Quelque chose d'horrible est sur le point de se produire ! C'est ce dont est persuadée Satty, hantée par l'horrible cauchemar qu'elle fait de plus en plus souvent. Celui-ci est toujours annonciateur d'une journée pleine de malchance. Tout le monde s...
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Satty avait été secouée par son entrevue avec le Professeur Smitche et elle avait passé le reste de la journée en proie aux doutes et aux questionnements. Comme prévu, elle rejoignit Zélie au réfectoire à midi et demie. Avant cela, elle s'était rendue à la bibliothèque pour commencer à y écrire son discours. Elle qui pourtant était si douée pour l'écriture ne parvenait cependant pas en écrire une ligne. Une partie en elle, était excitée et fière d'avoir reçu un tel honneur mais une autre, pensait qu'elle n'en avait pas la légitimité et que c'est bien Anatole qui aurait dû se trouver à sa place. Elle finit par conclure avant de devenir folle qu'Anatole ne pouvant lui-même faire ce discours, il serait heureux d'apprendre que c'est à elle, son amie, qu'on en avait confié la tâche. Sa première demi-heure se résuma donc à rêvasser tout en faisant des gribouillis sur son cahier. Elle finit par se persuader qu'au moment venu elle improviserait un super discours, emportée par la foule, avant de se rappeler qu'elle devait remettre ses écrits à Monsieur Smitche dès vendredi. Comme elle ne voulait surtout pas lui donner des raisons de la garder une fois de plus dans son bureau, elle se remit à écrire. Du moins elle essaya, mais face à si peu d'inspiration, elle se dit que celle-ci pourrait sûrement venir pendant qu'elle lirait un bon livre. Elle passa donc cinq minutes à arpenter les rayons, trouva son bonheur et se cala dans un fauteuil moelleux avant de commencer sa lecture. Ce n'était certes pas là la meilleure idée qu'elle eut eue (car disons-nous le bien, un discours ne s'écrit pas tout seul !) mais faute de mieux, elle ne perdit pas son temps. Elle venait de finir une nouvelle et était prête à en commencer une deuxième, quand elle remarqua l'heure. Zélie devait sûrement déjà l'attendre, comme toujours !
Comme Zélie l'avait dit, le repas fut excellent (comme toujours) et comme Satty l'avait prédit, son amie ne remarqua même pas son vague à l'âme, trop occupée à penser à elle (comme toujours aussi) et dans le cas présent, à sa nouvelle robe et aux innovations qu'elle comptait y apporter. Satty l'écouta à peine se contentant de triturer sa nourriture car elle n'avait pas faim. Ce que lui avait dit Monsieur Smitche la préoccupait un peu trop à son goût car elle était dans tous ses états. Quand elle repensait à la décision qu'elle devrait sans aucun doute prendre, et ce très prochainement, un nœud lui nouait l'estomac. Elle regrettait que cette conversation ait eu lieu aujourd'hui, mais se dit que comme c'était un jour maudit il n'en aurait pu être autrement. Pour finir, elle se résigna et décida de ne plus y penser, on verrait bien le moment venu, sans doute la solution lui sauterait-elle aux yeux d'elle-même ! (Ou pas... ce genre de chose arrivait très rarement, en général tôt ou tard on devait trancher ! Mais une part d'elle-même préféra écarter cette évidence.)
Quand le repas fut fini, les deux amies se séparèrent. Pour la fête de l'école Zélie avait prévu d'organiser avec des amies un défilé de mode en faveur d'une association. Elle avait donc encore quelques derniers coups de fil à passer et elle devrait ensuite rendre une visite surprise au styliste qu'elle avait engagé afin de s'assurer qu'il suivait ses directives à la lettre. Quant à Satty, avec son club de théâtre, ils avaient décidé de créer une pièce commémorative en l'honneur de Sir James Arthur Lancaster le fondateur émérite de leur école, qui s'était si souvent illustré dans le maintien de l'excellence. Certes la pièce était pompeuse et passablement ennuyeuse, mais au moins Satty se consolait dans le fait d'avoir obtenu l'un des rôles principaux.
