Ever, une jeune fille de 17 ans, a conscience que sa nouvelle vie à True Hills sera différente. Seulement, elle n'avait pas prévu que le monde auquel elle échappait depuis des années grâce aux médicaments se saisirait d'elle par la force pour ne plu...
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« J'ai tout donné au Soleil- Tout sauf mon ombre»
— Guillaume Apollinaire
De toutes les choses qu'elle pouvait dire, rien n'aurait pu être aussi éprouvant que son silence. La fleur, immobile, ne cillait pas au vent, ni ne saignait comme ses sœurs.
Un parfum figé, comme n'ayant jamais existé, le coquelicot résistait parce qu'il avait conscience que toute sa vie s'achèverait du simple effleurement de mes doigts. Tout ce que je touchais finissait par dépérir. Tout ce que je trouvais finissait par me fuir.
Il ne s'agissait pas d'un voyage astral. Tout ici paraissait... magique, irréel. Un rêve.
— Ever, appela une voix tout aussi désirable que cruelle alors que mon cœur ne se sentait pas encore prêt.
— Ceci est mon rêve.
Et dans mon rêve, je souhaitais un refuge, un lieu de calme et de solitude où toutes choses sur lesquelles je poserai mes yeux seraient magnifiques et sans conflits.
Pourtant, même dans mes rêves, Hale revenait à la charge.
Comprenant sans doute ne pas être désiré, Hale fut remplacé par l'image d'une nuée de papillons. Derrière eux apparut sans aucune logique un miroir.
Ce reflet censé être le mien... Ces cheveux blancs... Ces yeux écarlates...
Traversant le miroir, je me retrouvais dans une rue inconnue que je devinais appartenir à True Hills. Pieds dénudés sur le sol bétonné, il ne me semblait pas être totalement présente en ce lieu. Tout ici n'était qu'un songe, une image dans laquelle je m'infiltrais pour en observer les moindres détails.
Une scène s'y déroulait, figée dans le temps. Ici, il y avait moi, au sol, terrifiée et paniquée. Un groupe de trois, vêtus d'un uniforme sombre, cherchait à m'attaquer. Leurs yeux brûlaient d'une lueur carmine. Des vampires.
Pourtant, ce n'était pas pour eux que se destinait ma peur, mon regard pétrifié par ce qui se présentait en arrière-plan. Un autre garçon... Hale. Pourquoi étais-je ainsi tétanisée par sa seule présence ?
Je m'approchais de l'homme figé, tel un fantôme, me laissant réaliser des déplacements que les lois de la pesanteur m'auraient interdit d'avoir la capacité. Ma main se leva, effleurant son visage sans jamais le toucher. Une mâchoire serrée, un regard enflammé...
J'aimais les regards enflammés, pourvu d'émotion et de vie. Ceux qui faisaient battre mon cœur, ceux qui éclairaient mon monde dans un essaim de couleurs époustouflantes.
Lorsque les yeux de Hale se posaient sur moi, un frisson m'enveloppait. Celui de la crainte pour son prédateur et de l'impatience à l'initiation d'un sentiment inconnu, d'un danger qu'on voulait connaitre malgré toutes les réticences et les mises en garde.
