Chapitre 18 - Dream's Poppies [3/3]

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Ma tante me secoua doucement, me réveillant de ce que j'avais pensé être une sieste.

— Nous sommes arrivés.

Rufus au volant, il se gara sur un parking, dans l'enceinte d'un domaine ressemblant étonnamment à ces maisons de retraites sur des brochures censées idéaliser un lieu regroupant des personnes retraitées mais sans les problèmes occasionnées par la vieillesse. Pub mensongère, bien sûr.

Mon oncle m'observait dans son rétroviseur.

Après avoir appris pour la mission que m'avait confié Eve, ma tante Alyssa avait appelé Rufus, acceptant de faire une sorte de trêve pour « le bien de leur nièce ». Apparemment, ma seule chance se trouvait ici, à la Maison des Doux Coquelicots, appelé « Sweet Poppies ». Le lieu paraissait tranquille au premier abord, mais lorsque dans le ciel apparu un orage sans préavis, je me souvins d'un détails ayant son importance : il s'agissait d'une maison de retraite pour sorciers.

Nous fûmes accueillis par une personne charmante dont le sourire était rassurant. L'intérieur était calme et un parfum apaisant s'en dégageait. Le même genre de sentiment que lorsque je me trouvais chez ma tante...

— Son Excellence More reçoit son traitement, nous expliqua-t-elle. Dès que ce sera fait, nous le préviendrons de votre visite. Vous pouvez attendre à l'intérieur si vous le souhaitez.

— Je m'en occupe, signala mon oncle alors que la femme lui tendait des documents à remplir pour signaler notre visite.

Ma tante m'emmena dans la cour. D'autres sorciers s'y trouvaient. Deux d'entre eux s'exerçaient en duel de magie, expliquant l'orage dans le ciel.

— On nous entraine à garder le contrôle, nous expliqua une femme non loin.

La peau sombre, les cheveux gris, elle observait le combat avec le sourire. Puis elle se tourna vers nous.

— Asseyez-vous. Pourquoi deux jeunes femmes sans tare s'embêtent à rendre visite à de vieilles branches incapables de jeter un sort sans déclencher une apocalypse ?

Mon oncle appela ma tante pour une quelconque raison, me laissant avec la vieille femme.

— Je viens pour rencontrer mon grand-père.

— Tu es la petite-fille de Léon. Il nous a montré des photos de toi. Ta mère lui rendait souvent visite à l'époque. C'est vraiment malheureux ce qui lui arrive.

— A ma mère ?

— N'en parlons pas, ce n'est certainement pas une histoire que tu apprécies entendre.

Bien au contraire ! Depuis le début, tout ce que l'on s'accordait à me révéler était que mes parents avaient commis un crime et qu'ils étaient recherchés par la Justice des sorcières. Mais chacun se refusait, pour une raison ou pour une autre, de m'en apprendre davantage.

La vieille dame se mit à plier du papier avant de tendre la main vers le jolie petit oiseau ainsi créé.

— La magie nous entoure, sauvage, indomptable et imprévisible. Pour une sorcière, il devient parfois nécessaire d'user d'une baguette magique.

Soudain, l'origami s'anima, ses ailes se mettant à battre et l'oiseau de papier s'envolant.

— Mais lorsque tu es capable de voir la magie, alors tout devient possible, même sans l'aide d'un quelconque outils.

L'oiseau se reposa.

— A ton tour.

— Je ne sais pas comment faire.

Je ne connaissais pas la formule ni le geste. Pourtant, la vieille femme ne semblait pas en avoir besoin.

— Ne cherche pas de pouvoir dans les mots. La magie n'a pas besoin de sort pour exister. Tu es une sorcière, tu as ça en toi.

Habentis Maleficia | Tome 1 - Sweet DreamsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant