Le plan

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Elenna resta endormie durant près de vingt-quatre heures une journée. Elle se réveilla donc le lendemain de la bataille alors que les derniers rayons de l'astre diurne disparaissaient dans le ciel. Les souvenirs de la bataille lui revinrent en mémoire ainsi que son combat contre le nazgul. Son bras lui faisait toujours mal, bien que la douleur fusse plus supportable que la veille. Elle remarqua alors qu'elle était allongée dans un lit, recouverte d'une chaude couverture. Où était-elle ? Elle tenta de se redresser sur son bras valide mais une main l'en empêcha.

- Doucement, meleth nin (mon amour), murmura Legolas. Vous devez rester allongée.

La voix douce et emprunte d'inquiétude de Legolas alerta immédiatement l'héritière de l'Ered Luin. Elle remporta son attention sur le prince sinda et plongea ses yeux saphirs dans les profondes pupilles du blond.

- Ne me faîtes plus une telle frayeur Elenna, souffla l'elfe.

Il glissa ses doigts contre sa joue et Elenna pencha inconsciemment la tête contre sa main, quémandant silencieusement un contact plus franc, afin de profiter de la douce caresse.

- Que s'est-il passé, demanda la sinda.
- Je devrais plutôt vous poser cette question, répondit Legolas. Gimli vous a trouvé inconsciente au milieu du champs de bataille. L'espace d'un instant, j'ai cru que...

Mais le prince ne parvint pas à terminer sa phrase et ses doigts glissèrent le long de son cou avant qu'il ne ramène sa main à lui. La brune observa l'elfe de Vertbois-le-Grand et fut frappée par la tourmente qui animait ses pupilles océan.  Il n'avait pas besoin d'exprimer ses sentiments car Elenna avait comprit qu'il l'avait pensé morte. Alors l'elleth glissa doucement sa main dans celle du fils de Thranduil et lui offrit un tendre sourire.

- Je vais bien, Legolas, le rassura la brune.

Les lèvres du sinda s'étirèrent en un fin sourire puis il se pencha vers celle qui accaparait ses pensées depuis plusieurs heures à présent. Alors, il l'embrassa tendrement. Un simple contact qui consola leurs cœurs.
Elenna voulut approfondir leur échange et attrapa entre ses doigts le col de la fine chemise écru que portait l'elfe mais des coups furent donnés contre la porte, rompant ainsi l'instant de quiétude que les deux elfes partageaient. La descendante d'Isildur ne put retenir un gémissement de frustration ce qui fit doucement sourire le prince contre ses lèvres. Celui-ci se redressa donc, instaurant une distance convenable entre eux.
La porte s'ouvrit alors sur une femme assez âgée. Elle avait des cheveux blancs qui lui arrivaient aux épaules. De nombreuses rides marquées son visage, signe des nombreuses années vécues par son corps. Elle tenait dans ses mains plusieurs fioles et Elenna comprit qu'elle venait pour lui apporter des soins.
Legolas, assit près de l'elleth au bord du lit, déposa un baiser contre sa tempe avant de se relever et quitter la chambre, laissant ainsi Elenna aux soins de la guérisseuse. Cette dernière, qui se nommait Anya, lui appliqua une pommade qui eut un effet analgésique presque immédiat, soulageant ainsi la douleur qui tiraillait son bras depuis son réveil. Elle lui tendit ensuite un verre contenant un liquide à la texture gluante et jaunâtre que la fille d'Enetari se força à boire, non sans une grimace de dégoût. La guérisseuse lui ordonna ensuite de se reposer avant de quitter la chambre, laissant l'elleth seule.
L'héritière de l'Ered Luin tenta donc de se rendormir mais le sommeil semblait s'être échappé et il lui était impossible de le rattraper. L'étrange mixture que lui avait fait boire dame Anya semblait avoir eu l'effet escompté puisque la douleur de son bras s'était quasiment résorbée. Elenna se leva avec précaution et sortit sur le balcon. L'air frais vint caresser son visage et elle inspira profondément puis s'approcha de la rembarde. Minas Tirith s'étendait sous ses yeux. La cité blanche fourmillait de toutes parts, les hommes et femmes du Gondor étaient déjà à pieds d'œuvre pour reconstruire la cité des rois. Entre les remparts blancs de la cité et l'horizon, s'étendaient les vastes champs du Pelennor. L'héritière du trône de l'Ered Luin ne put retenir un frisson lorsque son regard se posa sur les nombreuses tâches noires qui parsemaient encore la terre gondorienne. Grâce à sa vue perçante, elle pouvait distinguer les soldats de la cité blanche œuvrés aux côtés des rohirrims pour rassembler les corps de ceux qui étaient tombés pour protéger Minas Tirith.
Elle détourna le regard du champ de bataille et, malgré les recommandations de dame Anya, décida de quitter la chambre. Une armoire se tenait à droite du lit en bois. Elenna s'en approcha et l'ouvrit avant d'en sortir une robe blanche qu'elle revêtit.
Quelques minutes plus tard, elle referma la porte en bois dans son dos et commença à arpenter les couloirs de ce qu'elle devina être la citadelle de Minas Tirith. Au bout de longues minutes à marcher sans but précis, elle crut entendre la voix grave de Gandalf.
Elle arriva alors à l'entrée d'une grande salle dont la profondeur s'étendait sur près de deux cents mètres. Les murs étaient tout aussi blancs que le reste de la cité. Le long de la salle, des piliers noirs, de circonférence moyenne, supportaient de grands arcs qui consistaient en une juxtaposition de pierres grises et noires. Les dalles qui composaient le sol étaient de couleur gris clair et étaient, à raison de dizaines de mètres, barrées de dalles anthracites.
Aragorn se tenait là, songeur, inquiété par les dires de Gandalf auquel il tournait le dos. Les yeux d'Elenna se posèrent ensuite sur l'immense trône blanc qui se trouvait au fond de la salle, ainsi qu'un second, en bois sombre, proche du sol et plus modeste, qu'elle devina être celui de l'intendant. Gimli y était assis, ce qui fit doucement sourire l'elleth que personne ne semblait avoir remarqué. À sa gauche, Legolas et Eomer se tenaient l'un à côté de l'autre, écoutant attentivement l'échange ayant lieu entre Aragorn et Gandalf. Derrière le trône du roi, l'arbre blanc du Gondor était finement gravé dans le marbre. Cette salle du trône était bien différente de celle d'Edoras, plus sobre, plus froide.

Ses compagnons se turent lorsqu'ils remarquèrent la présence de la fille d'Enetari. Legolas fut le premier à initier un pas dans sa direction alors que la brune avançait vers eux. Elle devait se reposer ! Pourquoi était-elle aussi têtue ?

- Elenna, vous devriez être dans votre chambre, lui fit remarquer le sinda, sévère.
- Il semblerait que je n'y sois pas, répondit simplemen l'elfe de l'Ered Luin.

Le prince lui adressa un regard mécontent qu'Elenna ignora royalement. Aragorn s'approcha alors de sa cadette.

- Pourquoi ne suis-je surpris, sourit l'homme du Nord.

Les yeux azurs d'Elenna croisèrent ceux de son frère et elle lui adressa un sourire mutin auquel il répondit par une étreinte fraternelle.

- Te sens-tu mieux, nethig (petite sœur), lui demanda le fils d'Arathorn.
- Je me sens beaucoup mieux, répondit l'elfe. Il semblerait que la potion infâme de dame Anya fasse des miracles.
- Ravi de vous voir sur pieds dame Elenna, les interrompit le nain d'Erebor.

L'héritière du trône de l'Ered Luin adressa un sourire ravissant à son ami nain avant de le remercier. Elle salua ensuite Eomer d'un signe de tête qui l'imita silencieusement. Elle posa enfin ses pupilles sur le magicien blanc qui lui adressa un sourire sincère, bien que légèrement crispé. Son visage était fermé et Elenna s'en inquiéta immédiatement.

- Que se passe-t-il, demanda la brune.
- Frodo est passé au-delà de ma vision, répondit le mage. Les ténèbres s'épaississent !

Aragorn revint à sa position initiale alors qu'Elenna s'était approchée du prince de Vertbois-Le-Grand, bien que celui-ci semblait toujours contrarié.

Aragorn revint à sa position initiale alors qu'Elenna s'était approchée du prince de Vertbois-Le-Grand, bien que celui-ci semblait toujours contrarié

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- Si Sauron avait l'anneau nous le saurions, lui signifia Aragorn.
- Ce n'est qu'une question de temps..., souffla l'Istari. Il a subi une défaite c'est vrai, mais... Mais derrière les murs du Mordor notre ennemi se regroupe !
- Et bien qu'il y reste, et qu'il y pourrisse, grigna Gimli. Pourquoi s'en soucier ?
- Parce que dix mille orques se tiennent entre Frodo et la Montagne du Destin, répondit le magicien blanc.

Dix mille ? Comment Frodo et Sam pouvaient espérer passer à travers les rangs d'une telle armée ? Ils n'avaient aucune chance !
Un silence pesant s'installa et les membres de la communauté présent réalisèrent que leur quête avait à présent peu de chance d'aboutir. Il faudrait un miracle pour que Sauron ne réussisse pas à mettre la main sur les deux jeunes hobbits et ainsi sur l'anneau.

- Je l'ai envoyé à la mort..., murmura Gandalf.

Le descendant d'Isildur se tourna alors vers le magicien, déterminé.

- Non, l'interrompit l'homme du Nord. Il y a encore de l'espoir pour Frodo ! Il a besoin de temps et d'un chemin sur pour traverser les plaines de Gorgoroth. Et cela nous pouvons le lui donner.
- Comment, demanda Gimli.
- En attirant les armées de Sauron Gimli, répondit Aragorn. En vidant ses terres ! Rassemblons toutes nos forces et marchons sur la Portes Noires !
- Nous n'obtiendrons pas la victoire par la forces des armes, objecta Eomer.
- Pas pour nous, mais nous pourrons donner à Frodo sa chance si l'œil de Sauron reste braqué sur nous, expliqua le frère d'Elenna. Rendons-le aveugle à toute autre chose en mouvement !
- Une diversion, comprit Legolas.
- Une mort certaine, une ne faible chance de succès, ajouta le nain d'Erebor. Mais qu'attendons-nous ?
- Sauron soupçonnera un piège, intervint le magicien. Il ne mordra pas à l'appât !
- Oh, je crois que si, sourit mystérieusement l'homme du Nord.

Le regard déterminé de son frère contrasta avec la mine encore dubitative du mage. Mais alors qu'Aragorn allait exposer la suite de son plan, Elenna se sentit perdre pied. Son champs de vision s'obscurcit et elle se sentit rapidement vaciller. Ce ne fut que grâce à la rapidité de Legolas qu'elle ne s'effondra pas au sol.

L'héritière de l'Ered Luin - LegolasXOc (corrigée)Where stories live. Discover now