Reflets D'histoires (terminée)

14- L'insubmersible

partie deux :

"Même les jours les plus ensoleillés peuvent cacher la plus terrible des tempêtes.

La brume s'était levée depuis maintenant plus d'une heure, réduisant la vision des veilleurs à moins d'un mètre devant eux. Ils apercevaient simplement un partie de la mer et sa légère écume silencieuse éclairée par la pleine lune régnant sur le royaume de la nuit.

Dans le grand restaurant, le temps était à la fête. On faisait l'éloge du titan marin tout en buvant et mangeant avec la plus grande prestance. Chacun était vêtu des plus prestigieuses toilettes et parures. Les rires cristallins des femmes s'élevaient dans les airs accompagnés de discours emplis d'arrogance venant principalement des hommes. Tout se figea cependant lors de l'entrée brutale de Clay et Elysiane dans la pièce.

- Rose ? s'égosilla avec stupeur madame DeWitt-Bukater, la mère du personnage qui avait passé la journée à chercher sa fille unique dans chaque recoin du paquebot.

Caledon Hockley fit également les yeux ronds, pas parce qu'elle revenait pour interrompre leur dîner mais parce qu'elle revenait en compagnie de Jack. Une véritable honte pour le riche homme d'affaire qui appela en renfort ses chers soldats de poursuite.

- On ne devrait pas traîner ici, souffla le rouquin à son amie en lui prenant la main.

Ils s'enfuirent à nouveau, sous le regards médusés de tous, en particulier les proches de Rose.
Leur course se poursuivit dans l'étage où festoyait la troisième classe, sous une ambiance opposée à celle qu'il venait d'interrompre, où musique et danse se mêlaient à la bière et aux paris.

Une petite fille manqua de bousculer la princesse, un italien proposa à Jack-Clay de se joindre à eux mais le garçon refusa poliment tout en sortant de la pièce à vive allure. Les poursuivants semblaient avoir abandonné pour la seconde fois de la journée.

Haletants, ils remontèrent jusqu'au pont supérieur, se demandant à quel moment de l'histoire ils se trouvaient. Là-haut la lune n'était qu'une tâche de lumière brumeuse, et la voix d'un des marins veillant sur la grande tour résonnait. Au loin, la mer, tel un tapis roulant, approchait le dieu d'acier de l'inconnu. Des pics, paraissant de roche sous l'obscurité partielle de la nocturne, se dévoilait sous l'épais brouillard glacial.

Un frisson parcourut l'échine de la princesse qui serra, par anxiété, les doigts de son ami qui dut retirer sa main de la sienne pour ne pas finir avec une phalange en moins. Il eut à peine le temps de lui demander ce qu'il n'allait pas qu'elle s'époumona.

- Iceberg droit devant ! Iceberg droit devant ! Messieurs, nous fonçons vers un Iceberg.

Sa voix faiblit à force de hurlements mais le son ne parvint aux oreilles des veilleurs que lorsque le jeune Hamswood mélangea son cri au sien.
La clochette d'alarme fut sonnée tandis qu'on pria le couple de rentrer à l'intérieur, le commandant et les membres d'équipage furent prévenus du danger.
La tension montait dans les coulisses du Titanic. On arrêta les machines à vapeur, les gouvernail tourna sans cesse dans l'espoir d'esquiver le géant de glace. On tenta de faire marche arrière alors que le paquebot de rêve n'était plus qu'à quelques mètres de son plus atroce cauchemar. Les leviers se pressaient, les manivelles roulaient et le gouvernail tournait à vive allure sous les bras fatigués du commandant mais aucun effort ne put empêcher l'inévitable, le destin du bateau, la fin si célèbre et tragique du film...

L'iceberg et la coque du paquebot se rencontrèrent dans un croisement mortel. La glace brisa l'acier protégeant une partie de la proue. L'eau commença à prendre place dans le paquebot, malgré les portes étanches qui ne furent déployées que trop tardivement.