Quelque chose d'horrible est sur le point de se produire ! C'est ce dont est persuadée Satty, hantée par l'horrible cauchemar qu'elle fait de plus en plus souvent. Celui-ci est toujours annonciateur d'une journée pleine de malchance. Tout le monde s...
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Elle essaya d'éviter de penser à la mort de ses parents pour se donner le courage nécessaire de poursuivre. Ses recherches avaient été quelque peu infructueuses. Elle avait pourtant fouillé partout dans les moindres recoins de la maison, et n'avait récolté aucun indice probant.
Elle avait cependant pu sauver la moitié d'une photo du feu, une de celles que les ravisseurs avaient pris soin de brûler. La seule chose qu'elle pouvait en voir était un homme grand et séduisant, d'une quarantaine d'années, les yeux bleus-gris et les cheveux poivre et sel taillés courts. Il avait un sourire radieux et paraissait être une personne agréable, il avait cependant une baguette magique dans la main droite ! Un sorcier, se dit Satty, pourtant pensa-t-elle, il n'avait pas l'air méchant ! Agrippée à la jambe de l'homme se tenait une petite fille aux cheveux bruns-cuivre, elle devait avoir dans les six ans mais on ne voyait pas son visage car elle l'avait caché sous la chemise du sorcier. La petite fille paraissait effrayée par un petit garçon d'environ huit ans qui faisait des grimaces dans sa direction ; au-dessus de lui se trouvait un autre magicien maintenant une baguette mais on ne voyait pas son visage car le feu en avait brûlé toute cette partie. Qui était donc ces magiciens ? Son père ne lui avait-il pas dit qu'il les détestait tous ? Dans ce cas-là, pourquoi garder la photo de l'un d'entre eux et qui étaient ces enfants ? Elle n'en avait pas la moindre idée. Elle entreprit de retourner les cendres dans le foyer mais elle constata dépitée qu'il n'y ait plus rien à sauver. Elle chercha tout de même dans les autres pièces de la maison, à défaut de trouver des indices elle trouva de l'argent. Elle réussit à rassembler la somme de 5300 joyaux d'or. C'était un bon début, avec cet argent elle pourrait peut-être aller jusqu'aux royaumes du nord, bien que l'idée de vivre dans les zones polaires ne l'enchantait guère. Avec cette somme, elle aurait peut-être assez d'argent pour subvenir à ses besoins pendant six mois ! (Ce n'était pas beaucoup mais c'était un bon début). Comme elle avait peu d'espoir de trouver d'autres informations, elle entreprit de faire son sac, y plaça de la nourriture pour la route, des habits, un livre, des cartes du nord et un cadre qui représentait sa famille quand elle était encore au complet. Puis, elle retourna dans sa chambre pour prendre deux ou trois choses qu'elle avait oublié et pour dire adieu une fois pour toutes à la maison de son enfance, elle fit un dernier tour des lieux. Alors qu'elle gravissait les marches, une idée lui traversa l'esprit et elle dévala l'escalier dans l'autre sens. Cette idée était peut-être saugrenue et ne porterait sans doute pas ses fruits, mais il fallait qu'elle vérifie quelque chose, histoire d'en avoir le cœur net.
Il y a très longtemps de cela, du temps où son petit frère l'agaçait encore, elle avait découvert une cachette dans le rond qui fermait la rampe de l'escalier. On pouvait dévisser la boule dorée et un petit espace cylindrique s'y trouvait assez grand pour qu'elle en fasse sa cachette officielle. Elle y cachait alors son journal intime, et plein de petits objets comme des billes et des trombones qui étaient à cette époque ses trésors. Dans ce journal, elle racontait ses joies et ses peines et déjà à l'époque, elle exprimait son sentiment d'abandon et sa jalousie envers son frère. Elle était persuadée que ses parents l'aimaient moins que lui et en particulier son père, car celui-ci, passait tout son temps libre à jouer à divers sports avec lui mais sa présence n'était jamais admise. Le reste du temps quand Satty essayait de lui parler et de faire des choses en sa compagnie, il disait être trop pris par son travail et n'avait jamais aucun moment à lui accorder ! De plus, comme elle était l'aînée, ses parents la sollicitaient toujours pour diverses tâches dans la maison dont la principale était de garder son petit frère. Alors que seulement deux ans les séparaient, ses parents leur avaient donné une éducation différente et tel un enfant roi son frère n'avait jamais eu à faire quoi que ce soit. C'était à l'époque à ses yeux une injustice et cela fit naître un sentiment d'infériorité et l'idée selon laquelle ses parents préféraient son cadet.
Or un jour, alors qu'elle avait noirci une des pages de son journal intime de ses rancœurs quotidiennes, son père l'avait observée le repositionner dans sa cachette, et comme il était d'une nature très curieuse, il n'avait pu s'empêcher de le lire. Pire, il avait pris l'initiative de répondre à son dernier message. Les quelques lignes qu'il y avait ajoutées disaient qu'il était très fier d'elle, qu'il aimait ses enfants de la même façon, mais qu'il savait aussi, combien, elle était mûre et réfléchie pour son âge et qu'il avait tendance à oublier qu'elle n'était qu'une enfant. Qu'à l'avenir, il essaierait de faire plus attention et que si elle le voulait bien, cette cachette serait leur secret et qu'il n'en révélerait l'existence à personne. A la page suivante, Satty s'était contentée d'écrire « C'est d'accord ! » et depuis ce jour, ils avaient correspondu de cette manière. Puis, après la disparition de Pierre, les choses avaient peu à peu changé et ils avaient fini par ne plus s'écrire et par ne plus utiliser cette cachette. C'était une drôle de chose, pensa-elle avec du recul, son père avait tant de mal à exprimer ses sentiments, qu'il n'arrivait à le faire que par écrit !
Satty se rendit donc au bas de l'escalier, tous ses souvenirs en mémoire. Son père avait sûrement oublié cette histoire, d'ailleurs elle avait failli partir sans regarder là. Mais, une chose en elle lui disait que s'il avait pris soin de l'éloigner de la maison, peut-être avait-il pris aussi soin de lui laisser un message pour lui expliquer plus en détails la situation ainsi que la marche à suivre pour les prochains jours. Si un tel papier existait, alors la cachette sous l'escalier serait un endroit idéal pour lui transmettre un message en s'assurant ainsi qu'elle seule pourrait le lire.
En effet, elle avait deviné juste, car aumilieu de la cachette se trouvait un papier jauni enroulé sur lui-même...
