Habentis Maleficia | Tome 1 - Sweet Dreams

Chapitre 19 - Séraphin [1/2]

Soudain, ce visage censé être figé se tourna vers moi. La main de Hale s'empara brusquement de mon poignet, me laissant pousser un cri de stupeur. L'instant suivant, toute cette scène paralysée dans le temps disparu, m'abandonnant dans un champ écarlate.

Je m'écriais de nouveau de terreur, me découvrant au milieu de cadavres. Ceux d'une fosse commune, peut-être d'un champ de bataille. Le sang avait coulé sur cette terre.

— Les sorcières sont de véritables nuisibles, de la vermine que nous devons anéantir.

Lorelei serrait les poings, le visage inondé de larmes alors qu'elle fixait une fillette, une adolescente dont le visage lui ressemblait.

Tristan la tenait dans ses bras, l'empêchant sans aucun doute de tomber. De s'effondrer.

Les mains de Hale, à leur côté, étaient imbibées par le sang, tenant encore un cadavre par le vêtement. Charlotte à son bras caressait sa poitrine de manière intime, le visage posé sur son épaule.

Tous avaient des âges plus avancés, aucun n'était d'une apparence de jeunes hommes ou de jeunes femmes. Pourtant, la scène appartenait au passé, j'en étais tout aussi persuadée que la haine dans les yeux de Hale était celle d'un fou assoiffé de sang.

— Lorsque tu seras au pouvoir, nous réduirons ces créatures au rang de serviteurs. Tu te vengeras de ta famille et tu vengeras ton peuple.

Elle s'empara de son visage, un geste que je ne m'étais pas parmi plus tôt. Se hissant sur la pointe des pieds, Charlotte se mit à l'embrasser. J'en eus la nausée.

Mon cœur loupa un battement, mon estomac se tordant de douleur. Pourquoi devais-je assister à ça ?

Pourquoi devais-je regarder Hale qui prenait la bouche de Charlotte, son bras s'enroulant autour de sa taille pour maintenir sa prise ? Pourquoi devais-je assister à tous ces gestes intimes qui me répugnaient ?

Les yeux de Hale se posèrent sur moi. Un regard de braise...

Ce regard brûlant que j'aimais tant...

— Il en reste une.

— Une voyeuse masquée, comme c'est pratique.

Ils me voyaient.

Levant son épée, Hale approcha, prêt à me trancher en deux.

Je me levais brusquement, levant les bras tout en reculant. Dans mon mouvement, ma main balaya la table basse, chassant le verre qui s'y trouvait pour tomber au sol. Le bruit alerta ma tante qui sortit tout aussi vite de la cuisine.

Apparemment, je m'étais endormie dans le salon.

— Ever, est-ce que tout va bien ?

Ma main tremblait. Je tremblais.

— Mon Dieu, tu es si pâle. Aurais-tu fait un cauchemar ?

— Ce... Ce n'était pas un cauchemar. J'ai vu...

Les bras de ma tante m'enlacèrent, cherchant à me bercer pour me rassurer. Et ça fonctionnait. Mon cœur, que je n'avais pas remarqué battre la chamade, se calma peu à peu.

Ceci n'était qu'un rêve. Hale ne voulait pas me tuer, et aucun autre vampire n'était à ma recherche. Tout allait parfaitement bien. J'appréhendais seulement le moment où je pourrai le revoir et prendre mon courage à deux mains pour me déclarer.

— Tu retournes à l'école demain. Est-ce que ça va aller ?

Les semaines seraient chargées à partir de maintenant. Après l'école, je devrais me rendre quotidiennement chez Raven pour que sa mère puisse perfectionner mon apprentissage. D'après elle, j'étais une « élève rêvée », apprenant et retenant vite, mais surtout, je n'échouais que rarement dans mes sorts. Les potions étaient une autre paire de manche, bien qu'apparemment j'étais parmi les plus douées de ses élèves. C'était flatteur, sans doute trop. Mais ça faisait de bien à entendre.