Reflets D'histoires (terminée)

5-... il ne peut plus se réaliser

Il était une fois, une aventurière qui avait une mission...

Dans un rideau d'ombre, deux silhouettes se faufilèrent entre les arbres de la forêt noire. Cette foret avait la particularité d'être entièrement dépourvue de lumière. Les arbres n'étaient plus que des ombres et le sol, une étendue sombre filamenteuse. Si les deux jeunes filles pouvaient être tentées d'allumer une torche afin de voir où elles mettaient les pieds, elles savaient que la moindre once de lumière révèlerait leur présence à une des créatures de l'ombre, esclave de Peter Pan. Les deux aventurières du pays imaginaire devaient faire preuve d'une immense discrétion tout en veillant à ne pas perdre de temps.

— Penses-tu que nous sommes encore loin ? demanda la première en réajustant sa capuche sur son épaisse chevelure.

– Nous y sommes bientôt, l'entrée du lagon de saphir n'est plus qu'à quelques mètres d'ici, répondit la seconde, légèrement essoufflée par leur course à l'aveugle dans les bois.

Rosélia serra les dents. Si la forêt noire semblait effrayante, elle n'en était rien en comparaison au lagon de saphir. Ce lagon avait la beauté des plus beaux récifs de la planète mais renfermait les créatures les plus dangereuses qui pouvaient exister après Peter pan : les sirènes du Pays Imaginaire. Ces personnages, à demi humaine, avaient une loyauté inébranlable en leur maître même si pour lui obéir, elles devaient se sacrifier. Un lieu idéal pour cacher la seule faiblesse de Peter pan : son cœur, battant encore, à plusieurs mètres de profondeur. Rosélia avait eu ces informations en subtilisant un vieux carnet de dessins à l'un des enfants perdus. Elle espérait de tout cœur que ces informations s'avéraient exactes et regretta de ne pas les avoir eues plus tôt, lors de son dernier voyage sur l'île. Elle referma son poing sur le talisman bleu qu'elle portait autour du cou et continua sa course avec son amie.

Une rivière de lumière blanche les éblouit et leur fit ralentir l'allure, elle indiquait la sortie de la forêt noire et l'entrée du lagon de saphir. Elles pouvaient d'ailleurs déjà apercevoir, la couleur envoûtante de l'eau, qui scintillait sous la lumière du soleil.
Aucune sirène à l'horizon comme l'avait prédit Wendy. A cette heure-ci, elles devaient sûrement déjeuner au mieux de gros poissons, ou alors des pirates ou enfants perdus qui avaient le malheur de tomber dans le lagon.

Rosélia souffla un instant. Ce qu'elle s'apprêtait à faire était dangereux, incroyablement dangereux. De plus elle serait seule. Wendy ne pouvait l'accompagner. D'un geste vif, elle détacha le collier de son cou et le tendit à Wendy qui lui sourit pour lui souhaiter bonne chance.

"Je souhaite être une sirène du lagon de Saphir ", pensa-t-elle en ne lâchant pas le talisman des yeux.

Ses jambes se métamorphosèrent en une queue de poisson. Ses cheveux se teignirent en bleu et sa peau, d'habitude métissée, blanchit. Elle s'était appropriée le corps d'une des sirènes du lagon. Elle ne savait ni son nom, ni quel rôle elle occupait mais plongea sans hésiter dans l'eau azur. Elle devait faire vite car si les autres sirènes revenaient et s'apercevaient de ce qu'elle faisait, elles la tueraient sans vergogne, peu importe son apparence...

***

Lorsqu'Elysiane ouvrit les yeux, elle était dans un bosquet, allongée sur l'herbe tendre. Ses souvenirs n'étaient pas parfaitement clairs, elle ne savait ni pourquoi, ni comment mais elle était saine et sauve. Elle n'avait pas même un seul bleu ou une seule fracture, seulement quelques tâches sur une robe, qu'elle n'avait jamais portée auparavant, mais qui paraissait abimée et parsemée de tâches d'huile ou de terre. Elle ne mit pas longtemps avant de comprendre qu'elle avait revêtu l'apparence de Cendrillon. Ainsi, elle était arrivée dans son monde. Elle ignorait si Clay y était lui aussi, ou si repoussé par la tornade, il était ailleurs. Tout ce qu'elle espérait, c'est qu'il était en vie.