3- Élémentaire, mon cher

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Partie 2:

Elysiane se mordit les lèvres nerveusement. Elle ne savait pas ce qu'il la sidérait le plus : le calme olympien dont avait fait preuve le grand détective en annonçant l'enlèvement de son ami ou alors son indifférence absolue face à leur histoire. Ne les croyait-il pas ?

–Que voulez-vous dire par "enlevé", monsieur Holmes ? questionna Clay

– Le sens de ce mot vous échappe monsieur... ?

– Hamswood. Je sais parfaitement ce qu'est un enlèvement.

Le détective eut un mouvement de recul face à ce nom. Il lui rappelait quelque chose sans qu'il puisse vraiment s'en souvenir. Il n'en fit rien, se convaincant que ce devait être une information insignifiante effacée par son brillant système neuronal. Une simple réminiscence qui serait vite balayée par le flot de données qui s'enfermerait dans son esprit.

–Fort bien, dans ce cas, que désirez-vous savoir, monsieur Hamswood ?

– Où, comment par qui ? J'aimerais en savoir plus sur les circonstances de l'enlèvement de monsieur Watson."

Sherlock arqua un sourcil :

– En quoi cela vous intéresse-t-il ?

Cette question n'était pas anodine. Pourquoi Clay et Elysiane se seraient-ils intéressés à quelqu'un qu'ils ne connaissaient pas, si ce n'est de nom ? Pour Elysiane, c'était par désir d'aventure et peut-être par empathie pour l'ingénieux docteur Watson, bien qu'il ne soit que fictif. Clay, en revanche, était certain qu'en suivant Sherlock Holmes, il trouverait la porte de sortie de ce monde. Elysiane répondit à la question. Sherlock prit quelques secondes pour réfléchir et proposa aux jeunes gens :

– Joignez-vous à moi pour enquêter !

Une proposition qu'ils acceptèrent avec joie.

– Bien, dans ce cas, allons-y !

***

Très loin d'ici...

– Allons-y !

Une ombre se détacha du mur pour s'envoler dans le ciel. Le pays imaginaire était loin du monde digne d'un conte de fées que dépeignait Disney. Il était tout le contraire, en réalité, sombre sinistre et peuplé de cruelles créatures.
Pourtant, la porte se trouvait là-bas et si, elle ne voulait pas mourir de faim dans les rues du Londres de l'entre guerres, la jeune fille devait prendre son courage à deux mains et suivre cette ombre. Elle déplia sa capuche, ne laissant dépasser que quelques boucles de ses cheveux paraissant noires sous le voile nocturne.

La poussière de fée glissa sans résistance sur sa chevelure. Avant de perdre la trace de l'ombre, elle s'envola à sa poursuite. Le voyage n'était pas très long mais juste assez pour fatiguer la jeune fille. Son cœur battait la chamade, ce n'était pas la première fois qu'elle se rendait au pays imaginaire mais elle se souvint de sa dernière expérience là-bas, un véritable cauchemar. En posant un pied sur l'île, elle sentit son sang se glacer ; elle n'était que dans la partie la plus calme du pays et, pourtant, elle sentait déjà qu'on l'observait.

- Qui va là ? Surgit une voix rauque

Il fallait mieux l'ignorer. Il n'était qu'un pirate, probablement la créature la plus inoffensive qui habitait ici, peut-être parce qu'ils étaient d'une stupidité rare, ou parce qu'en comparaison avec les sirènes, les indiens et les enfants perdus, ils paraissaient doux comme des agneaux. En grimpant dans un arbre, elle aperçut le portail : gris mais recouvert de mousse, la porte était là, sans doute dans le coin le plus inquiétant du pays : l'antre de Peter Pan.

Reflets D'histoires (terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant