac, mais une fois là-bas, j'ai remarqué quelque chose d'intrigant.

Recueil histoires d'horreur (Terminé)Kde žijí příběhy. Začni objevovat